Chapitre 1

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« Nous avons un petit problème que nous nous efforçons de résoudre avant votre arrivée. »

Cette phrase que j'ai reçue par mail de la part de mon futur employeur une heure avant de monter dans l'avion, je m'en serais bien passée. Et bien que je ne sache pas l'objet du problème, je n'ai pourtant pas hésité une seule seconde à partir. À m'exiler loin des miens. Je leur fais confiance pour régler le souci. Si je ne suis pas du genre à stresser, je suis encore moins du genre à me laisser marcher sur les pieds. Donc si je parcours 8 344 kilomètres exactement pour qu'à l'arrivée on me dise « désolé nous n'avons pas réussi à le résoudre, vous devez rentrer chez vous », ils vont entendre parler du pays. Et même si je relativise, il me tarde de débarquer et de checker mes mails pour en savoir plus.

J'ai quitté Paris il y a 11 heures. Lors de ma brève escale de deux heures à Doha, je n'ai pas pu le faire, je ne pouvais pas blâmer la qualité du wi-fi Qatari, mais mon fournisseur d'accès qui avait décidé que ma boite mail soit en maintenance à ce moment-là.
Quand j'ai appelé la réception de l'hôtel, on m'a passé trois personnes différentes et aucune n'a été en mesure de me fournir plus d'informations. Aucun membre de l'accueil ne semble au courant de mon arrivée. La responsable devant être en pause déjeuné, je n'ai pas réussi à la joindre sur les deux numéros que l'on m'a fournis.

Chassant cet agaçant souvenir, j'observe le petit écran devant moi, sur le dos du siège de ma voisine et suis le petit avion qui se déplace. Nous survolons l'océan Indien. Encore une heure de vol avant l'atterrissage. En m'étirant, j'en profite pour tenter de capter le paysage à travers le hublot. Je ne vois rien, je suis trop loin. Par la même occasion, je maudis mon voisin mieux placé que moi, qui a dormi tout le long du vol au lieu de profiter de la vue ou de laisser sa place à quelqu'un qui en aurait profité. Ma détermination me fait retenter d'apercevoir au moins un bout de la mer, avant d'être interrompue par l'hôtesse qui me tend un énième petit plateau repas.

En tout, j'ai eu le droit à un petit déjeuner, un déjeuner et une collation. Je suis déboussolée par ce voyage et surtout, grisée par l'excitation, je n'ai pas faim. J'abaisse légèrement ma couverture et attrape le jus d'orange qui vient de m'être servi. Puis mesure la chance que j'ai, d'être dans cet avion en direction d'une des plus belles destinations au monde : Les Maldives. Je voyage seule. Du haut de mes 23 ans, j'ai laissé mes parents et mes amis à Paris. Troqué la vie parisienne avec sa pollution, ses périph, ses bouchons, la dame de fer et j'en passe pour la chaleur, les cocotiers et le sable blanc.

Quand je suis partie tôt ce matin, il pleuvait à foison et faisait froid. Banal pour un mois de décembre, c'est vrai. Là, le temps va carrément me changer à Mahihoo. C'est le nom de l'île où je vais travailler. Cinq hectares avec un immense complexe hôtelier, de la verdure et c'est tout d'après les dires de mes parents qui se sont renseignés. Aucune route. Aux Maldives, c'est comme ça. Et des îles, il y en a 1200, réparties sur 26 atolls dixit maman. Les fameux anneaux bordés par des coraux. Pour se rendre de l'une à une autre, pas le choix que de prendre le bateau ou l'hydravion. Je ne peux m'empêcher de me trouver particulièrement privilégiée, ce n'est clairement pas donné à tout le monde. J'ai toujours rêvé de partir travailler à l'étranger, mais une telle destination, je pense que je ne pouvais pas espérer mieux. Les Seychelles peut-être, Bali... je ne sais pas.

L'avion amorce sa descente par paliers. Impatiente d'arriver, je détache mes cheveux et m'amuse à entortiller quelques mèches ondulées entre mes doigts. Je souris en me demandant à quelle vitesse leur couleur châtain éclaircira au soleil. Finalement, tout comme les autres passagers à bord, j'applaudis lorsque l'avion se pose, sans encombre, sur le tarmac de la capitale.

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