Noirs abysses

Obscurité

« Tu n'es pas quelqu'un de mauvais. Tu es quelqu'un de bon à qui il est arrivé de mauvaises choses. »

Sirius Black, Harry Potter et l'Ordre du Phénix.

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- Tu as une mine affreuse.

Blaise Zabini, les bras chargés de livres et l'air visiblement à bout de souffle, venait d'arriver en trombe dans la bibliothèque de l'école. Il semblait particulièrement agité et l'expression de son visage laissait percevoir son agacement.

- Tu aurais pu m'envoyer un hibou plus tôt, tu sais. Au lieu de me prévenir à la dernière minute de ce que tu comptais faire aujourd'hui.

Drago lui lança un regard noir et lui glissa discrètement le vieux livre qu'il dissimulait sur ses genoux.

- Ne pose pas de questions. Contente toi juste de m'aider.

Blaise le regarda avec incompréhension. Il tenait le livre fermement entre ses mains ; il était crispé et nerveux à la fois.

- Dis moi en plus, s'il-te-plait, implora-t-il. Je ne peux pas pleinement t'aider si je ne sais pas ce que tu souhaites réellement.

Malefoy se redressa sur sa chaise, ferma les yeux et inspira à fond. Lui aussi était nerveux. Cependant, contrairement à son jeune ami, il arrivait mieux à le dissimuler. C'était quelque chose qu'il faisais très bien, ça, dissimuler ses émotions.

- Je ne peux pas t'en parler. Pas ici, laissa-t-il échapper entre ses dents.

- Tu te fiches de moi ! explosa Blaise. C'est toi qui m'a fait venir ici !

- Chhhhhhhhut !

Madame Pince, la bibliothécaire, venait de faire son apparition entre deux rangées de livres. Elle les regarda avec mépris mais, à leur grand soulagement, elle retourna vite à ses occupations en continuant de grommeler dans sa barbe.

- Tu vois, repris Drago en chuchotant. On ne peux pas parler ici, surtout quand tu te mets à hurler.

Blaise le foudroya du regard. Il se leva en silence, rangea le livre dans son sac et invita le jeune Serpentard à le rejoindre.

- Dans ce cas, viens. Je pense qu'on a vraiment besoin de se parler.

Les deux amis quittèrent donc la bibliothèque ensemble pour aller s'installer dans leur dortoir respectif, là où ils pourraient tranquillement discuter.

Le chemin jusqu'aux cachots se fit en silence. Blaise se contentait d'observer discrètement Drago du coin de l'œil, et il remarqua alors que son ami semblait être complètement perdu dans ses pensées. Il faut dire qu'il l'était constamment depuis qu'ils s'étaient revus à la rentrée. Pourtant, Drago n'était pas quelqu'un de rêveur, non, c'était quelqu'un de très terre à terre ; auparavant, on aurait jamais pu l'imaginer comme étant un garçon absent, complètement désintéressé de ce qui l'entourait. C'était pourtant ce qu'il était devenu.

La plupart du temps, Drago se montrait froid et distant. Il l'avait toujours été. Du moins, c'était une facette de sa personnalité qu'il se contentais d'afficher la plupart du temps afin d'intimider les autres. Avec ses amis - hormis ces deux gros crétins de Crabe et Goyle - il pouvait se montrer plutôt sociable et même presque sympathique. Depuis sa cinquième année, il s'était beaucoup rapproché de Blaise Zabini, et passais la majeure partie de son temps avec lui et Pansy Parkinson. La jeune fille avait commencé à lui tourner autour dès leurs premières années à Poudlard, et Drago avait vaguement accepté de sortir avec elle quand ils s'étaient retrouvés à la rentrée. Il n'avait aucun sentiment pour elle, mais sa compagnie l'aidait à décompresser. Elle était collante et parfois insupportable, il fallait l'avouer, mais il s'en contentait. Il ne se gênait cependant pas pour le lui faire savoir : fidèle à lui-même, il lui était arrivé de se montrer très désagréable avec elle les jours où il était vraiment sur les nerfs. Cela aurait d'ailleurs été un euphémisme de dire qu'il était sous tensions en ce moment. Le fardeau qu'il portait sur ses épaules depuis plus d'un mois maintenant était de plus en plus pesant pour lui. L'enjeu était énorme, et l'échec n'était pas une option. Drago se sentait comme prit au piège dans un étaux qu'il voyait peu à peu se refermer sur lui, sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit.