Hoax

Soutenir le regard. #Louis

"Je voudrais avoir le pouvoir de t'ignorer comme tu m'ignores."

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Je la scrute comme un savant fou étudierait un rat de laboratoire, ou une souris mais ça n'a pas vraiment d'importance et d'après moi c'est pratiquement la même chose. Elle rencontre négligemment mon regard et je fais mine de m'intéresser au paysage qui défile par la fenêtre. Oui, je n'ai aucune volonté, je l'avoue. Elle croise les jambes avec la grâce d'un ange et s'enfonce un peu plus dans son siège, fronçant les sourcils d'un mouvement à peine perceptible provoquant l'apparition de fines rides sur son front lui donnant l'air d'une enfant boudeuse et décide finalement de m'ignorer encore une fois. C'est devenu une habitude et j'ai appris à l'accepter.

Je la cherche.

Je la trouve.

Je la fuis.

Je regrette.

Je regrette de ne pas savoir soutenir son regard. Je suis certain qu'elle lit en moi et ça me dépasse totalement. Elle doit me trouver si insignifiant qu'elle ne prend plus la peine de m'accorder de l'attention. La vie est ainsi faite et je n'y peut rien. Je ne me plains pas ! Non, je ne plains jamais... enfin presque jamais... bon d'accord, assez souvent en faite mais c'est pour la forme. Tout le monde à besoin de se plaindre, ça s'appelle exprimer son point de vue, sans ça on deviendrais dépressifs. Je soupire et m'étale sur ma place en prenant la consistance d'une guimauve puis enfouis mes mains dans les poches de ma veste et me raidis en en ressortant une boîte de gâteaux à moitié vide (...ou à moitié pleine...) que j'avais complètement oublié.

- Oh ! Je... J'avais... Tu en ve...?"

Elle m'arrache brutalement le paquet et porte un biscuit à sa bouche sans poser les yeux sur moi. Je fais la moue mais lui sourit faiblement.

"Tu m'en laisseras un peu...

- Tu en as déjà mangé la moitié."

Déclare t-elle sur un ton qui ne permet pas d'autres commentaires. Je ne proteste donc pas, compte tenu du fait que ça serait inutile et, qui plus est, qu'elle a raison. J'attends quelques secondes pour qu'elle finisse sa bouchée et relance la conversation.

- Tu ne veux pas que je te commande un uniforme ? Au cas où tu aurais envie d'y aller ?"

Elle continue de manger comme si je n'avais pas prononcé le moindre mot. J'arrête de respirer et fixe ses lèvres en attente d'une réponse. On dirait qu'elle met tout en œuvre pour me faire languir. Chaque détail, aussi futile qu'il soit, est minutieusement testé, évalué, calculé et enfin utilisé à mon intention. Elle prend de longues minutes pour finir son repas et me rend la boîte, maintenant vide, en soufflant.

- Je n'aurais pas envie d'y aller."