La mélodie du Corbeau

Chapitre 1

Le jour se levait à l'horizon, striant le ciel de teintes rosées malgré l'épais amas gris évoluant toujours au-dessus de la ville. Dans les champs, nul bruit ne venait troubler les stridulations des derniers grillons. Dans son lit étroit recouvert de minces couvertures d'un beige terne, une jeune fille au teint légèrement halé s'étirait péniblement, maudissant une énième fois l'inconfortabilité du matelas. Ce matin encore, elle devra se lever pour passer toute la journée à étudier et relire ses livres de cours.

Depuis ses huit ans, Alina vivait dans des familles d'accueil, des orphelinats et de multiples autres endroits hébergeant les jeunes laissés à eux-même. À ce qu'elle avait pu obtenir comme information de ses parents, lorsqu'elle était en famille d'accueil ou de ses nounous en centre d'adoption, son père était un délinquant, désormais en prison pour avoir commis plusieurs vols dans de multiples bijouteries. Il aurait commencer à boire de l'alcool à l'occasion de fêtes, mais aurait vite tombé dans l'abus, au point de parfois totalement perdre le contrôle de sa vie. Sans emploi, il se serait mis à voler. De simples bibelots au tout début, mais ceux-ci avaient très vite été remplacer par des objets de plus grande valeur qu'il revendait par la suite, empochant l'argent obtenu. Il en était ainsi arrivé à un niveau hors pair, désormais capable de dérober des objets de valeur grâce à diverses stratégies de détournement d'attention. Associé à d'autres malfaiteurs, il avait abattu une dizaine de clients dans une boutique de chasse et blessé sérieusement certaines personnes, pour ensuite s'échapper et revendre son butin en parfaite illégalité à d'autres types louches avec qui il avait affaire. Il avait finit par être arrêté et était emprisonné dans une cellule sous haute surveillance dont il ne sortirait d'ailleurs jamais. Il était notamment interdit de lui rendre visite, ce qui convenait parfaitement à Alina, qui le méprisait au plus haut point et aurait tout donné pour pouvoir lui donner un bon coup à la figure, histoire de lui casser le nez.

Quand à sa mère, celle-ci était jeune et facilement influençable lorsqu'elle avait été retrouvé avec Alina, négligeant inconsciemment certains aspects important pour sa fille en raison de l'influence du père. Même une fois sauvée des griffe de son conjoint, n'étant pas stable autant financièrement que mentalement, elle avait donc été contrainte de donner son enfant à un orphelinat. Toutefois, l'adolescente ne l'avait jamais vu, pas plus que son père, ne serait-ce qu'en photo. À ce qu'il était dit, elle avait obtenu une nouvelle identité qui lui permettait aujourd'hui de vivre normalement et paisiblement.

Alina méprisait ses parents. Elle en voulait tout particulièrement à son père, mais éprouvait aussi une grande rancœur vis-à-vis de sa mère. Elle était consciente de l'influence de son père, près tout, cette-dernière aurait bien dû se rendre compte que la situation était démesurée, que vivre caché ainsi n'était pas une vie! Et ce père, celui qu'elle détestait plus que tout... Insupportable! Sans être avec elle, il parvenait tout de même à lui pourrir la vie. Comme elle avait été séparer de son foyer d'origine assez tard, à déjà huit ans, ont racontait qu'elle s'était habituée depuis sa naissance à tout cela et qu'elle avait pris goût aux mensonges. On disait d'elle qu'il fallait se méfier de ce qu'elle pouvait dire ou faire... qu'elle manipulait les gens et essayait elle, un peu comme de ses parents, de soutirer tout ce qu'elle pouvait à ses interlocuteurs.

Tout cela n'était que des rumeurs bien sûr. Alina ne cherchait pas systématiquement à voler les autres, à les faire agir en sa faveur, mais quand elle avait découvert les préjugés à son sujet, il était trop tard et déjà tous les autres enfants de l'orphelinat étaient tombé dans la même idée. Idée venue des plus "populaires" de ses camarades. Elle avait alors, à ses dépends, que beaucoup de personnes rabaissaient les autres pour faire comme si ils étaient au dessus de tous. Et les autres ne croyaient à ces sornettes dans le seul but de ne pas être considéré de la même manière que la victime. Elle avait ensuite été placé dans un autre orphelinat. Là encore, d'autres rumeurs s'étaient mises à circuler à son sujet. Comme la fois précédente, elle aurait pu, au début, protester et on aurait finit par la laisser tranquille. Mais comme elle n'avait rien fait, elle avait de nouveau été mise à l'écart. En vérité, elle ne voyait même pas l'utilité de se faire une place au sein de cette petite communauté puisqu'elle ne voyait aucun intérêt à traîner avec des "égoïstes égocentriques" comme elle les appelait en son fort intérieur, référence à leur besoin de toujours tout avoir pour eux-même et à leur envie (stupide) d'avoir toujours raison (ce qui était en soit tout à fait impossible).