Recueil d'O.S. | Asanoya

4 | Micro-ondes

Deux grands yeux noirs qui brillaient dans l'obscurité.

Un sourire malicieux.

Et cette voix joyeuse et douce à la fois, qui répétait, inlassablement :

"Micro-ondes"

Diiing!

Je me suis réveillé en sursaut. Le micro-ondes venait de sonner.

Je me suis levé du canapé où je m'étais assoupi et ai ouvert la porte de la machine.
Le gâteau au chocolat était trop cuit, brûlé sur le dessus.

-Purée...

"Micro-ondes"...

Depuis plusieurs semaines, mes rêves étaient étranges. Toujours ce même mot qui revenait, sans cesse, qui tournait et retournait dans mon esprit comme une chanson entêtante.

Et ces mêmes yeux qui me rappelaient vaguement quelque chose.

Soudain, la porte d'entrée a claqué. «Déjà...», pensais-je.

Une voix de jeune femme a résonné dans l'appartement :

-Asahi ? Je suis rentrée !

-Salut ! T'as passé une bonne journée ?

Je me suis dirigée vers elle.

« Elle », Emy. Ma petite amie depuis quelques années maintenant, mais combien ? J'avais arrêté de compter. Emy était une jeune femme grande, sociable et gentille, avec de longs cheveux blonds qui tombaient en cascade sur ses épaules. Emy était issue d'une bonne famille, douée d'une grande intelligence et elle travaillait beaucoup.

Mais avant tout cela, Emy était surtout quelqu'un qu'on avait fait rentrer de force dans ma vie.

Je lui ai souri gentiment. Mais ce que je ne lui aurait jamais dit, c'est que c'était un sourire forcé.

-Une journée comme les autres, finit-elle par me répondre en soupirant.

Elle rangea ses baskets et se dirigea dans la cuisine.

-Asahiii ??? C'est normal que le micro-ondes-...

Un énorme bruit d'explosion retentit, suivi du cri d'Emy.

-Qu-...

J'avais peut-être oublié d'éteindre le micro-ondes... Et le gâteau avait explosé à l'intérieur...

-Il va sans doute falloir en racheter un, Asahi, je crois...

Je suis allé dans la cuisine pour constater les dégâts. Effectivement, la machine était totalement hors-service.

-Les magasins sont encore ouverts, à cette heure-là, non?
-Ouais... Je vais y aller maintenant.

J'ai pris ma carte bleue, enfilé mon manteau, et je suis sorti de l'appartement.

Il pleuvait dehors. Une pluie glaciale, avec de grosses gouttes qui coulaient le long de ma nuque.

"Micro-ondes"...

Ce temps me rappelait ce jour, il y a... Longtemps.

Ce jour depuis lequel j'étais prisonnier ici, dans un petit appartement de Tokyo, en couple avec une fille qui n'aurait dû être qu'une amie.

Ce jour où j'avais dû quitter mon lycée, mon équipe, ma passion, mes amis... Et quelqu'un de particulier pour moi. Afin de supporter la vie ici, je me suis forcé à oublier son visage, sa voix, et même son nom, mais je n'ai pas pu oublier tout ce qu'il me faisait ressentir.