Feuille 4eme

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Simplement ?! Simplement ?!

Mes yeux s'écarquillèrent au coup de feu, avant de se clore de peur alors que mon poignet se perçait dans une douleur qui se fit au premier instant finement discrète.

Le second coup se percuta au plancher. Avant de revoir je sentis qu'on me pris la main. Je chancelai encore jusqu'à m'adosser au mur, et à découvrir un regard effroyablement pâle. Mon ami relâcha ma main en appelant à l'aide sa mère. Et je vis cet accident s'embaumer de rougeâtre. Je ne pouvais cesser de le regarder. Et enfin je serrai les dent en ressentant la réalité. Je réalisai, oui. Et lorsque je ne pus plus les retenir, mes larmes coulèrent. Mais que venait-il de se passer..?

Madame entra en trombe. Sans m'informer de ses directives elle m'assit sur le lit, confia mon équilibre au tireur. Je luttai pour ne pas m'évanouir sous la douleur malgré mon regard trouble par les perlements salins. Et lui emperla mon col, le creux de mon cou. Il se confondit en excuses, et là. Dans ma main propre il déposa son canon court.

« Tire. Tire sur moi ! »

Je refermai ma prise sur l'arme. D'un coup de sang je l'envoyai à l'autre bout du lit.

« Tu n'est pas lucide, stupide que tu es ! Comment veux-tu que je fasse, tu viens de me trouer le poignet ! » n'eus-je que ça à donner comme réponse dans une voix tremblotante.

Je secouai la tête tout en tentant de chasser ce mal. D'un geste vif j'essuyai mon visage et je me claquai la joue.

Madame reparut avec un broc et une bassine. Elle poussa la chaise jusque devant moi et d'un essuie humide elle effaça le sang visqueux de mon poignet. Au bout d'un moment, seul la blessure témoignait de cet épisode. Plus rien de visible, rien que le mental.
Un mental que j'avais à refouler, enfoncer, surmonter, affronter.


Rapidement nous décidâmes d'aller à l'Hôpital Saint-Jean penser ma blessure. La balle était à extraire, cependant je me refusai promptement à subir une telle intervention.

Au devant du bâtiment Madame me demanda ce que j'avais à faire. Rentrer. Pas plus riche qu'à la capitale anglaise elle me donna vingt francs une fois de retour à l'hôtel. Je closai ma valoche. Longtemps j'eus le regard flou sur sa serrure. J'avais voulu partir sans le voir. Comme machinalement mes yeux se dirigèrent vers la porte. Dans l'encadrement mon ami me regardait d'un air absent. Indiscernement il était là, immobile. Je me relevai, glissai ma main autour de ma poignée de valise, et fit quelque pas vers lui et la sortie qu'il obstruait de nouveau. Mais cette fois-ci il se déroba. Je le regardai, un moment. Et il déglutit face à mes yeux qui n'oscillaient pas, comme pour graver ses traits dans ma rétine. Il prononça la première syllabe de mon prénom ; la seconde se perdit dans sa gorge. Je lui permis de se taire d'un baiser au coin de ses lèvres. Et je me détournai.

« Je t'accompagne. » renonça-t-il à me frôler.

L'adieu perlait rouge au creux de ma main - NouvelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant