Stalker

Appartement

Terracid était dans un taxi, sa jambe battant nerveusement contre le siège de devant. Le conducteur devait sûrement être agacé mais il n'en avait strictement rien à foutre, pour être très honnête.
Son téléphone à la main, il fixait l'écran qui diffusait le live de leur chaîne avec appréhension. Cela faisait plus de cinq minutes que ce taré avait entraîné Laink dans la cuisine et ils n'en ressortaient toujours pas. Il ne comprenait toujours pas comment cela avait pu se produire.

Qu'est-ce que ce mec faisait chez lui à cette heure-ci ?

Comment était-il rentré ?

Il n'avait aucune réponse et le live ne renvoyait toujours aucune image de Laink ou de celui qui s'était introduit chez lui.

Le chat était en ébullition depuis un bon moment maintenant, chacun y allant de sa petite théorie sur comment ce malade était rentré dans l'appartement. Certaines personnalités connues telles que Maghla ou Antoine Daniel avaient étaient alertés par leur communauté et souhaitaient témoigner de leur soutien.

Sur Twitch, c'était l'évènement de la soirée. Pourtant, Terracid n'arrivait pas à s'en réjouir. Il n'avait jamais été aussi terrifié de toute sa vie.

Pourtant, il en avait eu des périodes de stress intenses. Comme ce moment où il s'était apprêté à monter sur scène pour le Wankil Show Barrière. Il se souvenait qu'il était blanc, complètement tétanisé par le trac et par le fait de monter sur scène devant un public aussi immense.
Heureusement, il y avait eu Laink. Lui aussi n'était pas très serein mais il l'avait rassuré en lui disant qu'on pouvait le remplacer le temps qu'il se sente mieux. Que ce n'était pas grave.
Que son bien-être passait avant le show, quoi qu'on en dise.

Mais là, il était seul.

Thomas aussi.

Et il comptait sur lui.

Après quelques minutes qui lui semblèrent interminables, le taxi s'arrêta enfin devant l'immeuble où séjournait son meilleur ami. D'un bond, il quitta le véhicule et grimpa les escaliers quatres à quatres, le coeur battant violemment dans sa cage thoracique. Un véhicule de police stationnait plus bas mais il ignorait si c'était pour son ami qu'ils étaient là.

En tout cas, il espérait vraiment que ce soit le cas.

Lorsqu'il arriva devant la porte, il constata avec un énorme poids dans l'estomac qu'elle était déjà ouverte. Un homme de son âge, en costume de fonction, sembla le remarquer et s'avança vers lui en fronçant les sourcils :

- Ne restez pas là s'il vous plaît. Y'a rien à voir.

- Je... C'est moi qui vous ai appelé.

Le policier le toisa du regard, suspicieux, avant de soupirer. Le jeune homme en face de lui était pâle, et visiblement sur les nerfs. De plus, sa voix semblait correspondre à celle qu'il avait eu au téléphone :

- Très bien. Mais vous ne pouvez pas rentrer pour l'instant. Je reviens vers vous dès que j'ai plus d'infos.

Le sang du vidéaste se glaça brusquement dans ses veines :

- Mais...-

Il se tut soudainement lorsqu'une deuxième personne passa devant eux, sortant de l'appartement tout en jetant un bref coup d'oeil à son collègue. Elle portait des gants assez usés, si on en juge de par la qualité du tissu...

...qui était également couvert d'une étrange substance rougeâtre.

Une horrible sensation de panique enserra la gorge du jeune homme qui se précipita vers l'entrée de l'habitat, ignorant les appels de l'homme qui lui avait interdit de rentrer.
Il marcha très rapidement sans s'arrêter, cherchant la moindre trace de son ami.