Dispute amoureuse

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Écrite dans le cadre d'un concours d'écriture, le défi de cette nouvelle théâtrale était de placer certains mots dans le texte.

Personnages :

Philippe, le baron

Priscilia, sa femme, la baronne

Augustin, le domestique


Le Baron et sa femme dînent dans un salon richement décoré.

LE BARON criant
Augustin ! Venez, je vous prie !

Le domestique entre.

AUGUSTIN
Oui Maître ? Vous m'avez fait mander ?

LE BARON
En effet, il faudrait que vous me preniez un rendez-vous en compagnie de l'esthéticien mon cher. Observez le triste état de mes cuticules... Ne sont-elles pas affreuses ? Et encore vous n'avez pas vu à quel point...

LA BARONNE le coupant
Pourrions-nous, un soir, changer de sujet ? Cela fait trois jours que tu ne cesses de t'en plaindre ! Et en premier lieu, tu devrais penser à te faire raser cette barbichette.

LE BARON
Qu'est-ce qu'elle a ma barbe hein ? Qu'est-ce qu'elle a ? Dis-lui toi Augustin qu'elle est très bien ma barbe !

AUGUSTIN
Monseigneur...

LA BARONNE le coupant à nouveau
Laissez le pauvre Augustin en dehors de ça. Ça te donne mauvais genre, le voilà le problème ! Trois centimètres déjà ! Tu ne dois pas te rendre compte, ce n'est pas possible autrement !

LE BARON
Non mais qu'est-ce que cet extrême chipotage ? Sachez que ce que vous appelez mauvais genre madame, moi je le nomme le look actuel...

LA BARONNE
Alors apprenez que non, ce n'est pas dans mes habitudes de chipoter. Je vous informe simplement que vous ne ressemblez plus à rien. D'ailleurs je présume que les cuticules ne font pas partie de votre "look" actuel? C'est pourtant moins voyant...

LE BARON
C'est bon, vous avez fini votre tintamarre ? Expliquez-moi quel serait le mal à devenir plus actuel hein ?

LA BARONNE
Devenir plus actuels ? Quel hurluberlu vous êtes très cher...

LE BARON
Justement non ! Nous sommes au vingt et unième siècle. De nos jours, la population parle comme bon lui semble et possède de nombreux moyens de distraction ! Par ailleurs, plus personne ne porte vos genres de robes, elles sont affreuses et ne vous siéent pas du tout !

LA BARONNE
Vous croyez-vous tout permis insolent ? Jouons à ce petit jeu dans ce cas, je vous signale que la plus actuelle d'entre nous deux. Moi, je ne suis pas accaparée par la beauté, je me vêtis selon ma classe sociale et pas dans un souci de regard des autres. Moi, je ne prétends pas vouloir imiter une population que j'ai toujours méprisée. Vous rappelez-vous qui s'est opposé à notre mariage arrangé ? Eh oui, moi et seulement moi. Mais bien sûr le point de vue de la femme n'est jamais pris en compte. Nous ne nous aimions pas mais vous vouliez faire plaisir à vos parents alors vous m'avez dit de me taire. Oh oui je vous en veux pour cela, ce n'est pas que votre existence que vous avez gâché, c'est la mienne aussi ! Alors je vous prierai de fermer votre clapet.

LE BARON
Un homme change Priscilia, un homme change...

LA BARONNE
Augustin, je vous en prie, retournez vaquer à vos occupations.

AUGUSTIN
Comme Madame le désire.

LE BARON
Et veillez à me prendre ce rendez-vous !

AUGUSTIN
Monsieur verra son souhait exaucé.

Il sort.

LE BARON
C'est un bon garçon...

LA BARONNE
Était-ce là le sujet ? Sur quel ton vous êtes vous permîtes de me parler devant nos domestiques ? Je suis outrée !

LE BARON
Ce n'était rien, n'en faites pas tout un plat et repassez-moi plutôt un peu de cette fameuse dinde.

LA BARONNE
Non mais vous vous moquez de moi ! Je suis outragée d'un tel affront !

LE BARON
Arrêtez vos inepties ! Qu'auriez-vous préféré ? Que je vous dise de bouger votre gros cul ?

LA BARONNE
Oh !

LE BARON
J'aurai dû faire confiance à mon cousin. Il avait raison quand il m'a dit qu'au bout de dix ans, il fallait répudier sa femme sinon elle devenait insupportable !

LA BARONNE
Votre cousin... je me rappelle très bien du jour où cette pauvre Simone s'est retrouvée à la rue ! Elle était si douce et lui si brutal ! Enfin maintenant elle écrit des romans d'amour à l'eau de roses, elle a réalisé son rêve d'une certaine manière.

LE BARON
Mais je ne vous retiens pas, réalisez le votre rêve ! Vous vouliez devenir femme d'affaires non ? Grand bien vous fasse !

LA BARONNE
Ainsi vous me laisseriez devenir femme d'affaires ? Monter ma propre entreprise ? Être plus qu'une simple potiche ?

LE BARON
Oui, faites comme bon vous semble.

LA BARONNE
Et vous ne ressentiriez rien ? Même pas une pointe de tristesse ?

LE BARON
Si cela peut vous faire plaisir.

LA BARONNE
Tu es un parfait imbécile! Tu sais ce que ça serait mon rêve ? Que tu m'aimes pour qui je suis, pas pour mon rang, pas pour mon physique, pas parce qu'on t'a dit de m'aimer et que je suis ta femme. J'aimerais que tu m'aimes pour les moments qu'on passe ensemble, les rires et les longues discussions, les moments qui n'appartiennent qu'à nous deux...

LE BARON
Priscilia... Tu... Tu m'aimes ?

LA BARONNE
Ça me semble assez clair oui.

LE BARON
Je... Moi aussi, depuis le premier jour. C'était notre toute première rencontre, tu m'as défié du regard et je me souviendrais toujours de ce que tu m'as dit ce jour-là "Philippe, je compte refuser ce mariage." Tu me considérais comme un ami, je le voyais bien mais je t'aimais. Alors j'ai fait la pire bêtise de ma vie que je regrette encore aujourd'hui. Je t'ai dit qu'en tant que femme, tu ne pourrais jamais arrêter ce mariage. Je te voulais tout à moi, sur le coup je n'ai pas réalisé à quel point je t'avais blessé, à quel point je t'avais emprisonné... Alors merci de ton amour mais je n'ai rien fait pour le mériter, vraiment.

LA BARONNE
Tu disais quoi tout à l'heure ? Qu'un homme change n'est-ce pas ? Je t'aime, c'est tout. Nous n'allons pas tergiverser cinq cents ans là-dessus.

LE BARON
J'ai envie que nous nous marions Prisci !

LA BARONNE
Mais nous sommes déjà marié Philippe...

LE BARON
Remarions-nous alors, en tout amour !

Ils s'embrassent.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 02, 2020 ⏰

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