Chapitre 3

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Les hostilités ont débuté depuis peu. Declan me sermonne une fois de plus, dans une colère noire, sur la criminalité dans laquelle je suis en train de m'enliser, selon lui. Par expérience, je sais que le seul moyen qu'il se calme est de patienter qu'il s'essouffle. En attendant, interdiction d'ouvrir la bouche. Question de vie ou de mort.

Assise sur une chaise face à son bureau, je laisse mon esprit s'évader sur ce présomptueux Keenan. Il est responsable de l'échec de ma trente-sixième tentative d'évasion. Si je le croise encore sur ma route, je...

— Cléophée ?!

Mon prénom hurlé accompagné d'un violent coup de poing sur son bureau, me réveille pareil à un bain glacial. Declan me fixe d'un air furieux. Sa respiration, elle, par contre, a du mal à suivre et devient haletante. Sans montrer la moindre trace de satisfaction, je demeure silencieuse, décidée à patienter.

Ses cheveux grisonnants sont coiffés en arrière. Le trait qu'il a entre les deux sourcils lui donne l'impression d'être toujours en colère. Ce qui, en soit, n'est pas complètement faux.

Declan lâche un profond soupir de dépit et s'enfonce dans son siège en se frottant les yeux.

— Tu es une rêveuse Cléophée... Tu sais que je ne peux pas te laisser partir. J'ai le devoir de te protéger. Ne l'oublie pas. C'est pour ton bien si je fais ça. Tu as déserté le village il y a un mois. Je n'ai pas eu d'autre choix que de faire placarder des avis de recherches dans les villes alentour. En devenant une hors-la-loi, tu risques ta vie. Tu en es consciente pourtant, alors pourquoi t'obstiner ?

Je déclare avec conviction :

— Je rêve de liberté. C'est l'une des choses dont le monde est totalement dénué. Seule une poignée de personnes la possède. Et ces personnes sont les hors-la-loi. L'Empire prétend faire justice; prétend que nous sommes libres, mais ce n'est qu'un joli masque dissimulant une vérité bien plus sombre. Les hors-la-loi ont beau être considérés comme des criminels de la pire espèce, les vrais scélérats c'est l'Empire.

— Cléophée ! Ne dis pas des choses pareilles !

Je garde une voix sereine, presque hypnotique :

— Tu auras beau tout mettre en œuvre pour me retenir prisonnière ici, faire échouer mes plans les uns après les autres, sois sûr d'une chose.

J'avance mes bras sur son bureau pour le regarder fixement dans les yeux.

— Je vais m'enfuir et devenir une hors-la-loi, que tu le veuilles ou non.

Ses yeux perlés me considèrent longuement avec une grande contrariété qu'il a du mal à contenir. Il repousse son siège, consterné, se lève et feint d'admirer le paysage à la fenêtre.

— C'est à cause de ce hors-la-loi, n'est-ce pas ? Celui qui a séjourné ici il y a quelques années.

Mes yeux s'ouvrent en grand.

HORS-LA-LOI DE BRAISE - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant