Chapitre 3: Phobos

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Le lendemain, Nadia me réveille tôt. Le soleil se lève à peine et je m'extirpe de mon lit à grande peine.

- Tu as cours de défense petite tornade. Je t'amène ton petit-déjeuner, prépare toi.

Je grogne et je file me chercher ma tenue de sport. J'enfile ma brassière et mon short. Certains se battent en armure, pour moi cette tenue est synonyme de sang et de coup. Cela achève de me réveiller et me met de bonne humeur. Nouchka arrive avec mon chocolat chaud et mes tartines et je dévore le tout. J'enfile mes baskets et me voilà partie. Je n'ai pas du sang tacheté pour rien et le surnom de petite tornade se mérite, c'est donc en courant que je me rend à la salle d'entrainement. Elle se situe à l'autre bout du château, mais je suis vraiment très rapide en course. D'ailleurs, tous les habitants du château se poussent lorsqu'ils m'entendent arriver et me libèrent les couloirs. Après quelques jambes cassées, les courtisans et les domestiques ont vite appris qu'il ne vaut mieux pas me barrer le chemin lorsque je cours. Après un dernier virage, je m'arrête et reprend mon souffle. Laureen, ma professeure de combat m'attend. Elle se met aussitôt en position, prête à se battre sans dire un mot. Pas de politesses inutiles, pas de discours vides de sens. Seulement de l'action, de la sueur et des coups. Laureen a étudié tous les sports de combat qui existent et me les as tous appris. Désormais, nos combats ressemblent à de longues heures de luttes qui forment un ballet que nous seules connaissons. Les coups pleuvent, nous enchainons lutte, escrime, boxe, capoeira, un peu de karaté et des prises de judos. Laureen est métamorphe, elle est donc capable de moduler son corps selon ses envies. Aujourd'hui, elle a adopté la corpulence d'un homme plus large que haut. Les métamorphes adoptent les caractéristiques des corps qu'ils prennent, je peine donc à parer ses coups qui sont beaucoup plus forts que d'habitude. Cela a pourtant le mérite de me défouler. Je me jette corps et âme dans le combat. Lorsque Laureen annonce enfin la fin du cours, je suis épuisée et fourbue mais je me sens calme et prête à rencontrer mon deuxième prétendant.

- J'ai vu avec tes autres professeurs, durant tout le temps où tu rencontreras tes prétendants, tu peux venir te défouler chaque matin avec moi. J'ai pensé que ça te serais plus bénéfique qu'un cours de stratégie ou de politique.

Je lui offre mon plus merveilleux sourire et attrape ma serviette pour m'éponger le front.

- Pour la survie des candidats, je pense que c'est une merveilleuse idée.

Elle rigole et me tend une bouteille d'eau. Je me dirige ensuite vers ma chambre, plus calmement qu'à l'aller. Le château est immense et interminable. Les souverains qui se sont succédés au cours de l'histoire ont tous entrepris des travaux de rénovation différents. De la partie en pierre, sombre et antique, il ne reste plus grand-chose. De nouvelles pierres ont été posées partout et on a aménagé de grandes ouvertures dans les couloirs. Le palais n'est pas dépourvu de protection, mais les rois et reines se sont mis d'accord sur le fait qu'avoir une fenêtre ou un mur nu ne changeait presque rien si le château était attaqué. De magnifiques baies vitrées et terrasses avaient donc vu le jour un peu partout dans le château. Cela fait plusieurs générations que le marbre est de mise et donc de grandes colonnes ont poussé et le sol s'est couvert de ce matériau. Cela donne une allure un peu orientale et moderne au palais et j'adore ça. Ma suite est dans une aile du palais à côté de celle de mon père. J'ai une piscine privée, des masseurs à disposition et tout un tas de choses dont je me sers rarement. J'entre dans ma suite et me douche rapidement. L'eau chaude et les jets masseurs ont raison des derniers nœuds de mes épaules. Je m'habille plus ou moins comme la veille et me dirige vers l'entrée du château. Je ne sais pas à quoi m'attendre puisque je n'ai toujours pas lu la brochure explicative que mon père m'a fait parvenir, sur laquelle figure le règlement des jeux et une présentation des candidats. Je préfère me faire mon propre avis. Lorsque j'arrive dans le hall d'accueil, je vois un homme fin et sec s'incliner. Il est brun et sa peau est immaculée. Je le flair discrètement et fronce le nez. Les vampires ont toujours une légère odeur de sang à laquelle je ne parviens pas à m'habituer.

- Votre altesse, c'est un plaisir de vous rencontrer. Je me nomme Phobos et je suis votre deuxième prétendant.

- Bonjour Phobos. Tu peux te relever. C'est un plaisir de te rencontrer.

Lorsqu'il se redresse, je croise enfin son regard et j'ai un mouvement de recul involontaire. Ses yeux sont noirs et son visage sévère. Il observe son environnement avec convoitise.

- Où souhaites-tu aller ?

- Si votre altesse le permet, j'adorerai visiter le palais.

Comme par hasard... Je passe devant lui en lui faisant signe de me suivre. Je m'improvise guide touristique et lui fait visiter les innombrables salles du palais. Ses yeux brûlent d'envie et à plusieurs reprises je vois une lueur malsaine les animer. Il est très poli et sa voix ne laisse rien transparaitre. Malheureusement pour lui, je ne regarde rien d'autre que les yeux chez quelqu'un. On peut dissimuler ce que l'on veut, mais les yeux ne mentent jamais. Ne sont-ils pas les miroirs de l'âme ? Phobos ne me pose aucune question personnelle et je l'imite. Nos échanges restent purement artificiels. Je déteste ça. Je m'ennuie ferme et je me surprends à repenser à Malik. Je jette un coup d'œil à mon partenaire. Il est en train de baver devant une fontaine entièrement faite en or. Je soupire.

- Phobos.

- Mmm.

- Phobos !

- Oui, excusez moi votre altesse.

- Je ne me sens pas bien, je suis un peu barbouillée. Je te laisse finir l'exploration, tu sauras retrouver la sortie tout seul ?

- Aucun soucis votre altesse.

Je me retourne et me laisse aller à sourire. J'ai utilisé un ton relativement insultant mais il me fait tellement penser à un enfant capricieux que je n'ai pas pu me retenir. Je renvoi les caméras qui ont filmé notre rencontre et je leur fait comprendre qu'il n'y aura pas d'autre scoop. Je me dirige finalement vers le bureau de mon père. Je frappe avant d'entrer et je vais le rejoindre dans le petit salon de cuir qui jouxte ses bibliothèques.

- Alors ma chérie, comment se passe tes rencontres avec les candidats?

- Mitigée. Le premier est gentil, mais le vampire est exécrable. Il est avide de pouvoir et je ne suis qu'un moyen pour y parvenir pour lui. Je suis persuadée qu'il ne connait même pas mon prénom.

- Il faudra que tu te méfies de cela, il ne seras probablement pas le seul. Toutefois, les épreuves sont là justement pour les éliminer. Du moins les premières. Tu n'as pas le droit de rencontrer l'organisateur des épreuves dont l'idetnitée reste secrète par soucis d'équité, mais Tim est chargé d'être ton porte-parole auprès de lui. Tu peux donc lui faire part des épreuves que tu souhaites aménager.

- J'ai quelques idées.

Mon sourire diabolique fait rire mon père qui appelle Tim afin que nous puissions régler les détails des épreuves. Je me sens plus légère maintenant que je sais à quelle sauce je vais les manger. En parlant de nourriture, je me rue dans ma chambre une fois l'entretient terminé afin de reproduire ma petite soirée plateau télé de la veille. Vu l'après-midi rébarbative que je viens de passer, je mérite au moins ça ! Comme la veille, j'envoie un message à Lucas, mon meilleur ami afin de lui raconter mes aventures. Il m'a semblé un peu distant ces derniers jours et ce soir ne fait pas exception. J'ai le droit à un émoticône et un message de bonne nuit. Je soupire, me promettant de le confronter dès que j'en aurais fini avec mes prétendants.

L'épreuve du Choix de LilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant