Section 1 - Introduction

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Je les ai enfin trouvés.

Non, je ne parle pas des deuxièmes vielles chaussettes qui manquent à leur paire. Ça, c'est une cause perdue, et je pense tout le monde le sait.

Non, j'ai trouve quelque chose de plus grand. Quelque chose que j'ai cherché pendant au moins deux tiers de ma vie. Je l'ai cherché depuis ce moment il y a 8 ans, et que j'ai vu, peut être même sans le savoir, ma vie défiler devant mes yeux.

J'ai trouvé L'Agence Internationale de Services Secrets.

Vous avez sûrement déjà regardé un film d'espion, où les agents viennent toquer à la porte du personnage principal pour une raison quelconque, l'emportent avec eux et bim bam boum il devient un agent secret et part en missions.. etc.

Je vous le dit maintenant, la vraie vie c'est pas comme ça. Pour moi en tout cas.

Ils ont du bien être choqués de recevoir un email d'une fille de 15ans qui (après avoir hacké tous leurs systèmes) demande d'être recrutée comme agent. J'étais sure qu'ils ne pourraient pas résister. Je savais tout sur eux. Où étaient leurs 3 700 bases à travers l'Europe jusqu'aux codes de sécurité de leurs ordis.

Bon, si je dit que je ne m'attendais pas à une réponse, c'est juste parce que je ne voulais pas me donner trop d'espoir. La vérité, c'est que je ne dormais pas pendant des nuits après avoir envoyé ce message, espérant une réponse ou me préparant au pire.

« Putain! Répond! »  criai-je un soir en lançant mon téléphone contre le mur, exaspérée. Au moins quelque chose pour confirmer que j'avais raison.

Des jours et des jours se sont écoulés, jusqu'a ce que je finisse par me dire que j'avais en fait rien trouvé. Que toutes ces années de recherche avaient servi à rien.

C'etait un lundi matin quelques semaines plus tard que j'ai reçu un e-mail. Enfin, mes parents sont arrivés dans ma chambre, souriant, excités en tenant l'ordinateur.

« Elizabeth chérie, tu devineras jamais ce qu'on vient de recevoir! » a dit ma mère en s'asseyant à côté de moi.

Mon cœur s'arrêta pendant un instant, espérant que c'était une réponse. Mais je ne devais pas trop espérer. Et pourquoi ils l'auraient envoyé à mes parents? Ça n'avait aucun sens.

L'ordinateur était ouvert devant moi, sur le compte gmail de mes parents. L'email venait d'un certain Lycée Politique de Genève.

Je le savais. Je lâcha un soupir, espérant immédiatement que mes parents n'avaient pas entendu. Tout ce qu'ils avaient jamais voulu était que j'aie la meilleure éducation, le travail le plus payant, la vie parfaite quoi. Même si ça voulait dire qu'ils ignoraient toutes mes autres passions.

« T'as été sélectionnée pour rentrer dans ce lycée! Il est très réputé, tu sais.» annonça mon père, debout devant moi.

Je hocha de la tête, essayant d'être enthousiaste. Mes yeux passèrent sur le texte de l'email, mais je ne retenais aucune information. Tout ce que je ressentis, c'était mon cœur lourd dans ma poitrine.

Une semaine plus tard.

« Tu sais.. 100 pour-cent des élèves sortant de ce lycée sont choisis dans les meilleures universités. » ma mère dit en me regardant dans le rétroviseur.

Comme si ça allait me donner plus d'envie d'y aller.

Je ne leur avais pas parlé de tout le trajet, et je ne comptais pas le faire non plus. Comment pouvaient ils croire que je serais contente d'être envoyée en internat à 3 heures de chez moi?

Et si je ne voulais pas étudier la politique ou le droit dès la seconde? Ils ne comprendront jamais eux avec leurs 50 diplômes différents. Tous mes essais de les convaincre de me laisser aller à un lycée normal ne servaient à rien. Si seulement je savais mieux débattre, mais ça n'a jamais été mon point fort.

Encore une raison pour ne pas aller à un lycée politique.

Bientôt, on arrive à Genève. Enfin, plutôt les alentours de Genève, parce que ça nous a pris beaucoup de temps sur les petites routes pour trouver le lycée.

« Oh non, on va louper le rendez-vous, merde alors! » dis-je ironiquement. «Autant rentrer à la maison! »

Mes parents me répondent d'un regard désespéré.

« Pourquoi t'es jamais contente? On te choisit dans un des meilleurs lycées privés d'Europe, et ces comme ça que tu réagis? » Ma mère recommence le discours que j'ai déjà entendu mille fois.

« Ta sœur était très contente de partir dans son lycée scientifique, et regarde où elle va maintenant. Pourquoi t'es pas plus comme elle? » Soupire mon père, cette fois.

J'ouvre la bouche pour rétorquer, mais la voiture s'arrête brusquement et je vois qu'on est dans un parking rempli de voitures et de gens, d'autres élèves sûrement. Ils quittent tous leurs parents et se dirigent avec leurs valises vers l'entrée, un grand portail métallique. De l'autre côté du parking j'aperçois une vue sur la ville et le lac Leman.

Un lycée aussi haut dans les montagnes? C'est chelou. Pensai-je, mais je garde mes réflexions à moi même. Je sort de la voiture, claquant la porte aussi fort que possible.

Mes parents ont déjà sorti mes valises du coffre et se dirigent vers le portail. Je les suis d'un pas lent, me faufilant à travers les voitures. Quand j'arrive près d'eux il parlent déjà à un homme habillé en costume gris avec des lunettes de soleil noires. C'était sûrement un sorte de surveillant.

Il m'aperçois et sourie gracieusement. « Ah, bonjour. Elizabeth je présume? »

Je hoche de la tête. « Bonjour.. » marmonnai-je avec un faux sourire.

«Vous avez toutes vos affaires?
Malheureusement les parents ne peuvent pas rester, mais on aura un jour de visite en octobre. »

Je lui réponds d'un autre hochement de  tête en prenant les valises que tenaient mes parents.

« Au revoir chérie! » dit ma mère en me prenant dans ses bras. « Tu verras ça sera cool. »

« Ouais.. » je lui répond en soupirant. Je ne pouvais pas rester en colère alors que j'allais plus les revoir pendant longtemps.

Ensuite je passe dans les bras de mon père. Il ne dit rien pendant un moment. Il a une habitude de faire la gueule, quand même plus que ma mère. Je tiens sûrement de lui. « On se voit à la Toussaint. » dit il enfin, m'embrassant sur le haut de la tête.

« Ouais. » je réponds doucement. Je me retire de ses bras et jette un coup d'œil vers l'autre homme. Il me rend un regard inexpressif.

Chelou ce pion. A vrai dire, ce lycée entier était chelou. Mes yeux balayent le bâtiment et la cour qui l'entoure, ainsi que tous les élèves.

« Bon, on te laisse? » dit ma mère en regardant sa montre. « Bisous et appelle nous quand tu peux, ok? »

« Ouais ouais. » je souffle, sans émotion.

« On y va? » dit le surveillant, me faisant un signe de tête. Je le suis à contrecœur, reprise par la réalisation de ma situation. Avec un dernier regard vers mes parents, je décide que je ne me laisserais pas faire.

Ce lycée ne me verra pas très longtemps.

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Section Speciale 022Où les histoires vivent. Découvrez maintenant