Première garde - Clément

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Je pose ma tasse vide dans l'évier près de la fenêtre, créant un suspense qui n'a pas lieu d'être, mais qui me permet de garder une attitude neutre. Je me rapproche du bar et m'y accoude. Manon me rejoint à son tour tandis que Faustine nous suit des yeux, patientant jusqu'à ce que je sois prêt à m'expliquer. Je dois bien pouvoir le faire. Plein de gens se laissent tenter, ça ne doit pas être si horrible que ça en a l'air.

— Je crois qu'il me faut un... non, désolé, je ne peux pas appeler ça un plan cul, c'est déjà assez triste que j'en arrive là. Disons un camarade de jeu ? Arf, c'est encore pire, secoué-je la tête. Un libérateur de stress ? Un bienfaiteur occasionnel ? Merde, c'est nul. Bon, on a qu'à parler d'un plan de secours, ok ?

— Un plan... de secours ?

— Clem, tu es sûr de toi ? s'inquiète Manon, sceptique. T'as pas l'air hyper convaincu.

— C'est la seule solution, haussé-je les épaules. Et puis, vous avez raison, je ne vais pas rester abstinent jusqu'à mes trente ans, c'est complètement con. Quitte à se faire plaisir, autant que ce soit maintenant, avant la nouvelle année. Parce que je vous préviens, ça risque d'être compliqué après ça. Entre les cours, les révisions et mon nouveau stage, je n'aurais plus le temps pour rien d'autre.

Une moue dubitative éclaire le visage de Manon. Cependant, je me concentre sur Faustine qui se lève pour venir devant moi. C'est elle la pro en matière de séduction. Je pivote lorsqu'elle attrape mon bras, m'analysant des pieds à la tête comme si elle scannait un produit à vendre.

— Déjà, il va falloir abandonner l'idée de s'engager sérieusement avec quelqu'un, et commencer à penser court terme. Ensuite, avec ta personnalité directe, j'imagine que tu vas avoir du mal à faire dans la subtilité, mais je crois avoir de quoi travailler avec toi. T'as un petit côté innocent qu'on peut exploiter pour le faire ressortir. Rien de bien méchant, juste de quoi gommer ta langue acérée. Quoi que ça pourrait te donner un genre. Les gens aiment bien les bad boys. T'en penses quoi, Pops ?

Dans quoi suis-je en train de me lancer moi ? Je n'ai absolument rien d'un bad boy. Qui peut être attiré par ce genre d'homme présomptueux qui finit par vous faire souffrir, franchement ? Même si Jules a agi comme un abruti lors de notre rupture, il n'en reste pas moins qu'il est une personne aimante et drôle.

J'observe mes deux colocataires d'un œil apeuré. Si Manon avait l'air réticente deux minutes auparavant, elle semble désormais avoir changé de cap et me tourne autour en m'examinant de la même façon que Faustine.

— Le coup du bad boy, ça ne marchera jamais, statue-t-elle, pour mon plus grand plaisir. Il est trop gentil. Mais bon, si tu veux mon avis, Clem est très bien comme il est, avec ses défauts.

— Merci, grommelé-je.

Elle me pince le bras.

— Et ses qualités, termine-t-elle. Trop de changement risque de le desservir, en plus.

— Ok, concède Faust. Juste un look plus mystérieux alors ? Pour faire ressortir ses fossettes.

— Pourquoi pas ? Je pense qu'il faut surtout le préparer un peu à ce qui peut arriver.

— Les filles, je suis un grand garçon, je sais ce qui peut arriver, me renfrogné-je, croisant les bras sur la poitrine. Je ne suis pas un moine non plus.

— Tu n'as même pas idée de la jungle que c'est dehors, rétorque Manon. Tu vas te faire dévorer si tu n'es pas préparé correctement. Avant de rencontrer Max, je suis tombée sur des mecs... Je préfère ne même pas en parler, ils me filent encore des frissons.

Sur nos gardes [Édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant