Chapitre 4

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Je remonte le filet de pêche à la seule force de mes bras, à bord de la chaloupe. Deux petites sardines sautillent entre les mailles, lorsque je constate, éplorée, que mon filet est endommagé. Je le lève bien en évidence, pour y découvrir un trou béant.

Génial... Y'a pas à dire, je suis une pêcheuse hors pair. Si Angy était là, elle n'aurait pas manqué de se moquer de mon étourderie.

Les autres pêcheurs non loin ont tous réussi à remonter leur filet plein à craquer. Je pratique cette activité depuis un bout de temps maintenant et ce genre d'incident ne m'était encore jamais arrivé.

Je cale mon poing contre ma joue, résignée sur mon sort à contempler le rivage, renfrognée.

La pêche est le commerce principal des Inchangés. La plupart des commerçants vendent leur marchandise aux voyageurs venant exprès des Terres Lointaines pour s'en procurer. Je vais rentrer bredouille et Declan me sermonnera de ne pas avoir vérifié le matériel avant de partir.

En plus de n'avoir rien pu pêcher, le temps sinistre n'arrange rien à mon humeur. On est au beau milieu de la journée et pourtant, il fait presque aussi noir qu'en pleine nuit. Le ciel est recouvert de nuages orageux, zébrés par moment d'un éclair au grondement sourd. De l'autre côté, une brume épaisse fantomatique voile le large. L'eau habituellement translucide est aussi sombre qu'une grotte.

Je ne peux m'empêcher de me sentir dégoutée en songeant à ce qui m'est passé sous le nez. À l'heure qu'il est, j'aurais déjà dû prendre le large à bord du navire de ces pirates. D'ailleurs, ils ont sacrément dû se réjouir que je ne me rende pas au rendez-vous. Pendant qu'ils jubilaient probablement de mon absence, Declan prenait grand soin de m'enfermer à double tour pour que je ne puisse pas les rejoindre. Rien que d'y penser, ça me fait rager. Au lieu de ça, je me retrouve à pêcher du poisson avec le seul filet troué de l'île.

— J'aime ma vie.

Il va quand même falloir que je planifie rapidement ma trente-septième tentative d'évasion... Dit comme ça, ça semble pas du tout désespéré.

Le clapotis des vagues vient heurter la coque de la chaloupe. La mer, jusqu'à présent calme, s'agite sous des secousses répétitives pour finalement retrouver sa stabilité.

Les autres pêcheurs s'apprêtent à regagner la rive avant que le brouillard ne les enveloppe. Je les imite, empoignant mes rames, quand une nouvelle vague me secoue brutalement. Je me cramponne au bord de toutes mes forces. Du coin de l'œil, je distingue un mouvement très rapide. Quelque chose s'est mis à bouger dans l'eau. Je n'ai pas rêvé. Et ce n'est pas qu'un simple banc de poissons. Ça a l'air d'être énorme.

Un bruit de chute dans l'eau alerte tout de suite les pêcheurs. Il arrive parfois qu'une personne passe par-dessus bord par inadvertance, mais en cet instant, j'ai la dangereuse impression qu'il ne s'agit pas simplement d'une mauvaise manœuvre. Ce qui suit ne manque pas de ponctuer mes craintes.

HORS-LA-LOI DE BRAISE - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant