Chapitre 6

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La jeune soldate revêtit son uniforme avant de sortir de sa chambre en direction du terrain d'entraînement. Il était tôt et elle aurait sûrement dû aller au réfectoire où quelques un de ses camarades auraient peut-être été malgré l'heure mais elle avait perdu l'habitude. C'est donc le ventre vide qu'elle marcha lentement vers le lieu convoité. Ses supérieurs lui avaient interdit tous entraînements jusqu'à son rétablissement complet mais elle avait jugée bon de ne pas les écouter. Elle passait donc ses nuits et ses matinées à se battre sans relâche, épuisant toujours plus son corps déjà bien trop amoché, et lorsque des membres du bataillon commençaient par faire leur apparition, elle s'arrêtait et retournait dans sa chambre en les évitant afin de ne pas éveiller les soupçons.

De plus, Eren avait eu la merveilleuse idée de la surveiller en permanence. Il l'obligeait à se rendre au réfectoire pour la faire manger alors qu'à chaque fois elle n'avalait pratiquement rien. Son masque d'impassibilité tenait parfaitement et les questions avaient arrêtées d'être posées lorsque ses collègues s'étaient rendus compte qu'ils n'auraient pas de réponse. Le seul qui continuait à persévérer était celui qu'elle considérait comme son frère et se serait mentir de dire que cela ne l'agaçait plus qu'autre chose. Elle ne voulait plus jamais parler de ce qu'il lui était arrivé et il ne cessait de remuer le couteau dans la plaie sans s'en rendre compte. Alors, de temps en temps, elle lui faisait comprendre fermement qu'elle voulait qu'il se taise et, à chaque fois, il était surpris de son comportement mais finissait toujours pas ignorer les demandes de Mikasa. Elle voulait juste qu'il ne parle plus, pas de ça, et qu'il cesse de la considérer comme une pauvre petite fille faible et vulnérable. Elle voulait que tous les regards de pitié qu'on lui lançait s'arrêtent alors elle leurs répondait par un regard noir. Elle voulait redevenir cette femme que les gens évitaient de par sa froideur et qu'on laissait tranquille.

Seulement, bien qu'elle avait développé des techniques pour faire taire ses camarades, elle ne savait pas quoi faire pour que son cerveau cesse aussi. Elle ne dormait plus ou lorsqu'elle s'écraisait dans son lit de fatigue quand son corps ne pouvait plus la soutenir et qu'elle sombrait dans un sommeil profond, ce dernier ne durait pas, les traumatismes entassés dans ses entrailles ressurgissant dans ses rêves, écourtant violement son temps de repos. La jeune femme avait fini par avoir peur de la nuit et des fantômes qu'elle amenait avec elle. Elle avait peur des bras de Morphée autrefois accueillant qui aujourd'hui la montrait sous sa forme la plus vulnérable, la plus faible. Et ce manque cruel de sommeil l'empêchait d'enfouir au plus profond d'elle-même ce mal qui la rongeait, qui la dévorait de l'intérieur et qui détruisait tout sur son passage. Les images tournaient en boucle dans sa tête, comme si les souvenirs ne pouvaient plus être oubliés, que ses sentiments trop longtemps mis de côté l'envahissait pour créer un tornade dévastatrice dans tout son être.

Et son visage restait impassible tandis qu'elle mourait de l'intérieur.

Une fois sur le terrain d'entraînement et après s'être assurée qu'elle était bien seule, Mikasa enroula une bande protectrice sur chacune de ses mains et s'approcha d'un pas décidé du sac de frappe. Les premiers coups furent basiques et mesurés. Cela faisait longtemps qu'elle ne serait pas entraînée au combat au corps à corps. Dernièrement, elle avait préféré s'assurer qu'elle avait encore la capacité de se battre dans les airs et que son maniement de l'épée était irréprochable. Il était aussi plus simple de s'exercer ainsi puisque les mannequins représentant des titans étaient dispersés dans la forêt où il était plus facile de se cacher si un de ses camarades avait décidé de s'adonner à un entraînement matinal ou nocturne. Mais en ce jour, elle avait décidé de tester la force de son corps sans aide extérieure.

Mais au fur et à mesure, les coups étaient devenus plus forts, trop forts, et ses poings s'écraisaient rageusement sur le sac qui se déformait un peu plus à chaque impact. Ce sac avait d'ailleurs changé d'apparence. Il ne s'agissait plus de sable emprisonné dans un tissu épais. Mikasa y voyait désormais le visage de chaque homme qui avait posé leurs mains sales sur son corps dans l'unique but de le souiller toujours plus. Ell revoyait leur sourire malsain et le plaisir qui l'était d'autant plus déformer leur faciès. Elle ressentait tout ce qu'elle avait pu ressentir pendant les derniers mois comme si elle revivait de nouveau son enfer.

Et Mikasa était humaine.

Des larmes emprisonnées depuis trop longtemps sous ses paupières s'échappèrent pour venir s'échouer sur ses joues rougies par l'effort. Les coups étaient trop violent, les petites bandes autour de ses phalanges n'étaient pas assez résistantes et bientôt du sang tâcha le tissu blanc. Il n'y avait plus de technique dans ses mouvements, plus rien n'était calculé, ce n'était que de la haine dans son état le plus pur. De la haine envers ses assaillants. De la haine envers elle-même. De la haine envers ce monde qu'elle n'avait jamais compris et qui ne la comprenait pas. Qui ne la comprenait plus.

Ses jambes la lâchèrent et elle s'effondra sur le sol. Elle ne bougea pas, seul son corps tremblait. Le soleil tapait contre sa peau mais elle ne le sentait pas. Elle ne voyait plus le ciel bleu en face d'elle. Le monde avait disparu autour de la brune. La seule image que lui renvoyait son cerveau était celle de cette chambre délabrée où elle avait perdu tout. Où elle s'était perdue. A cet instant, elle aurait voulu crier, crier tellement fort que ce cri aurait déchirer le ciel et fait trembler la terre. Mais ses lèvres se pincèrent jusqu'à ne former qu'une ligne droite et ses mains vinrent appuyer fortement sur sa bouche. Automatiquement, son corps se recroquevilla sur lui-même et ses bras cachèrent son visage comme pour se protéger d'une menace qui n'avait plus lieu d'être.

Perdu dans son traumatisme qui résonnait infiniment dans son crâne, Mikasa n'entendit pas les pas se rapprocher de son corps qui tentait de se faire plus petit que possible. Seule la voix de tous ces hommes titillait son tympan comme s'ils étaient entrain de sussurer dans son oreille à l'instant même. Elle était dans l'incapacité de se rendre compte d'où elle était, que son calvaire était fini, qu'elle était en sécurité désormais. Une main froide se posa un peu brutalement sur son poignet. Ce geste fut bien trop maladroit et Mikasa eut pour réflexe de reculer vivement en criant.

«- Vous n'avez pas le droit de me toucher !

- Ce n'était pas mon intention, résonna une voix qui la ramena rapidement à la réalité. »

La soldate essuya à une vitesse folle ses larmes et se redressa en rendant son visage aussi neutre que possible. Le Caporal-chef resta agenouiller un petit instant avant de se relever à son tour. Il fixa sa subordonné d'un air qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer. Elle n'avait jamais vu ce regard auparavant. Il n'y avait pas de pitié, mais pas de froideur également dans ses yeux. De la compréhension peut-être, qui pouvait l'affirmer. De la compassion, elle n'en savait rien. Il la sonda un instant et la brune s'attendait à une réprimande sévère de sa part étant donné qu'elle avait désobéi aux ordres mais il n'en fut rien.

«- Va te reposer. Ton corps est épuisé.

- Je ne suis pas fatiguée.

- Et je ne te crois pas, Ackerman. Tu es tellement fatiguée que tu ne tiens plus. Tu es entrain de t'effondrer à force de te persuader que tout va bien. Tu es entrain de mourir. Et le bataillon ne veut pas ça. Personne ne le veut, dit-il en la regardant avec la même lueur dans ses yeux. Ecoute au moins cet ordre, c'est tout ce que je te demande. »

Mikasa ne su quoi répondre face à cet élan de gentillesse dont son supérieur faisait preuve. Elle ne l'avait jamais connu ainsi. En cet instant, il n'était plus le Caporal-chef détestable qu'elle ne connaissait que trop, il était simplement Levi, un humain. Quelqu'un qui ne la prenait pas en pitié, quelqu'un qui ne la voyait pas en tant que faible mais en tant que victime. Peut-être même quelqu'un qui la voyait pour la première fois depuis trop longtemps. Cet aspect du brun la destabillisa autant qu'il la toucha. Elle hocha simplement la tête avant de passer devant son supérieur et de rentrer à l'intérieur de la bâtisse, l'esprit embrumé de multiples questions.





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Hola chicos ! Voici le nouveau chapitre, j'espère qu'il vous a plu bien qu'il ne soit qu'un chapitre de transition.

Bonne journée/soirée ;)

margotlme

Ce jour-là, l'humanité s'en est souvenue... [SnK LeviXMikasa]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant