Chapitre 1

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Je sentais l'eau qui me léchait le bout des pieds. Je sentais le sable sous mes mains et ma joue. Le soleil me brûlait le dos et la nuque mais je m'en foutais. Mes yeux étaient fermés depuis un certain temps maintenant, je n'avais aucune envie de les rouvrir. J'étais bien. Mais petit à petit le rêve dans lequel j'étais plongée se transforma en un cauchemar. J'avais soif, tellement soif. Mes lèvres étaient si gercées qu'elles me faisaient mal, ma bouche était sèche et avaler était devenu un défi. Après la douleur ce fut au tour des images de revenir me hanter. Je me rappelle maintenant, mon bateau avait coulé. J'étais avec toute ma famille, ma mère, mon père et mon petit frère. On avait sombré et je les avais perdus de vue.

J'ouvris les yeux d'un coup. Prise d'une montée d'adrénaline je me levai. Le mouvement brusque m'arracha une grimace. Mon dos était brûlé par le soleil et mes jambes mutilées par le sable et le sel de la mer. Je mis une main devant mon visage pour ne pas être aveuglée par la luminosité. Je regardai autour de moi et le paysage me coupa le souffle. Si bien que pendant un instant j'oubliai pourquoi j'étais là. C'était une île paradisiaque. Le sable était blanc et fin, il était parsemé de coquillages, certains plus grands que les autres. À quelques mètres de moi on pouvait observer une magnifique forêt d'arbres exotiques dont des manguiers et des cocotiers. Le peu d'herbe qui tapissait le sol était si verte qu'on aurait pu croire qu'elle était fausse. Cette forêt cachait certainement de l'eau pure. Cette pensée me rappela combien j'avais soif. Je tournai la tête vers l'océan. Les vagues venaient s'écraser contre le sable et les pierres en faisant éjecter leurs écumes blanches qui disparaissaient dans le ciel. C'était une destination de rêve pour les vacances. Beaucoup de gens payeraient une fortune pour venir se prélasser ici une semaine ou deux. Mais pas moi. Moi je me sentais seule, abandonnée, vide, assoiffée, je voulais rentrer chez moi. J'avais soif. Il fallait que je trouve de l'eau. C'était pour ma survie.

Je voulu me précipiter vers la forêt mais mes jambes n'avaient plus de force alors je trébuchai et me rattrapai avec mes mains. Les larmes me montèrent aux yeux mais je refusai de les laisser tomber. Je me redressai et cracha le peu de sable que j'avais dans la bouche et me mis à marcher vers elle. Quand l'ombre des arbres m'enveloppa je poussai un soupire de soulagement. Mon dos était un peu soulagé. Je me mis donc à chercher de l'eau pure tout en faisant une rapide introspection pour être sûre que je me souvienne de tout et que ma mémoire ne me fasse pas défaut.

le naufrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant