Chapitre 6

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La servante referma la bassinoire contenant les braises et la glissa sous les draps, au bout du lit d'Élizabeth.

-"Voilà mademoiselle. La journée n'a pas du être facile pour vous." dit-elle, coincant la couverture sous le matelas.

-"Non. Je me doutais bien que le commodor allait me demander ma main mais j'avoue que je n'étais pas vraiment préparée." fit la jeune femme, feuilletant un livre.

-"Je pensais plutôt à ce pirate qui vous a menacé, ça devait être terrifiant." fit la domestique, continuant de s'affairer sur les draps.

-"Oh... Oui, vraiment terrifiant." fit la jeune femme, allongée dans son lit.

-"Oh mais, le commodor vous a fait sa demande! Vous vous rendez compte? Et vous êtes fait l'un pour l'autre, sans vous offenser." fit la servante avec entrain.

Élizabeth sourit faussement, les yeux fixant le vide.

-"Nous sommes fait l'un pour l'autre... C'est un homme bien. Le genre d'homme que l'on rêve d'épouser." dit-elle comme si elle cherchait à s'en convaincre.

-"Quant à ce Will Turner... C'est un homme très bien, lui aussi." fit la domestique, ayant remarqué l'expression de sa maîtresse.

-"Là tu es offensante." dit sèchement la fille.

-"Je vous demande pardon mademoiselle, je n'étais pas à ma place." dit l'autre, s'en allant.

Élizabeth soupira en silence, perdue, et prit la pièce du collier de William en main.

Le vent se mit étrangement à souffler et la flamme de la lampe à huile vascilla jusqu'à s'éteindre sous le regard de la jeune femme.

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William Turner frappait le fer rougeoyant sur l'enclume quand il sentit quelque chose d'étrange.

Il alla ouvrir la fenêtre de bois et regarda dehors.

Un chat noir passa sous sa fenêtre et s'engouffra dans le brouillard blanc qui couvrait le bout de la ruelle.

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Sur la mer, un bateau aussi silencieux qu'un fantôme avançait vers le port, les canons sortis.

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-"Ma fille vous a-t-elle déjà fait part de sa réponse?" Demanda le gouverneur à Norington en marchant sur la passerelle de bois.

-"Non, pas encore." répondit l'autre.

-"Il faut dire que la journée fut éprouvante."

Le commodor sourit, soufflant du nez.

-"Quel temps épouvantable."

-"Lugubre. Tout à fait lugubre." fit le garde bleu.

Il y eut un bruit.

-"Qu'est-ce donc?" demanda le gouverneur.

Norington se jeta sur l'homme et le plaqua au sol en criant :

-"Boulet de canon!"

Une partie de la passerelle explosa sous le choc du missile.

-"Tous à vos postes! Aux armes!" hurla-t-il.

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Jack se redressa et grimpa sur le rebord.

-"Je connais ces canons." dit-il, regardant à travers les barreaux de sa fenêtre.

Il vit alors le bateau dont les canons n'arrêtaient plus de tirer, au centre de l'étendue d'eau.

Ce truc entre nous, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant