Acte I

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L'enfant s'était  endormi depuis plusieurs heures déjà. Son visage décontracté et innocent aurait pu faire  fondre n'importe qui. Ce dernier avait eu un peu de mal à s'endormir, sentant un regard peser sur lui. Mais il avait décidé de l'ignorer et était tombé dans les bras de Morphée quelques minutes plus tard.

Le garçon n'avait pas tout à fait tort. Un regard, discret mais pesant, l'observait. À première vue, il n'y avait aucune silhouette dans la chambre. Cela n'était guère étonnant, personne n'aurait pu le voir de toute façon.

Car tapis dans la console de l'enfant, un être aux allures fantomatiques l'observait. Cet être d'apparence enfantine était assis dans une salle, contemplant la chambre sombre. Il n'était guère humain, ou, tout du moins, ne l'était plus. Il était mort noyé, pour se réincarner en statue dans un jeu vidéo populaire. Ce n'était plus qu'un fantôme hantant la cartouche .

N'importe quel accro aux écrans aurait pu le reconnaître. Sa tunique verte si reconnaissable, ses courts cheveux blonds  tombant en petites mèches de chaque côté de son visage. La seule différence était que contrairement à l'original, cette copie corrompue ne possédait pas d'œil. À la place, deux orbites vides et sombres animées par une pupille rouge. Un liquide carmin coulait de ces derniers, rendant le personnage encore plus effrayant qu'il ne l'était déjà.

Et aussi, contrairement à l'original, il était le seul maître de ses actes. Personne ne lui dictait sa conduite, ni le manipulait tel un pantin grâce à une manette. Il ne faisait pas réellement partie du jeu, c'était plus compliqué que ça. L'être n'était qu'un esprit, réduit à un simple virus. Et si seulement cela en restait là.

Cet esprit  aux premiers abords, semblait n'être qu'un enfant perdu et seul. Les enfants avec qui il entrait en contact le prenaient en pitié. Et cela lui faisait tellement plaisir. Car voyez vous, ce n'était pas un petit ange. Au contraire, c'était un démon de la pire espèce.

Les enfants ou plutôt ses  victimes, voyaient leur vie s'éteindre brusquement, un par un. Et le plus ironique dans tout ça, c'était qu'ils causaient leur propre perte.

Pousser les enfants à leur limite mentale, les ronger petit à petit pour finir par les briser. Le sadisme du fantôme se décuplant à chaque vie ôtée, en voulant toujours plus . Chaque enfant arraché à ses parents nourrissait chez l'être un dégoût. Le dégoût de l'espèce humaine, le plaisir malsain d'éteindre une vie l'emplissait. Le besoin vital de voir du sang frais couler, de voir les esprits se briser en un dernier acte. La dernière larme, le dernier souffle .

Le fantôme se délectait de cette souffrance comme si elle était un cocktail fruité. Il était une sorte de faucheuse, la seule différence était qu'il ne fauchait que les têtes d'enfants innocents.

Il s'était créé un nom, une réputation. Mais malgré ceci, les morts s'amassaient encore et encore . Le sang frais coulant entre ses fins doigts , lui apportait une satisfaction malsaine . Il s'appelait Ben ,Ben Drowned.

Ben scrutait l'enfant . Ce dernier était un garçon d'une douzaine d'années. Ses proches le trouvaient adorable et serviable, mais surtout incroyablement naïf. Il était pris d'affection pour le fantôme , voulant être son ami . Quelle erreur. L'être était à double tranchant : récolter la confiance en se montrant amicale, puis détruire minutieusement.

Le garçon semblait déjà bien attaqué. Il était usé, fatigué. Sa paranoïa s'éveillait doucement, le stress naissant le rongeait. Ses yeux, autrefois saphirs, étaient maintenant teintés d'un  bleu terne et vieux. Ces derniers étaient entourés de légères poche bleutées.

Je t'aime à t'en voir crever Où les histoires vivent. Découvrez maintenant