Sexfriends

01. my first

En aucun cas Sasuke aurait cru vivre cela un jour. Bien qu'il savait que naturellement, tout être humain était penché vers ce type d'activité, jamais il ne s'était senti particulièrement concerné. Du haut de ses dix-sept ans, rarement avait-il sérieusement réfléchi au sexe. Si bien sûr, il s'était déjà intéressé à ses parties génitales et fait ce qu'il y avait à faire dans un corps d'homme sain, penser qu'un jour il franchirait le cap lui semblait toujours invraisemblable.

L'acte s'était pourtant déroulé vendredi soir dernier. Il ignorait encore ce qui lui avait pris ce jour-là : l'alcool, l'ambiance, la musique ou alors sa camarade de classe ; peut-être un mixte de tout. Il se souvenait s'être détendu à ses côtés après avoir joué à un jeu d'alcool avec son meilleur ami, puis avoir discuté durant de longues heures sur le lit de Shikamaru, tout en riant clairement et sincèrement à chaque fin de phrase, avant de naturellement l'embrasser comme dans une continuité déjà définie. Après cela, c'était comme si la chaleur lui était monté à la tête. Autour de lui, tout s'était mis en pause. La case de sa raison s'était décalée pour laisser sa place au désir ardent qui le dominait. Il se souvenait qu'à ce moment-là, il avait eu peur, peur car jamais cela ne lui était arrivé. Il avait failli couper court à cette action dont il ignorait la fin et quitter la pièce par crainte de faire une erreur, mais quand il avait vu ses beaux cheveux s'éparpiller et le visage de sa belle camarade de classe rougir, il n'avait pu s'empêcher de chuchoter qu'elle était sexy.  C'était à ce moment-là qu'il avait reconnu qu'il n'était plus maître de lui, dès lors il avait choisi de suivre ses sentiments, tout comme les paroles de la belle femme de ce soir qui l'encourageaient.

Aujourd'hui, il y repensait et regrettait. Il ne la connaissait pas si bien, il ne la côtoyait pas et n'était même jamais assis à côté d'elle en classe depuis le collège. Il savait qu'ils avaient toujours fréquenté la même école et qu'à une période de sa vie, elle faisait partie des filles qui le harcelaient jusqu'à la quatrième. Cela signifiait donc qu'ils n'avaient même pas franchi le cap de l'amitié et qu'ils avaient directement sauté les marches de l'escalier des relations. Certes, il existait des gens qui n'en avaient cure et qui sautaient des étapes, mais il n'était pas ainsi. Bien que jamais il n'avait entrevu de relation avec qui que ce soit, il avait toujours appris qu'une relation se construisait progressivement, notamment lorsqu'elle impliquait le sentiment amoureux. Dans le cas présent, il n'y en avait pas. D'ailleurs, comment aurait-il pu en avoir ? Avant cette soirée, où il venait de découvrir l'alcool et ses limites, jamais il n'avait discuté avec elle.

Ce matin, on était lundi et bien qu'il y avait réfléchi tout le week-end, il ignorait comment faire face à elle. Haruno Sakura, dont le nom était particulièrement bien appropriée à sa longue chevelure rose, d'après lui. Il s'était réveillé tôt pour l'éviter, il était certain qu'en arrivant une heure en avance, il ne la croiserait ni dans la cour, ni dans les couloirs, tout en sachant qu'elle arrivait généralement accompagnée de ses amies et que par conséquent, elle n'oserait pas lui parler, comme à chaque fois depuis plusieurs années.

Quelle en fut sa surprise quand il la vit assise à sa place, dans le rang du milieu, non loin de l'entrée. Par réflexe, il clôt la porte tout en maintenant sa contenance et entreprit de réfléchir à un plan. Il ne se doutait toutefois pas que Sakura ouvrirait à son tour la porte pour lui faire face. Sur son visage, il put lire une détermination dont il ne comprenait pas la source. Dépassé par sa volonté débordante, il fit un pas en arrière tout en essayant de ne pas montrer son désarroi.

« Sasuke-kun ! », s'exclama-t-elle dans le couloir désert.

Sans répondre, il attendit la suite. Qu'allait-elle lui cracher ? Qu'il avait été affreux de partir sans lui dire au revoir ? Qu'il aurait pu lui laisser son numéro de téléphone ? Qu'il avait été nul comme un pied — ce serait terrible pour son honneur — et qu'elle regrettait amèrement cette soirée ?