Un nouveau soutien

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C'est sûrement le moment où je vous dis que Klély se réveille. Mais l'on ne parle pas assez des profondeurs des rêves. Du sommeil, en lui-même. Mais je suis sûre, qu'à cet instant précis, vous trépignez d'impatience, vous voulez savoir ce qu'il se passe pendant son inconscience.
Alors voilà...

[Anfy]

Je me balade dans les rues, toujours à la recherche de nouveaux endroits cachés ou abandonnés, à découvrir. Les mains dans les poches, un pas après l'autre, je marche, perdu dans mes pensées. Je soupire lourdement, lorsque je trébuche soudainement. En me retournant, j'ai vu Klély, allongée au sol, totalement immobile. Je me penche au dessus d'elle, pour vérifier son poul. Son coeur battait toujours, mais elle était recouverte de blessures. Je la prends dans mes bras, et la transporte jusqu'à ma voiture, pour la déposer sur la banquette arrière. Tout en réfléchissant à la suite des événements, je conduisais jusque devant chez moi. Une fois garé, je sors de l'automobile, referme la portière derrière moi, et me dirige vers la porte d'entrée. En fouillant mes poches arrière, je réalise que j'ai oublié mes clefs dans la boîte à gant. Tout en faisant demi-tour, j'observais Klély, en train d'utiliser une barre de fer pour briser la vitre. Lorsqu'elle m'aperçoit, elle se fige un instant.

[Klély]

Je regarde Anfy, à travers les débris de verre restant sur le contour de la vitre cassée. Il s'approche, puis m'ouvre la portière en silence, avec un regard désespéré envers sa pauvre voiture. La douleur à ma cheville me lance tout à coup et je sortis de la voiture en grimaçant légèrement. Une fois entrée chez lui, assise sur le cuir brut de son canapé, il m'enroule la cheville de bandages imbibés de désinfectant et autres produits médicamenteux. Aucun de nous 2 ne brise le silence qui s'est installé. Après avoir soigné chacune de mes blessures, il dit d'une voix inquiète :
《- Alors... comment tu t'es fait tout ça ?
- Ce n'est pas important.
- En général, lorsque les gens évitent une question c'est parce que la réponse ne les arrange pas. Qui t'a fais ça ?
- Comment peux-tu en déduire que c'est quelqu'un qui m'a blessée ?
- Tu perds connaissance au milieu de nulle part, avec de telles blessures... C'est tout de même évident que tu n'es pas simplement tombée. 》
Je me mure dans le silence le plus total. Emettre un seul son pourrait faire exploser mon cœur, couler les larmes, détruire mon âme. Et je ne m'autorise en aucun cas à céder de la sorte devant un inconnu. Un homme. Que je connais à peine.
Il me dévisage, cherchant à lire mes pensées à travers mes yeux humides. Son regard m'inspecte quelques secondes, puis s'ancre dans le mien. C'est comme s'il fallait que je lui dise ce qui ne va pas. Mais à peine je me mis à entrouvrir la bouche, qu'il me devance déjà :
《- Nyo va arriver d'une seconde à l'autre, avec de quoi manger.
- Tu... ne veux plus savoir ?
- Tu me le diras de toi-même, quand tu le souhaiteras. En attendant, tu devrais reprendre des forces en mangeant.
- Merci... pour m'avoir ramassée.
- C'est normal.
- Et m'avoir soignée
- Tu en avais besoin.
- Et le repas !
- Remercie Nyo. 》
Il me fait un clin d'oeil quand soudain la sonnette résonne. Je l'observe se lever et ouvrir la porte d'une démarche nonchalante. Nyo rentre sans un bruit, et dépose les sacs en plastique depuis lesquels émane une douce odeur de sandwich. Je remarque que Nyo n'avait toujours pas parlé depuis ma rencontre avec lui. Est-il sourd-muet ? Ou simplement muet ? Cette fois il ne porte pas de casquette (alors que nous sommes en plein jour cette fois, ce garçon n'a aucune logique !). Je me mis à l'observer, mon regard détaillant ses cheveux noirs de jais, en bataille, mais je secoue la tête pour revenir à mes esprits, lorsque je vis ses joues rosir. Il se racle la gorge pour couvrir sa gêne, puis je me penche au dessus du sac (technique pour changer de sujet). Je sors les sandwichs, bien emballés de papier aluminium.
Anfy m'en prend un des mains en disant :
《- Lui, c'est le mien !
- Euh... d'accord, mais pourquoi ? , répondis-je
- Tu vois ce petit logo dessiné au feutre noir ? Ça signifie qu'il n'y a pas de viande.
- Végétarien ?
- A 100 % ! 》
Je tends l'autre casse-croûte à Nyo, qu'il prit d'une main plus douce, comme s'il prenait soin de ne pas me toucher, par peur de me briser. Un léger sourire se glisse sur mes lèvres à cette idée. Notre trio se mit à déguster le repas, moi, assise sur le sofa aux côtés de Nyo, et Anfy sur une chaise en bois face à nous. Tout en ingurgitant mon poulet-mayo, j'ai pu détailler les 2 jeunes hommes. Nyo, hormis ses cheveux couleur charbon, il arbore un regard glacial, de ses yeux bleus perçants. Son visage reste inexpressif la plupart du temps, mais en y pensant, ils surgit lorsqu'on prête attention à lui. Vêtu d'un t-shirt noir, un jean tout aussi sombre, troué, déchiré, voire brûlé à certains endroits, il se tient de manière paresseuse. Debout, il a bien une tête de plus que moi. Quant à Anfy, lui, à l'air plus avenant : avec ses cheveux brun glacé, le bout de ses mèches étant légèrement plus clair. Mèches, qui tombent devant ses yeux d'un marron si clair, qu'ils paraissent dorés. A peine moins musclé que son ami, il est par contre plus grand que celui-ci. Il porte un haut uni, blanc sali, avec une veste et un pantalon tout 2 en jean. Je me remis à mâcher ma nourriture quand je me rendis compte des regards très insistants que je leur lançais.
Trop occupée à vous faire part de leur description physique, je suis finalement la dernière à terminer de manger. En tapotant légèrement mon ventre rempli, Anfy me questionne soudainement :
《- Tu sais, si tu nous racontais qui t'a blessé, ce serait plus simple...? L'air de rien, souviens toi du monde dans lequel on vit. S'il y a une menace proche de toi, mieux vaut l'éradiquer.
- Mais tu t'entends parler ? Nous ne sommes pas des tueurs, non ?! Et... je ne suis absolument pas capable de tuer cette personne. ; rétorquais-je, sur la défensive.
- C'est pas la question, d'être tueur ou non si tu es en danger c'est qu'il y a un soucis. ; répondit-il.
- Mais je ne vous ai jamais demandé de me protéger ! Vous ne me connaissez même pas !
- Et c'est justement parce qu'on est pas des "tueurs" comme tu le dis, qu'on protège la jeune femme en détresse face à nous. Qu'on te connaisse ou non, mieux vaut faire preuve d'humanité quand en ce monde il n'y en a plus. ; intervient Nyo, pour la première fois. 》

Sa phrase, sa voix, ou son intervention inattendue, je ne saurais dire laquelle de ces 3 choses m'a faite taire. Je me tourne vers lui, mais son regard fixe un point devant lui. Je dévisage son profil, sans qu'aucune réponse digne de ce nom me vienne à l'esprit. Anfy souffle, puis repris :
《- Klély, ça a beau faire moins de 48h que tu nous connais, je suis persuadé qu'on reste les seuls à qui tu peux te confier, et en qui tu peux croire. Ce monde est bien assez dur pour que tu te mette à douter de quiconque croise ta route. Alors certes, tu peux te poser un tas de questions, et ne pas nous croire, mais dans cette histoire, tu serais la seule a y perdre quelque chose. On peut t'aider. Et si j'ai tort dans tout ce que je dis, prouve le. 》
Et c'est une fois de plus, que ma repartie bien-aimée, m'abandonne. Je soupire, résignée, sous le regard de mes 2 confidents. J'hochais la tête en signe de capitulation. Après une certaine hésitation dans le choix de mes mots, je leur conte mon périple. Au fur et à mesure de mon récit, je voyais leur visage passer de la tristesse, au dégoût, pour finir par une colère amère. Ils se lancèrent tout 2 un regard entendu, qui n'augurait rien de bon, mais sachant qu'il était inutile de dire quoi que ce soit allant à l'encontre de leur sombre vengeance, je me suis tu... (une fois de plus).

Environ 20 minutes plus tard, on se mit tous les 3 d'accord sur le fait que je ne devais pas retourner chez moi : au risque de voir mon père. On a donc convenu que j'irais cohabiter avec Nyo...
J'hesite. Pesant le pour et le contre. En soit, ça me permettrait de mieux le connaître, lui, l'éternel silencieux. Mais cela risque aussi d'être terriblement gênant. Et je n'ai JAMAIS vécu avec un garçon, hormis mon père...
En effet, celui-ci m'interdisait tout contact humain, mis à part lui-même.
Le soir, après avoir passé l'après midi entière à discuter des détails, Nyo me fit signe qu'il était temps de partir. D'un geste de la main, je salue Anfy qui me souriait en retour. Je suivis aussitôt Nyo. On marche à pied, dans les rues mal éclairées. L'ambiance quelque peu oppressante ne rendait pas la conversation facile. Un silence parfait s'installe entre nous, seuls nos pas et les bruits ambiants de la nuit résonnaient. Je lui jette un regard curieux, de temps à autre, sans parvenir à décrocher un mot. "C'est extrêmement gênant." est la phrase exacte qui se répétait en boucle dans ma tête. Mais, après 15 minutes de marche, le malaise se dissipe. C'est comme si ce mutisme dont il fait preuve, est juste sa façon d'être. Peut-être grâce à cela il a développé une ouïe supérieure à nous, pauvres humains ?
Oui. Ce sont des arguments, tangibles peut-être, mais étant une personne bavarde, (du style à me parler toute seule et créer des monologues entiers), j'essaie de comprendre ce "mode de vie".

Enfin bon, vous me direz, j'ai tout le temps d'y réfléchir de nouveau, et de comprendre le pourquoi du comment, puisque je me dirige vers son domaine, et que je m'apprête à passer bien plus de 15 minutes en sa présence. Et c'est ainsi, que la tête remplie de doutes, et de suspicions,  je passais sa porte d'entrée.

À suivre...

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 01, 2020 ⏰

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