012 : Le Casse-Tête

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A la fin des quinze minutes imparties, Ophélie et Thorn étaient fin prêts pour une nouvelle journée de pure folie et se tenaient devant la porte du quartier général, attendant le retour de Patience et Archibald. C'est celui ci qui arriva le premier, souriant, sobre, en forme et toujours aussi mal habillé. Il exécuta une parodie de révérence en guise de salut, et Ophélie sentit le niveau d'agacement de son compagnon d'infortune monter d'un cran.

- Ah, je vois que vous avez fait vite ! s'exclama Archibald. Alors, comment se porte le couple le plus populaire de la capitale ?

- Je vous en prie ne commencez pas, soupira Ophélie.

- Oh, mauvaise nuit ?

- Pas vraiment, disons plutôt qu'un incapable dont l'identité restera toujours un mystère est venu cogné violemment à notre porte ce matin alors que nous étions à peine réveillés.

- Quel manque affligeant de manières.

Ophélie passa à un cheveu d'utiliser ses griffes pour lui faire ravaler son air goguenard d'une petite gifle amicale, mais heureusement pour elle et surtout pour lui Patience arriva à ce moment précis, l'air déjà exténuée alors que la journée avait à peine commencé.

- Vous êtes là, parfait, fit-elle. Les recherches ont déjà commencées et tous les suspects sont réunis dans le même salon qu'hier soir. Nous attendons des nouvelles. Oh et hum, le majordome a demandé à vous parler en privé, Ophélie. Il a refusé de me dire à quel sujet. Pensez vous qu'il a pu vous voir hier soir ?

- Non, j'étais hors de vue et je suis partie avant qu'ils puissent me repérer.

- Alors je pense que vous devriez le recevoir. Qui sait quelles informations il pourrait vous révéler.

- Oui, vous avez raison. Je vais faire ça tout de suite. Laissez moi le bureau un moment.

- Je pense que nous allons encore nous mêler aux suspects le temps que la fouille avance, prenez le temps qu'il faudra.

Ophélie acquiesça, non sans une pointe d'inquiétude. Elle n'avait sincèrement aucune idée de pourquoi le majordome voudrait lui parler, mais elle espérait de toutes ses forces qu'elle ne s'était pas trompée, car d'expérience les majordomes pouvaient se montrer fort meurtriers lorsqu'on les poussait dans leurs retranchements.

Le petit groupe se rendit donc au même salon que la veille, avec des niveaux très variés de motivation. Les suspects étaient assis selon les mêmes groupes et aux mêmes tables, ce qui donnait le sentiment étrange qu'ils n'avaient pas bougé depuis hier soir. Ophélie repensa à son rêve et frissonna. Les enquêteurs furent accueillis avec politesse, mais sans plus. Archibald salua chacun d'entre eux individuellement. Comment faisait-il pour garder une telle bonne humeur ? La question flotta dans l'esprit de l'animiste jusqu'à ce qu'elle secoue la tête et se concentre sur ce pour quoi elle était là. Elle s'approcha du groupe des Mirages et salua poliment les trois nobles avant de se tourner vers le majordome.

- M Gilles, Mlle l'ambassadrice a dit que vous souhaitiez me parler ?

- Oh, oui, oui en effet c'est ce que j'ai demandé, dit-il, quelque peu embarrassé qu'on s'adresse à lui plutôt qu'à son employeuse.

- Dans ce cas suivez moi, vous pourrez tout me raconter sans crainte d'être entendu.

La jeune femme le fit sortir du salon et le guida jusqu'au quartier général, où elle le fit entrer et l'invita à s'asseoir. Il semblait profondément mal à l'aise. Était-ce d'être traité sans distinction d'un aristocrate, ou était-ce la peur que quelqu'un le blâme pour ce qu'il allait dire ? Impossible de le savoir pour le moment, mais elle allait bientôt le découvrir. Ophélie s'assit en face de lui, derrière le bureau, et posa devant elle la broche qui avait servi de détecteur de mensonges à l'interrogatoire.

Les Cryptides de la Cour - Arc 1 (Fanfiction La Passe-Miroir)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant