Amour Cupide [ Bungo Stray Dogs / Soukoku ]

Partie IV

Comment ça « c'était lui qui l'avait trouvé » ?

Le sourire de Dazai s'effaça en assimilant la dure information dont il venait de lui faire part. De nombreuses secondes s'écoulèrent où le détective dévisagea Chûya sous tous les angles, comme si la réponse était inscrite sur son corps. Le rouquin ne parvenait même pas à soutenir son regard sombre, se sentant encore plus perturbé de sa présence qu'auparavant.

Surtout après s'être très clairement rappelé de cette fin de soirée chaotique...

Chûya avait de loin préféré rentrer dans les appartements qui lui étaient attribués dans les locaux de la Mafia, n'ayant pas la foi d'affronter la solitude de son logement personnel, après le festival. De toute façon, il allait devoir faire son rapport à Mori sur leur mission commune.

Avec une négligence extrême, et une fois qu'il eut terminé son entretien avec le parrain, il se laissa tomber lourdement sur son lit, vidant l'intégralité de l'air de ses poumons en espérant que cela parviendrait à le calmer. Mais c'était peine perdue.

Son cœur ne cessait de tambouriner avec violence dans sa cage thoracique, le feu qui le consumait de l'intérieur refusait de s'affaiblir lui aussi. Et cela était pire quand il se rejouait les images de cet étreinte qu'il venait de partager avec Dazai. Comment parvenait-il à ce point à le secouer comme ça ?!

- T'as passé une si mauvaise soirée que ça ? Débuta le détenteur de Rashômon, ayant aperçu son collègue rentrer avec un air massacrant collé sur le visage.

Chûya n'aurait su dire si son ami lui lançait ouvertement un sous-entendu ou bien s'il se référençait juste à la missive que son supérieur lui avait attribué. Un long soupir entendu passa la barrière de ses lèvres en guise de réponse, après tout il n'avait pas délaissé la solitude pour se plaindre de l'attention qu'on lui conférait.

Akutagawa s'installa dans un siège en face de lui, proposant donc silencieusement de lui expliquer. Si le rouquin ne connaissait pas aussi bien le plus jeune, il l'aurait interrogé sur le pourquoi-du-comment il se postait ici. Mais n'étant pas forcément très enclin à la conversation et au commérage, c'était sa manière à lui de lui dire qu'il pouvait lui en parler s'il le souhaitait.

- Je viens de me prendre la gueule avec l'autre espèce de momie...

- Ça change pas beaucoup des habitudes, déclara-t-il d'un ton indifférent.

Le rire jaune de Chûya pourfendit doucement l'air. Quelques souvenirs de ce genre de taquineries lui traversa l'esprit, et il sentit sa poitrine se serrer.

Et voilà que maintenant il éprouvait des remords...

Foutus sentiments.

Des fois, il enviait vraiment les talents d'acteur de Dazai. Car c'était bien la triste vérité qui s'imposait à ses yeux : Dazai était très bon comédien. Ce n'est pas comme si leur baiser avait eu une quelconque importance à ses yeux...

- T'es vraiment buté d'esprit, annonça Akutagawa.

Depuis quand il savait se la jouer psychologue lui ?!

- Je t'emmerde.

Un silence flotta, quelques minutes durant, où Chûya ne put s'empêcher de se poser une multitude de questions, toutes aussi pesante les unes que les autres. Le nœud qui le contractait de l'intérieur ne cessait de s'amplifier, surtout en se remémorant la mine brisée du brun après qu'il l'ait repoussé. Et finalement, au bout de ce qui semblait être une éternité, il reprit la parole.