Parler aux tombes rend heureux.

Mère.

Rayonnant de jour, la tombée de la nuit lui faisait perdre de son éclat. Playlist. Larmes sur un regard lointain à travers la fenêtre. 3 arrêts... Cimetière. Le trajet était toujours identique : traverser les portes de la mort. Tout droit. La troisième à droite. La deuxième à gauche. Tout droit. L'arbre. Slalomer entre les restes de corps. Une tombe. S'asseoir. S'allonger.

Un nom. Un prénom. Deux dates. Une tombe. Était-ce hypocrite de toujours sourire alors que la peine, le chagrin, les pleurs l'attendaient chaque soir ? Être allongé sur le dos fait s'élever les mots jusqu'au paradis, d'après les dires. Encore fallait-il que la personne concernée puisse les recevoir. Cette situation était courante, hebdomadaire. Les mots au 7ème ciel, les larmes au 70ème sous-sol, au dessus de son cercueil...

Un bruit. Les mots ne montaient plus. Il pleuvait toujours sur sa tombe. Un regard, un sourire forcé... Le temps finit toujours par séparer les gens. Embrasser une tombe, est-ce correct ? Qui sait, il était préférable de ne pas rester là. Sac sur les épaules, un dernier regard et des mots... « A demain, Maman... » Une lettre déposée plus tard, les morts retrouvaient la paix.

« Maman, tu n'es plus là. Et quelque part, moi non plus. Cette coquille vide ne sait que sourire, comme tu me l'as appris, comme tu me l'as demandé avant que le ciel te récupère. J'aimerais tant te rejoindre. Je te retourne tes baisers que j'obtenais chaque soir avant de dormir. Dors jusqu'à ce que je vienne te raconter mes histoires, mes aventures. Tu ne me reviendras pas, mais je reviendrai à toi, sois en sûre. Tu me manques maman, tes câlins, tes bisous, et ta présence. J'ai si hâte de revenir dans tes bras à nouveau, éternellement... »

Demain, son sourire illuminera à nouveau le monde...