4 mois auparavant :
Opale
Je la déteste c'est décidé.
Aélia qui est ma meilleure et à peu près ma seule amie me rappelle pour la quatrième fois de la semaine : ô combien ma vie est plate et ennuyeuse. Pour ma défense j'étais accaparée par mes partiels de rattrapage en ce début d'année. Alors oui, j'ai passé le nouvel an, le nez dans les bouquins, mais ce partiel de droit fiscal international me prenait la tête, je n'arrivais pas à me concentrer plus de 5 minutes, tout simplement car je me faisais chier à en mourir. Au moins je sais que je ne me spécifierais pas là-dedans.
Enfin bref je me reconcentre sur cette peste :
Tu sais Ope, tu ne pourras pas te cacher éternellement dans ta petite chambre d'étudiante. Il faudra sortir à un moment donné. Affronter les gens, tu sais les gens ce sont les autres personnes qui vivent sur le campus et que tu croises en allant en cours.
Je fais la moue. Certes, elle n'a pas tort, mais je n'aime pas qu'on me le fasse remarquer. Pour prouver ses propos, elle me rappelle le combat à coup de cheveux tirés et de cris stridents qui a eu lieu pour que je daigne aller dans un café avec elle. Alors voilà, j'y suis dans son café. Mais franchement, je ne comprends pas l'utilité, j'ai une machine à café dans ma chambre et une discussion peut avoir lieu n'importe où, tant que les deux personnes s'entendent. Mais je ne lui fais pas remarquer par risque d'aggraver mon cas. Cependant ce café est très mignon. J'aime beaucoup le côté vintage mais confortable, les banquette très confortables et remplies de coussins, contraste avec les tuyaux en cuivre apparent un peu partout dans la pièce. Je ne me souviens pas y être déjà aller, alors que c'est possible, je suis tête en l'air j'oublie toujours tout.
Je sais Angie, je suis désolée. J'étais dans une période de révisions intense et ça me stressait vraiment beaucoup ! Je n'ai même pas entendu un seul récit de tes aventures d'un soir depuis au moins 3 semaines. Je vois enfin son visage former un rictus, je suis sur la bonne voie.
Ok, ok. Je te pardonne qu'à moitié parce qu'il va falloir que tu te rattrapes. Mais sinon j'ai plein de trucs à te raconter. À force d'être enfermée toute la journée en lisant des livres et encore d'autres livres de droit, tu as raté tout ce qui est important à l'université : les potins, les mecs et le plus important, les potins sur les mecs.
Je roule des yeux, car Angie ne pense qu'à ça, on pourrait croire qu'elle n'a rien à faire de ses journées, à part épier la vie des autres étudiants, pourtant elle étudie. En tout cas, c'est ce qu'elle me fait croire. Elle est en deuxième année de graphisme. Si ses plans n'ont pas changé depuis qu'elle a 5 ans alors elle veut toujours devenir décoratrice d'intérieur ou alors designer des meubles. Elle est le cerveau créatif de notre duo. J'étudie le droit en deuxième année aussi. On ne peut pas dire que ce soit le plus créatif des métiers. Pourtant, jusqu'à mes 11 ans j'étais fascinée par l'art. Je partageais tant de moment de complicité avec ma mère peignant pendant des heures et des heures jusqu'à ce que mon grand frère Ruby ou alors mon père viennes nous interrompre afin de se nourrir ou de dormir ; chose qui devenait secondaire dès le moment ou notre pinceau touchait la toile.
Je suis encore entrain de peindre avec maman, aujourd'hui nous sommes allés au magasin d'art au coin de la rue. Ça devient une habitude maintenant, on y va presque touts les weekends, le vendeur nous appelle même par nos prénoms, et Angie dit que c'est parce qu'il nous aime bien et qu'il voit notre âme d'artiste, alors que papa nous répète que c'est parce qu'on y passe trop de temps et beaucoup trop d'argent. Je suis d'accord avec lui, mais je ne le dis pas devant maman, je n'ai pas envie de la blesser. Je sais qu'elle fait ça pour ne pas perdre notre lien mère et fille aînée. Depuis l'arrivé d'Agathe, il y a 4 ans, elle fait tout ce qu'elle peut pour rester proche de moi et Ruby, mon grand frère qui a 14 ans. Mais j'ai 11 ans, je suis grande maintenant, je comprends que je ne suis plus sa seule fille, je ne suis pas jalouse d'Agathe, au contraire je l'adore ! Tout comme Aurel qui a 4 ans de moins que moi.
Enfin bref, je crois que ça doit faire trois heures qu'on est dans notre bulle d'artiste. Je ne peux pas vérifier l'heure car maman a fait enlever toutes les horloges de la pièce créative car elle dit que ça nuit à notre développement artistique, je n'y crois pas vraiment mais je suppose que ça fonctionne parce qu'on a raté l'heure du dîner d'une heure déjà. Papa ne va pas être content.
D'ailleurs je suis presque sûre que je peux entendre ses pas qui se dirige par ici.
Bon les filles, on pose les pinceaux et on va manger, ça va être froid. Tout le monde a déjà mangé et tout le monde est au lit à part Ruby qui joue à sa PlayStation. Ah, au moins vous n'avez pas de la peinture partout, c'est déjà ça ! Ça nous évite la douche avant manger, on peut s'y mettre directement.
Maman me regarde avec un regard taquin, plonge sa main dans le pot de peinture mauve, et l'étale sur ma figure. Et de là part une bataille de peinture sans répit pour Papa qui se retrouve attaqué par deux formes humaines mauve.
Il faut que j'arrête de penser à elle, elle m'a bien trop blessés en deux ans pour se faire pardonner par quelques éclats de rires.
Je sors de mes souvenirs en me replongeant dans le moment présent avec Angie.
Alors dit moi tout ! J'espère qu'Ester n'a pas fait fuir le beau gosse de quatrième année sur lequel elle bave depuis l'année dernière parce que je serais dégouté d'avoir raté ça !
Elle éclate de rire pendant que j'enfourne mon muffin au Nutella dans ma bouche afin de rattraper mes quelques semaines d'absence aux potins de l'Université de la Sorbonne Paris Nord.
Alors non, elle n'a pas encore franchis le cap de s'approcher à moins de 5 mètres de lui donc rien que de lui faire un sourire ou lui adresser la parole est encore hors de portée pour cette pauvre Ester. Par contre, Anthony le coureur de jupons de quatrième année a été vu plusieurs fois avec la même fille. On aurait pu croire au coup de foudre qui l'a rendu sage et la ranger dans la colonne des bons garçons. Mais non, c'est enfaite sa cousine venue lui rendre visite, il n'a pas dû coucher avec. Quoique, pour avoir couché avec lui je pense qu'il en serait capable, tu savais qu'il venait du nord de la France. La consanguinité là-bas c'est un truc normal.
Je ne peux pas m'empêcher de m'esclaffer, mais lorsque je vois toutes les têtes des clients se retourner vers nous j'essaie tant bien que mal de retenir mon rire.
Tu n'as pas honte de raconter des choses comme ça ?
Elle me répond que non par un signe de la tête, accompagnée de son habituel sourire taquin.
Je finis par lui raconter comment se sont passé mes épreuves, que je pense avoir réussi haut la main. Tous mes efforts de révision auront finalement porté leurs fruits. Elle termine de me raconter ses potins lorsqu'elle me demande comment je pense finir de me rattraper pour mon absence à notre amitié durant le mois dernier.
Attend quoi ? Je ne suis pas pardonner en avouant mes torts ?
Non, je t'ai dit que je ne te pardonnais qu'à moitié et tu sais que je n'aime pas ne pas pardonner à 100 %.
Alors pardonne-moi et tout est réglé ! Je ne te comprends pas.
Tu dois d'abord me prouver que tu es revenu à 100 % dans notre amitié.
Je tente de la persuader de me laisser tranquille afin qu'elle me pardonne. J'ai tout de même 1 mois de série Netflix à rattraper, il faut que je m'y mette dès ce soir. Et le plus tôt ce café sera terminé, le plus tôt je serai sous ma couette, à regarder Riverdale.
- J'ai conscience que ma vie est plate et qu'elle n'a pas une once d'excitation ces derniers temps, mais je suis prête à tout pour faire en sorte d'y remédier.
Je regrette immédiatement mes propos lorsque je vois un sourire diabolique illuminer son visage. Je ne vais pas mentir, je m'attends au pire. La dernière fois que j'ai vu cet éclat dans ses yeux on s'est retrouvées toutes les deux nues à 3 heures du matin dans la piscine du voisin de ma maison d'enfance. Car oui, Aélia et moi c'est depuis toujours. Je ne me rappelle pas d'une seconde de mon enfance sans elle, on s'est rencontrées à la crèche et on est devenues inséparables. Ma mère, ça me hérisse les poils rien que de penser à elle, m'avait racontée que lors de notre première rencontre je lui avais donnée ma barrette violette fuchsia car sa tenue manquait, selon moi, d'un peu de couleur. Notre relation n'a pas changé on est toujours comme chien et chat, avec notre franc-parler et nos querelles quotidiennes, mais Dieu sait que je l'aime. Je plonge mon regard dans ses iris bleus et attends avec appréhension l'explication de son plan machiavélique pour me dévergonder.
Ope, Opale, ma meilleure amie...
Bon enchaîne Angie je n'ai pas toute la soirée.
Enfaite si t'as toute la soirée à moins que tu ne te sois fait des amies ce matin, tu es bloquée avec moi. Dit-elle fièrement
Je roule exagérément des yeux sachant qu'elle n'a absolument pas tort.
Enfin bref, pour apporter du piment dans nos vies je te propose un pari. Le prochain mec qui entre par cette porte doit finir dans notre lit.
Je la regarde stupéfaite. Elle sait pertinemment que les coups d'un soir c'est son truc et que ça ne m'intéresse pas du tout, alors je me permets de négocier.
Angie, Angie, Angie. Mon petit ange, ce n'est pas juste et tu le sais. Les coups d'un soir tu connais, c'est ... on peut le dire ta spécialité, essayons quelque chose de nouveau pour toi. Je te propose un autre pari. Le prochain mec qui rentre par cette porte doit sortir avec nous.
Et je me réinstalle dans mon fauteuil, certaine qu'elle va refuser. Angie et l'engagement sont deux choses diamétralement opposées.
Elle me toise puis sourit de toutes ses magnifiques dents parfaitement alignées. Argh je la déteste d'être aussi belle, avec son mètre 80, sa taille de guêpe et ses longs cheveux blonds ondulés, elle pourrait facilement faire partie les anges de Victoria's Secret. Elle en porte même le nom, Aélia signifie "ange" en grec et son deuxième prénom est Victoire. Elle porte quasiment le nom de la marque. C'est d'ailleurs à cause de la signification de son prénom que je l'appelle Angie. Elle m'a même racontée qu'une fois...
D'accord. Le premier est pour toi et le second pour moi.
Elle me coupe dans mes pensées et me sidère. Elle a vu la vierge ou quoi ? Non mais la ça ne va pas du tout. Elle vient d'accepter de s'engager dans une relation et moi par conséquent. Mais je ne la crois pas, elle ne pourrait jamais faire ça sur un coup de tête comme cela. Alors je rentre dans son jeu.
D'accord pas de problème. Je me tourne pour me joindre à Angie qui fixe la porte d'entrée avec un air victorieux. Allons-nous engager dans une relation sérieuse avec le premier mec de l'université à passer la porte d'un café un vendredi après midi. Quelle merveilleuse idée.
J'espère secrètement qu'elle va se tourner vers moi, éclater de rire et me dire que jamais de la vie elle ne s'engagera et que je peux retourner me terrer dans ma chambre pour la fin du semestre. Mais elle n'en fait rien. Au contraire son sourire s'élargit lorsqu'elle voit un groupe de trois garçons s'approcher de la porte du café.
Elle se retourne enfin vers moi et me chuchote :
Prête ? Et que la fête commence !
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The Bet
RomantizmOpale, une jeune fille sarcastique et associable va se retrouver embarqué dans une relation amoureuse à cause d'un pari fait avec sa meilleure amie.