Quand tout se calme un peu, je remonte miraculeusement à la surface, en inspirant un grand coup, hors d'haleine. Je suis à nouveau dans cette mer agitée. Pourquoi ne suis-je pas mort ? J'aurais dû me noyer, c'est invraisemblable. Alors que je me remets plus ou moins de mes émotions, j'entends quelqu'un chanter qui s'approche.
« Oooh, je suis matelot, je le dis bien haut, je ne suis content, que sur l'océan ... »
Impossible, ce n'est pas réel. Que m'arrive-t-il ? La scène qui se déroule sous mes yeux est insensée. Un gros dodo en veston est assis sur les pattes d'un pélican, tandis qu'un perroquet les pousse. Mais ce n'est pas n'importe quel dodo. C'est LE dodo. Celui du pays des merveilles.
Tout en continuant de chanter, ils passent tous trois à côté de moi, comme si je n'étais pas là. Stupéfait, je n'ose pas crier un seul mot. Je reste bouche bée, et une nouvelle vague me prend par surprise.J'entre dans la galerie marchande d'un supermarché. Le sol est fait de dalle blanche. Je marche lentement en admirant les vitrines des différents magasins. L'un d'eux m'attire. Je m'arrête devant les portes automatiques, qui s'ouvrent. C'est une mercerie. J'entre, et regarde ce qui est exposé sur les premières tables et étagères. J'y vois différents patrons de robes de bal. Alors que je tourne les pages d'un cahier rempli de notes intrigantes, une voix me surprend.
« Oh, vous êtes là ! Vite, approchez mon enfant. Il n'y a plus de temps à perdre, le bal à déjà commencé.
C'est une vieille dame un peu ronde, et plutôt petite qui me fait face. Elle glousse en me voyant de marbre, ne sachant que dire.
- Ne sois pas si timide ! Allez allez, approche, laquelle est-ce que tu souhaites porter ?
Elle saisit le livre que je feuilletais quelques secondes auparavant, et tourne les pages à une vitesse phénoménale en s'arrêtant parfois sur certains modèles, puis elle me regarde, réfléchit quelques instants, puis retourne les pages, et ceux jusqu'à arriver à une page où se trouve un dessin sublime. Elle baisse les lunettes qui étaient posées sur le haut de sa tête sur son nez, et me fixe quelques secondes.
- C'est celle-ci ? J'ai raison ?
Ne sachant toujours que dire, je regarde à nouveau le dessin. C'est une robe d'un blanc cassé légèrement gris et un peu transparent. Elle est très longue, et arrive parfaitement au sol. La jupe évasée est parsemée de jolies motifs en dentelle, et se ressert à la taille, tandis que les manches s'arrêtent juste avant les coudes, et le décolleté en V dans le dos se finit à la taille.
Je regarde la vieille dame dans les yeux. Elle me sourit.- Très bien, ne m'en dis pas plus, j'ai compris, c'est bien celle-ci. Surtout, ne bouge pas.
Elle arrache la page d'un coup, pose sa main dessus, et ferme les yeux, l'ai concentré. Puis lorsqu'elle rouvre les yeux, elle apporte la feuille à sa bouche, et souffle sur le dessin dans ma direction. Ce qu'il me semble être une fine poussière m'arrive dessus en pleine figure. Je me frotte les yeux.
- Tu as très bon goût ! Regarde-toi, n'est-elle pas sublime ?
Je me retourne. La vieille dame est juste derrière moi, les mains jointent, elle m'admire avec des étoiles dans les yeux. Je me regarde dans le miroir à sa droite. Je porte la robe du dessin. Et en effet, elle est vraiment très jolie, elle me va parfaitement, c'est comme si on me l'avait cousu sur mesure.
- Bon, plus une seconde à perdre, tu es prête. »
Elle me saisit la main, et m'entraîne vers de hauts rideaux violets.
>SBF<