Corps

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Ninon: Les cowboys fringants -l'horloge
Paloma: Sarah Mélina Zermoun -lemhibba''k


Ninon.

A l'aube, il geint en se trémoussant comme un ver,

Ses petites mains se serrent et brassent l'air,

Ses jolis yeux s'ouvrent sur un monde assoupi,

Que retient-on vraiment du premier jour de vie ?

Quand le soleil culmine proche du Zénith,

L'enfant, joueur, défie toutes les limites,

Mais, qui peut lui reprocher, fort de ses vingt ans,

De vouloir surmonter les contraintes du temps ?

Déjà l'astre décroît dans un ciel coloré,

Les feuilles tombent tôt en cette fin d'été,

Le corps frêle en ses dernières années tremble,

De gestes lents, ses souvenirs, il rassemble,

Ivre de vie à s'en faire exploser le cœur,

C'est tranquille qu'il attend sa dernière heure.


Paloma.

Le compteur bat, l'essence artérielle pompe le sang. Ballotée par le vent du nord, je m'arrête. Ce que je fais -et je vais vous le dire : j'allume une Camel. Rien ne sert de courir, le temps s'est arrêté. Devant moi, la lumière se recueille, et plus loin, la sagesse d'un corps grandi.

Je fais l'auto-stoppeuse sur ces dunes de désert. La terre semble aride et stérile. Devant moi, il y a juste ces kilomètres de sables. Des kilomètres et des kilomètres de sable. Sécheresse du matin, pluie diluvienne du soir.

Alors, je continue ma route. Le vent a dessiné de fins sillons sur ces collines de sable. Des zèbres galopent laissant derrière eux des zébrures argentées.

Le chemin est sinueux, je tombe sur des cratères. J'ai soif. Combien de kilomètre avant d'atteindre la ville ? Je tombe sur un puit étrange, au centre d'une plaine. Il est rond, petit et pourtant, il semble détenir tous les secrets, la vie. Je m'y penche. L'écho résonne. Mon cœur claque.

Terre du Caire. Sur la route des côtes, je distingue deux sphinx. Comme des grains de beautés parsemés au hasard sur ces kilomètres de goudron. Je laisse le chemin de droite pour emprunter celui de gauche. Il m'amènera vers les deux montagnes du grand Ouest et Est. Sur ces hauteurs, je peux voir le coucher de soleil. Sur ces montagnes se sont déposés des pétales de fleurs de cerisiers.

Je prends le tram Gare du Nord. Je pourrais faire le voyage de nuit. Trois heures du matin, dernier arrêt. Arête du nez. Je m'attarde sur cette nature beaucoup plus verdoyante. Il fait humide, la pluie déchire le ciel. Je m'arrête vers ces deux marécages couleur d'argile, qui semble retenir toutes les lumières cathédrales. Je m'y attarde jusqu'à distinguer ces deux abimes noirs. Comme deux éclats de charbon. Je rabats la capuche de mon anorak et sert mon sac à dos contre moi. Je ferme les yeux, et plonge la tête la première.

Je ne sens plus rien. Le voyage semble terminé. Le désert semble disparaitre et la sagesse, elle, s'étend.

Cendres de nénupharsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant