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Il y a beaucoup de monde.
Les gens se bousculent sur les trottoirs, au milieu de centaines de magasins. Pleins de couleurs, de lumières, de néons, de publicités. Du bruit, de la musique, des cris, des rires, des pleurs, des klaxons, des pas sur le sol.
J'avance au rythme, je me perds entre tout. Tous ces bruits, toutes ces images. Je me promène sans but.

Je ne sais pas où je vais, je ne sais pas où je suis, je ne sais même pas d'où je viens, ni comment je suis arrivée là.
Je n'ai pas de souvenir.
Je ne pense pas.
J'ai l'esprit vide.
Je vis l'instant présent uniquement.

On me bouscule à plusieurs reprises. Je n'y prête pas attention. Jusqu'à ce qu'elle me bouscule. Elle.
Je m'arrête, me retourne. Elle continue sa course, se retourne juste brièvement pour me lancer un regard brûlant de défi et un sourire en coin.
Que veut-elle ? Pourquoi moi ? Qu'est-ce que cela signifie ?
Comme un automate, je commence à la suivre avant de la perdre du regard, suivant mon instinct, cherchant des réponses à mes questions. J'accélère, me faufile adroitement dans la foule. Plus j'avance, plus il y a de monde. Les gens semblent tous aller dans le sens inverse au mien. Mais je ne la quitte pas des yeux. Elle m'hypnotise. M'intrigue comme rien ni personne ne m'a jamais intrigué avant.
Je dois l'atteindre.

Elle tourne à droite, il n'y a plus personne sur le trottoir. Juste nous. Moi, et elle, a seulement une dizaine de mètre. Elle ne cesse d'avancer, je ne m'arrête pas non plus.
En face, une route à six voies sépare la rue du trottoir d'en face. Elle arrive au bord du trottoir, et ralentit. J'accélère.

Alors que le nombre de pas entre nous diminue à vue d'œil, elle se retourne vers moi. Seuls quelques centimètres nous sépare, je n'ai qu'à tendre la main pour l'atteindre.
Mes yeux croisent les siens. Elle a les yeux gris. Un gris presque blanc.

Une larme glisse sur sa joue. Puis elle commence à reculer. Je veux la retenir, je le veux de toute mon âme, de tout mon être, mais rien à faire, je ne bouge pas.
Elle descend du trottoir, et marche à reculons sur la route. Ma bouche s'ouvre, mais rien n'en sort, pas une phrase, pas un mot, pas un bruit, pas un son. Je ne peux que la regarder.

Mon cœur se sert quand j'aperçois la voiture qui va causer l'irréparable.
J'ai mal. Une douleur immatérielle m'appuie sur la poitrine.Des larmes recouvrent ses joues. Elle sait tout comme moi ce qui l'attend.
La voiture approche à toute allure. Je ferme les yeux à contre cœur, préférant garder une belle image de son visage.

Le long bruit du klaxon retentit jusqu'à mes oreilles.
Et c'est le choc. Le bruit de ses os qui se fracassent résonne dans ma tête. Je ferme les yeux encore plus fort, et sers les poings.
Puis plus rien.
C'est le vide.

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>SBF<

Songe éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant