Prologue

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« Ça ne fait pas grand bien de s'installer dans les rêves en oubliant de vivre. »

Albus Dumbledore, Harry Potter et la pierre Philosophale.

- Alohomora.

La pièce était plongée dans l'obscurité. Elle était dépourvue de lumière, si bien que la seule source de clarté était une étrange lueur bleutée qui éclairais faiblement une énorme porte en fer. Là, se tenais un jeune homme à l'air angoissé, qui agrippait fébrilement sa baguette magique d'où émanait la faible lueur. Il ne cessait de l'agiter contre la paroi de l'immense porte, comme si il cherchait à déceler ses secrets. La serrure était sculptée dans un métal noir a l'air particulièrement solide. En toute logique, chaque serrure pouvais s'ouvrir grâce à une clef, cependant il semblait que celle-ci était hors d'atteinte, ce qui ne manquais pas d'agacer le jeune homme. Il commençait à perdre patience. La pièce était particulièrement petite, et il s'y sentais à présent très à l'étroit. Ses tendances claustrophobes reprenaient peut à peut le dessus, augmentant ainsi son angoisse. Après quelques secondes d'acharnement, il répéta la formule du sortilège de déverrouillage avec impuissance :

- Alohomora !

La serrure de la porte en fer forgé resta fermement verrouillée.

- Alohomora. Alohomora ! Mais tu vas t'ouvrir, oui ?

Découragé et dépité, il se laissa lentement glisser contre le fer glacé, les larmes glissant librement sur ses joues. Les battements de son cœur s'étaient considérablement accélérés, il le sentait. Il avait aussi senti les sueurs froides qui commençaient à couler le long de son dos, et les violents tremblements qui faisait hérisser ses poils sur sa peau. L'angoisse le submergeais définitivement.

- Nox, souffla-t-il.

Sa baguette lui glissa des doigts et roula sur le sol en s'éteignant doucement. L'obscurité devint alors totale. Assis contre le mur, le jeune homme agrippa ses cheveux à pleine main et tira dessus avec violence. Ce n'est qu'un rêve ! se dit-il. Ce doit être un cauchemar, c'est forcément un cauchemar.
Ses yeux se mirent à scruter l'obscurité dans l'espoir que quelque chose se passe, en vain. Rien ne se produisit. Les ténèbres l'enveloppaient littéralement. Il reprit peu à peu son souffle et cela calma son angoisse. Il ne pensait plus à rien ici, seul, dans l'ombre. Il songea alors qu'il aurait été beaucoup plus intelligent de sa part de rester calme dès le début, mais le réflexe d'évasion avait été plus fort.

Instinctivement, presque automatiquement, il souleva la manche de son avant bras gauche avec lenteur. Il effleura délicatement sa peau, puis dessina lentement les contours du tatouage qui y était tracé. Il ne la voyait pas, mais il la sentais. À vrai dire, il la connaissais par cœur. Le crâne parfaitement rond au niveau de son poignet, le serpent qui en jaillissait et qui s'étendait tout le long de son bras... La Marque des Ténèbres n'avais plus son allure d'antan et pourtant, il lui sembla à cet instant qu'elle était plus vivante qu'avant. Comme si quelque chose s'était réveillé et lui avait redonné un peu de sa vigueur passée. C'est alors que doucement, il perçu un murmure, un faible chuchotement. Il n'aurait su dire si il émanait de la Marque ou s'il provenait simplement de son esprit. Peut-être devenait-il tout simplement fou, seul, immobile dans l'ombre de cette petite pièce. Il se concentra sur la voix et remarqua que plus elle se rapprochais, plus il se disait qu'elle ne lui était pas inconnue. Et il lui semblait même qu'elle lui murmurait son nom...

- Drago...

Le jeune homme sursauta. Oui, il connaissais cette voix. Mais il n'aurais jamais cru l'entendre dans un tel moment, ni même dans aucun autre, d'ailleurs. Il avait détesté cette voix pendant de si nombreuses années, qu'il n'aurai pas pensé être capable de l'apprécier un jour. Hors, c'était ce qu'il se passais à présent. Il était heureux d'entendre sa voix. Parce qu'il avait compris d'où elle venait.

La serrure. Cette maudite porte.

Drago se rua dessus avec une telle hâte qu'il s'en écorcha les genoux. Il s'appuya maladroitement sur la porte à l'aide de ses mains et, contre toutes attentes, celle-ci s'ouvrit de l'extérieur dans un bruit de ferraille, comme si quelqu'un l'avais ouverte. Il entra avec prudence, méfiant, et s'aperçut alors que la pièce où il était retenu prisonnier débouchais sur une autre pièce qui lui sembla beaucoup plus grande. Il remarqua que le plafond était maintenu par de grandes voûtes en pierres sculptées, et que celui-ci était étonnamment haut. La pièce était rectangulaire et était pourvue de deux hauts vitraux transparents sur deux de ses côtés parallèles, laissant ainsi filtrer la douce lumière de la Lune. Mais ce qui attira davantage l'œil du jeune homme, et cela le laissa perplexe, fut un imposant miroir qui trônait au centre de la salle.

C'était un magnifique miroir ancien doté d'un cadre en or montant jusqu'au plafond, posé sur deux pieds pourvus de griffes. Drago observa l'objet et lu l'inscription gravée au dessus qui retînt son attention : Riséd elrue ocnot edsi amega siv notsap ert nomen ej. Il ne compris pas le sens de la phrase ni même dans quelle langue elle était écrite. Il s'approcha à pas mesurés du miroir et se retrouva face à son reflet. Il observa tout d'abord ses yeux gris et ses cheveux blonds platine, presque blancs, si caractéristiques des membres de sa famille. Son teint blafard le trahissait également et, à vrai dire, tout chez lui lui rappelait d'où il venait et qui il était. L'expression de son reflet laissa soudainement place au dégoût et Drago recula d'un pas, surpris par lui-même. Il recula encore de quelques pas afin de mieux voir le miroir dans son ensemble, et remarqua que celui-ci était vraiment très grand. C'était même sûrement le plus grand qu'il ai vu de sa vie, bien qu'au manoir familial, ils en possédaient déjà de très beaux et de tailles remarquables. Celui-ci avait quelque chose de spécial.

- Drago...

Il sursauta une nouvelle fois. Oui, parce que c'était encore elle, et que maintenant, il en étais sûre, sa voix provenait du miroir lui même. Son cœur faillit lâcher définitivement quand il la vit à côté de son reflet, souriante, ses cheveux bruns ébouriffés contrastant à côté des siens impeccablement coiffés et d'un blond caractéristique. D'ailleurs, à bien regarder, lui aussi souriait, et Drago ne se rappelais pas avoir vu un tel sourire éclairer son visage de toute sa vie. Il avait conscience qu'il était quelqu'un de très peu expressif, et il admettait volontiers que les rares sourires qu'il accordait s'avéraient souvent moqueurs ou encore narquois. Le sourire qui lui apparaissait à cet instant lui était jusque là inconnu. Est ce que c'était à cause d'elle ? Impossible. Il ne savait pas pourquoi le miroir lui renvoyait son image, puisqu'elle n'était même pas dans la même pièce que lui. Et pourtant c'était bien elle. La même que dans ses souvenirs. Son uniforme rouge et or, ses cheveux, sa silhouette élancée... Tout correspondais. Et c'était effectivement bien lui aussi, vêtu de son uniforme d'école, méconnaissable avec son sourire lumineux.

Drago se rapprocha du miroir et se planta à quelque centimètres de leurs reflets. Sous ses yeux effarés, lui et la jeune fille à ses côtés semblaient très proches et cela le déconcerta encore plus. Il approcha lentement sa main. Tout semblait si irréel. Ses doigts effleurèrent délicatement le verre encrassé et, contrairement à ce à quoi Drago s'attendait, sa paume ne rencontra pas une matière solide mais plutôt quelque chose de fluide, semblable à de l'eau. Le verre coula dans sa main avec souplesse, créant ainsi des ondes voluptueuses sur l'image qu'il lui renvoyais, la rendant de cette façon encore plus surnaturelle. Il passa alors soudainement sa main à travers et la ressortie, intacte, comme si cela n'avais été qu'un récipient contenant un liquide quelconque.

- Ce n'est qu'un rêve, murmura-t-il.

Pris dans son élan, Drago traversa complètement le miroir et ouvrit subitement les yeux.

Noirs abyssesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant