Prologue

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Une fine bruine tombait sur la ville, voilant l'horizon de rideaux gris perle qui dansaient au gré de la brise fraîche. Les édifices s'entassaient en une myriade de blocs métalliques et compactes, plongeant les rues dans la pénombre alors qu'elles étaient pourtant bien assez larges pour laisser passer six voitures côte à côte.


Bien que la lumière du jour diminuait inexorablement depuis maintenant plus d'une heure, le nombre de lueurs provenant des fenêtres des appartements était bien moindre qu'à l'habitude. Comme si les habitants étaient tous las et d'humeur maussade, se mettant au lit dès leur retour du travail. Comme s'ils étaient tous affectés par la basse voûte grisâtre qui semblait vouloir se refermer sur la ville, l'étouffant dans un étau invisible, immobilisant chacun de ses résidents et les vidant de leur énergie.


Cet étrange ressenti qui semblait atteindre l'humeur collective perdurait depuis le début de la journée. Chacun s'en plaignait, maugréait des insultes à voix basse, marchait à grandes enjambées, la tête basse, et ne souhaitait qu'une chose: que cette journée maudite se termine au plus vite afin de pouvoir enfin rentrer chez eux pour échapper à cette étrange sensation.


En périphérie de la ville, là où se profilaient les champs et les fermes, nul bruit, aussi subtil qu'il soit, ne venait troubler le silence. Des serpents de brumes à la morsure glaciale planaient au-dessus des terrains plats s'étirant à perte de vue. L'humidité d'un froid saisissant semblait avoir figé les herbes hautes dans une armure de frimas compacte qui donnait aux tiges une allure fantomatique dans le lointain. De-ci, de-là se dressaient les silhouettes de hauts silos et de granges à la peinture ternie par les intempéries.



                                                            *      *      *



Alors que toute forme de vie paraissait s'être repliée sur elle-même en attendant des temps plus cléments, un bruissement résonna dans le silence depuis l'arrière d'un bâtiment allongé: un corbeau d'une envergure remarquable s'était perché sur la branche noueuse d'un vieux chêne, à la hauteur d'une fenêtre recouverte de gouttelettes nacrées.


La façade obscure de ce même édifice et sa porte en bois massif faisait face à un maigre chemin de gravier cahoteux s'aventurant timidement à travers les quelques arbres qui l'encadraient. Les rares carreaux poussiéreux aux charnières rouillées que l'on pouvait entrapercevoir sur les côtés allongés donnaient un aspect mal entretenu de l'édifice. Pourtant, derrière les murs épais de pierres sombres régnait une ambiance apaisante.


L'intérieur, simplement aménagé, n'était chauffé que par un simple feu de cheminée, ce qui devenait de plus en plus rare avec l'urbanisation voisine. Pourtant, il ne faisait pas plus froid que dans n'importe quelle maison chauffée à l'électricité. De part et d'autre de cette cavité dans le mur se dressaient de hautes bibliothèques atteignant pratiquement le plafond. Leurs étagères étaient si chargées qu'elles se courbaient sous le poids des nombreux volumes qui s'y entassaient par centaines. Près du feu se tenaient des fauteuils de velours pourpres des plus confortables et juste derrière trônait une table, encore une fois faite de bois massif, aux pattes sculptées en forme de serres. Des jeunes y étaient attablés, ayant tous près de seize ans. Seule une jeune adolescente se démarquait des autres, ses traits démontrant son plus jeune âge. Quatre adultes y étaient également assis, tous ayant dépassé les cinquante ans.


Lorsque le repas fut terminé, chacun se leva, se dirigea vers l'escalier au fond à droite et monta à l'étage afin de rejoindre les dortoirs. Une demi-heure plus tard, les lumières s'éteignirent, chacun avait regagné son lit et les rideaux avaient été tirés, empêchant les dernières couleurs du jour de passer par les volets crasseux.


Alors que tous dormaient à poings fermés, que la nuit régnait en maître à l'extérieur et que la pluie avait cessé, l'oiseau au plumage de jais, estimant qu'il avait observé suffisamment longtemps, déploya ses larges ailes et s'éleva en quelques fractions de secondes, sans le moindre bruit. Le feuillage du chêne remua à peine sous le vent provoqué par son départ. Il disparut ensuite dans la nuit, sa couleur obsidienne se fondant avec la profondeur de la voûte nocturne.



                                                            *      *      *



Les gens ne le voyaient guère.


Ils étaient souvent bien trop occupés pour remarquer sa présence.


Ou bien ils l'ignoraient.


Quel intérêt aurait-on pu avoir pour un simple corbeau?


Nul ne le remarquait.




Cette flamme rougeâtre et froide au fond de son regard.




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Salut !


Voici donc mon premier chapitre (ou plutôt prologue) sur Wattpad!

Je m'excuse à l'avance pour les éventuelles erreurs d'orthographe ou de structure de phrases.

Vous pouvez me donner des conseils dans les commentaires (en restant polis, bien sûr)!

Je n'ai rien de définis de prévu alors j'ai hâte de voir où tout cela va me mener !

Je vais voir prochainement à quelle intervalle je sortirai de nouveau chapitres. Il se peut également que cet intervalle soit totalement aléatoire ou change en fonction de mon temps libre et de mon inspiration.

À bientôt !


Golden Phoenix

La mélodie du CorbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant