-Prologue-

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Commissariat de Séoul, 19 Novembre 2015, 21h26.


« Commissariat de police de Séoul, j'écoute ? »

« Bonsoir, j'ai entendu des cris dans la maison de mes voisins depuis ma cuisine. »

« Je vais envoyer une patrouille, donner moi l'adresse de vos voisins. »

A l'entente du numéro de l'adresse, Moonbyul se stoppe net. Elle se retourne doucement vers le Sergent et le regarde dans les yeux, apeurée. Elle sait que ce qu'elle s'apprête à lui dire ne va pas lui plaire, que sa réaction risque d'être violente. Ce dernier la regarde avec interrogation et lui bougonne ;

« Qu'il y a-t-il encore Mademoiselle Moonbyul ? »

« Euh... Nous avons reçu un appel monsieur, un... un signalement, de dispute probablement. En tout cas, des cris. »

« Alors faisons comme d'habitude et envoyons une équipe patrouillée. Où est le problème ? »

« L'adresse donnée est... C'est la vôtre Sergent »

C'est au tour de lui de se stopper dans son mouvement, il tourne la tête brusquement vers la standardiste, et sans réfléchir une seconde de plus, il cri à son agent Min Yoongi de préparer une voiture. Le Sergent Kim Namjoon sait que sa femme est seule chez eux.

Ils se dirigent donc en trombe vers le parking, montent dans la voiture, activent le gyrophare, et se précipitent vers la maison du Sergent Kim. Sur la route, pas un bruit, aucun d'entre eux n'osent parler. L'agent ne veut pas donner de faux espoirs, tandis que le Sergent est bien trop occupé à penser à une tonne de scénarios possibles. Il était pourtant bien loin de s'imaginer ce qu'ils découvriraient.

Ils arrivent sur les lieux et dans la précipitation ils garent la voiture en travers de la route, au milieu des véhicules de police déjà présents. Les couleurs des gyrophares brillent dans la nuit et illuminent la façade de sa maison tandis que la sirène de l'ambulance, qui arrive, résonne dans la rue ainsi que dans ses oreilles.

Il peine à sortir de la voiture et à marcher droit, accablé par la peur qui le ronge. Ses sens sont brouillés, il entend à peine la voix de son agent l'appeler. Il se dirige vers l'entrée de sa maison d'un pas rapide mais fragile et ouvre la porte avec précipitation. L'atmosphère qui règne dans sa maison a cet instant est glaciale, effrayante, presque angoissante. En tout cas, il a un mauvais pressentiment. Les regards des agents déjà présents sont posés sur lui avec une compassion qu'il ne comprend pas tout de suite, du moins il ne veut pas la comprendre, ni l'accepter. Il sait déjà, mais ne veut pas l'accepter. L'émotion qui le submerge est indescriptible. Il ne saurait lui-même pas la décrire. Il approche du salon, traversant un intérieur remplit de trace de lutte, d'objets cassés ou renversés, de traces de sang.... Il se stop.

C'est à cet instant qu'il réalise vraiment l'ampleur du drame, et par une poussée d'adrénaline, il reprend sa traversée, pousse brusquement un des ambulanciers présents sur la scène du crime, et se retrouve enfin nez à nez avec sa femme. Elle est entourée d'une marre de son propre sang, provenant de sa gorge. Cette dernière était tranchée. Il s'écroule, aux pieds de son corps inanimé, pourtant plein de vie et d'énergie il y avait à peine quelques heures... Il sait que c'est fini, il sait qu'ils ne pourront pas la sauver.

Sa vision se trouble de nouveau, et pousse un cri de douleur qui provoque la chute de ses larmes. L'agent Yoongi en a même des frissons. Il lui semble que ce cri résonne dans tout le quartier. Le cœur du Sergent Kim se déchire. Il repense à tous ces moments passés avec sa femme, le bonheur qu'ils ont partagés durant toutes ses années, ces moments qui l'ont fait sourire, pleurer, rire, rougir, ces moments qu'ils ne partageront plus jamais, ces moments qu'on lui a privés pour toujours. Tout va si vite dans sa tête que le Sergent ne tarde pas à avoir une énorme migraine. Mais la douleur qu'elle peut lui causer n'égale en rien celle que sa vision lui offre. A cet instant il se sent vide. Il a perdu une partie de lui dans ce drame.

Il crie son nom, le murmure, le pleure. Il relève doucement ses yeux vers les siens, et se rend compte d'une chose qu'il n'avait pour ainsi dire, pas encore vu. Les yeux de sa femme étaient recouverts d'une couche de cire rouge.

Il entend la voix inquiète de son agent s'élever dans l'aura pesante de la pièce.

« Namjoon, regarde le mur du salon »

Ce dernier réunis ses dernières forces afin de diriger son regard vers l'endroit indiqué. Il est stupéfait. Yoongi reprend ;

« C'est une Colombe »

ColombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant