III.

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« L'espoir a les yeux brillants. »

- Michel Bouthot.

Christopher ouvrit péniblement les yeux et se redressa sur son séant.

Il était dans sa chambre.

Il s'étira en baillant : impossible de se rappeler quand et comment il avait atterri dans son lit.

Un coup d'œil du côté de son réveil ; déjà onze heures trente.

La sonnerie stridente de son téléphone portable le tira de son sommeil. C'était Minho.

- Allô ?

- Chris dieu merci, j'ai bien cru qu'il t'était arrivé quelque chose ! J'ai déjà essayé de t'appeler une bonne dizaine de fois.

- Il faut croire que j'ai eu le sommeil plus lourd que d'habitude. Il y a un problème ? Il est arrivé quelque chose ? Demanda Christopher en repoussant les draps.

Il se leva les mains tremblantes et l'estomac noué : il avait un mauvais pressentiment.

- C'est Katherine, finit par répondre Minho après un moment. Il faut que tu viennes à l'hôpital.

- Elle va bien ?

- Oui... Peter est en chemin, il va passer te prendre.

- Tu-

Le coréen avait déjà raccroché.

- Fait chier !

Il enfila un bas de survêtement, un t-shirt propre et quitta son appartement, faisant les cents pas dans la rue en attendant Peter.

*

Christopher arriva en trombe dans la chambre de sa femme. Ses beaux-parents étaient là eux aussi. Ils avaient les yeux rouges et gonflés comme s'ils avaient versés des larmes des heures durant. Minho, qui s'était isolé dans un coin de la pièce, semblait avoir pleuré lui aussi.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Katherine va bien ?

- Asseyez-vous monsieur Bang, lui dit le médecin en lui désignant une chaise d'un signe de main.

- Je ne veux pas m'asseoir, je veux savoir ce qu'il se passe !

Le médecin émit un long soupir.

- Votre femme a fait deux arrêts cardiovasculaire.

Un silence s'installa dans la pièce. Un silence de mort.

- Quoi... ?

Christopher avait parler si bas qu'il n'était même pas sûr que le médecin l'ait entendu. Il se laissa tomber sur cette vieille chaise en métal, le souffle court. Il n'avait plus la force de tenir debout.

- Chris, commença Minho en s'approchant doucement de lui. Je crois... Je crois qu'il faut lui dire au revoir.

- Non... Non !

Il essaya de se relever mais ses jambes se dérobèrent sous son poids.

- Je veux la voir. Je veux la voir !

- Chris-

- Je veux la voir !

Le médecin acquiesça silencieusement.

- Elle est salle de réanimation, au bout du couloir.

*

Cette image, jamais il ne pourrait l'effacer de sa mémoire.

Etendue dans ce lit, prisonnière de ces machines. Endormie, silencieuse, loin. Si loin de lui.

Une infirmière l'aida à s'asseoir près d'elle puis, après quelques minutes, décida qu'ils avaient besoin d'êtres seuls.

Après un long moment d'hésitation il lui prit délicatement la main, comme s'il avait peur de la blesser.

- Il faut que tu te battes. Il faut que tu te battes, s'il te plaît.

Cette phrase il la répéta en boucle, encore et encore, mais Katherine ne l'entendait pas.

*

Christopher se réveilla en sursaut lorsqu'il entendit les machines s'affoler. Un tas de voyants rouge clignotaient tout autour de lui et les cris de ses appareils électroniques semblait ne plus vouloir s'arrêter.

- Sortez-le, ordonna le médecin.

Il ne l'avait même pas vu entrer.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

Personne ne lui répondait, personne ne l'entendait.

- S'il vous plaît !

- J'ai dit : sortez-le !

Vidé de toute énergie, il ne résista même pas lorsque cette infirmière lui empoigna le bras pour l'obliger à quitter la pièce. Elle le confia à Minho et Peter avant de disparaître sans leur donner plus d'explications.

- J'ai pas eu le temps de lui dire au revoir. J'ai pas eu le temps... Murmura-t-il la voix tremblant.

Aucunes larmes ne s'échappaient de ses yeux pourtant brûlants.

Il était comme une poupée de chiffon entre les bras de son ami ; son corps ne répondait plus.

Tout avait l'air de se passer au ralentit autour de lui. Les parents de Katherine qui hurlaient et tambourinaient contre la porte close, les bras de Minho et Peter fermement enserrés autour de lui.

Et les sanglots. Tout ces sanglots.

*

Une heure s'était écoulée, peut-être plus. Le personnel hospitalier quittait la chambre, aides-soignants, infirmiers et en dernier le médecin.

Il tremblait presque et ses yeux étaient prêts à sortir de leurs orbites.

Il s'approcha de Christopher, s'agenouilla devant lui et posa une main sur son épaule.

Il allait lui dire. C'était le moment.

« Ne le dit pas. »

- Elle...

« Ne le dit pas ! »

- Elle est réveillée.

Amnesia - Bang ChanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant