Fabuleuse bibliothèque

La visite

Coralie visita avec curiosité la bibliothèque; qui lui semblait enchantée depuis son arrivée. Un des libraires lui appris que tout le monde appelait cet endroit "La Forêt Aux Mille Papillons". Elle n'était donc pas la seule à aimer toutes les merveilles que renfermait cet habitat bien singulier.

Elle rêvassait en admirant les immenses étagères garnies de livres de toutes sortes. Contrairement à ce qu'elle avait imaginé, ils étaient dans un désordre absolu; et chercher un livre sans l'aide de M. Anton c'était chercher une aiguille dans une botte de foin. Il lui avait expliquée que c'était d'abord plus facile pour les jeunes lecteurs, car ils reposaient le livre où bon leur semblait et aussi parce que c'était tout le charme de cette bibliothèque. Il avait raison.

C'était, comme lui le disait si bien, fabuleux. Quand il n'y avait pas de bouquins, que se soit sur des tables basses ou dans les hauteurs des étagères, il y avait des fauteuils et des poufs multicolores où l'on pouvait s'enfoncer agréablement pour une lecture. De tout en haut, par la lucarne, passaient, encore et toujours, rayons du soleil. Ils éclairaient les couvertures carton des livres et les faisaient scintiller. Les poussières qui s'accumulaient un peu partout rendaient cette pièce encore plus vivante. De petites plantes s'éparpillaient dans le décor et quelques unes s'enroulaient gracieusement autour des bibelots. Pour accéder aux plus hautes étagères, des escabeaux salis par la peinture étaient mis à disposition; et de fins et tortueux escaliers de fer tournaient autour de l'unique pièce.

C'était si beau que Coralie avait l'impression de rêver. Et au fond d'elle, elle pensait "faites que ce soit vrai, faites que ce soit vrai...". Car elle avait besoin du réconfort que lui apportait cette bibliothèque. Ce qu'elle vivait n'était pas drôle. Ah ça! Pas drôle du tout même. Sa mère était gravement malade, son petit-ami partait bientôt au Vietnam pour voir sa sœur et elle se retrouverait seule. Une amie lui avait conseillée cet endroit mais elle ne s'attendait pas du tout à cette grande pièce chaleureuse. Elle se fit la promesse intérieurement qu'elle reviendrait ici chaque jour.

Toutes les personnes présentes se déplaçaient sans un bruit. Si bien que Mlle Pâquerette ne les avait pas remarquées. Beaucoup d'adolescents venaient se réfugier parmi les pages remplies de récits fantastiques de la "Forêt Aux Mille Papillons". Allongés sur de longs tapis ou assis confortablement dans les fauteuils, ils lisaient pour oublier eux aussi leurs soucis ou simplement pour pouvoir vagabonder autre part que dans les pauvres ruelles de ce quartier gris.

On était samedi. Le soleil de l'après-midi tapait sur les trottoirs sales de la ville. Je ne me rappelle plus de son nom. Mais quoiqu'elle n'avait pas très bonne réputation, les habitants étaient polis et souriants. Pourtant, sans la boutique de M. Anton, la ville aurait était si monotone... Rien que d'y penser, Coralie en avait froid dans le dos.

Après avoir observé longuement tous les coins et recoins de la bibliothèque, elle rentra chez elle; une flamme de joie inhabituelle brûlant dans sa poitrine.

Elle monta les deux étages qui la séparaient de son appartement et ouvrit tranquillement la porte de bois. Puis, après avoir retiré ses chaussures, elle posa ses clefs sur la commode et se jeta sur le canapé. Cette journée se terminée à merveille comparée aux précédentes. Et Coralie se coucha en imaginant tout ce qu'elle pourrait accomplir avec le réconfort des livres de la "Forêt Aux Mille Papillons".