Debout devant l'immense miroir de ma chambre, les bras ballants, las, j'observe ce corps qui n'est pas mien. La fille de l'autre côté de la glace imite tout mes faits et gestes à la perfection, à la seconde et au millimètre près, mais j'ai beau me toucher, je ne sens rien. J'ai tout simplement mal. Terriblement mal. Au corps, à la peau, au cœur.
Ce n'est pas moi... je me répète sans cesse. Et ce ne le sera jamais.
Pourquoi ai-je des seins ? Pourquoi ai-je des hanches ? Je n'en veux pas ! Ce n'est pas beau sur moi.
— Ma chérie ? Le repas est prêt dans cinq minutes ! Me cri mon père depuis l'étage inférieur.
— J'arrive !
Mais bien sûr, personne ne connais mon mal être intérieur. Ils me voient normale, comme une fille banale, comme miss tout le monde. Mais moi je sais que je ne le suis pas, et ne le serais jamais.
Sauf que je ne sais pas ce que je suis.
L'école est définitivement mon pire cauchemar. Le regard des autres est un supplice, c'est comme un film d'horreur...
— Mia ! Ma grande ! Tu es vraiment belle aujourd'hui !
Aïe. Ça fait mal.
Et vient ensuite les remerciements et le superbe jeux d'acteur que je perfectionne un peu plus chaque jours. Mes proches ne voient rien, et c'est exactement ce que je veux.
Je prends rapidement mes affaires et vais dans ma classe. En dehors de mes amis, j'évite tout contact avec d'autres personnes. Leur regards me brûlent la peau, sillonnent mon ignoble silhouette comme un serpent insaisissable. Je suis aussi la dernière à répondre lorsqu'un professeur pose une question en classe. En fait, j'évite tout ce qui pourrait attirer l'attention sur ma personne. Il est aussi inutile de préciser que les exposés oraux sont une torture.
Les journée sont longues et épuisantes, effrayantes et douloureuses.
Je fini en sport aujourd'hui. Comme à mon habitude, je parles un peu avec mes amis, qui semblent si heureux et bien dans leur peau. Les filles se maquillent pour se sentir belles, les garçon replacent leurs cheveux sans arrêt, fier de leur magnifique tignasses, et moi ?
Je n'ai rien.
Absolument rien pour être bien. Je hais le maquillage, mes longs cheveux noirs légèrement ondulés tombants en cascade sur mes épaules me répugnent, mais la simple idée de les couper court fait faire une crise cardiaque à ma génitrice.
Alors j'endure, encore et toujours, le coeur lourd.
Je me faufile dans le couloir qui regroupent les vestiaires. Passant devant la porte de celui des garçons. Je fais quelques pas, puis m'arrête, incapable d'avancer.
Je veux y entrer. Je veux voir.
Je jette quelques regards anxieux autour de moi. Aucun élève en vu, aucun professeur non plus. Je suis complètement seule. Je peux entrer, rapidement, puis ressortir. Une action de quelques secondes à peine. Mais j'ai trop peur. Ça a pourtant l'air si accessible... la porte, cette sortie, est là, juste devant moi !
Et la seconde qui suit, sans même avoir prit le temps de passer à mes actions, je suis de l'autre côté de la porte. Mon coeur bat à la chamade dans ma poitrine, si fort que j'ai l'impression de sentir chaque veines présentes dans mon organisme se secouer à chaque battements. J'observe les lieux avec un intérêt particulier. Le vestiaire est évidemment très semblable à celui des filles, seule la couleur du mur du fond change pour du bleu ciel au lieu d'un rouge sang.
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Tout et rien
DiversosCe n'est pas une histoire, mais un recueil de plusieurs petits récits qui feront leur entrée aléatoirement, selon mes envies, humeurs et inspirations. Enjoy ! 😊