La mer était calme. Le soleil de l'après-midi était haut dans le ciel. Pour l'instant je n'avais pas eu mal au cœur. Mais c'était le cadet de mes soucis. Planquée dans ma cabine pour être à l'abri des autres, c'était le seul endroit où je me sentais véritablement en sécurité. Intrigué par mon comportement, Hans passa bientôt sa tête dans l'entrebâillement de la porte et demanda calmement :
-As-tu besoin d'aide ma chérie ?
-Non, non je veux simplement être seule, Ce...Ce n'est pas contre toi, m'excusai-je en croisant mes bras pour me protéger.
Bien que soucieux, mon mari n'insista pas et remonta sur le pont pour être avec Papa et Maman. Enfin...Pensai-je en poussant un soupir de soulagement. Tournant très vite la clef dans la serrure pour pouvoir être à mon aise, je pus enfin pleurer tranquillement pour relâcher toute la pression que je contenais depuis la veille.
-Ma...Mamie comment je...Je... vais pou...Pouvoir vivre av...Avec ça sur la conscience à partir de maintenant ? Hoquetai-je alors que ma poitrine me faisait terriblement mal à force d'être compressée... Je...Je ne peux pas le dire à Hans...Il me renierait...Et puis j'ai mon orgueil...Tu te rends compte...Moi qui tenait tellement à ce que ça s'arrange pour eux deux... Me voilà bien servie...
Je me poignardai intérieurement. Je savais que ce n'était pas la meilleure idée du monde mais j'en avais besoin...Quelque part de me faire culpabiliser, minimiser ce qui c'était passé et la rendait concret.
-...Oh Mamie... Comment fermer les yeux et ne plus avoir ses affreuses images qui tournent en boucles dans ma tête... Je ne veux plus jamais qu'on me touche... Plus jamais... Je veux m'enfuir avec Helga... Oui juste élever mon bébé sans qu'aucun homme ne pose ses mains sur moi...Déblatérai-je encore en colère.
Tombant à genoux, je me plaquai bientôt mes mains contre mes yeux pour cacher les larmes de rage qui étaient en train de couler. Je ne suis qu'une idiote... Tellement impuissante...Dans un élan de rage je pris « Croquée par le crocus » et l'éventrai d'une seule traite en arrachant les pages les unes après les autres. Quand j'estimai avoir finie, j'inspectai mes mains. Elles étaient ensanglantées à cause des coupures. Non ! Non ! Non ! Qu'est-ce que je venais de faire ?! Papa avait dit de rester neutre... Comme Elsa...
-Elsa, chuchotai-je en larmes, je voudrais t'avoir auprès de moi...Grande sœur...
Impossible de ne pas être dans la confidence à présent. Hans dans son grand tact ne cessait de me tenir la main à chaque occasion. Dans ce cas je savais à qui je voulais le dire en premier.
-Maman va voir Tatie Elsa, bébé Gaga, accroche-toi bien ! Chuchotai-je.
J'embrassai ma main et la posai sur mon ventre. Puis j'allai m'allonger et fis l'exercice que je m'étais refusée de faire depuis un mois puisque je n'avais pas réussi mes tentatives envers Mamie. Mon âme s'éleva instantanément et je partis au château. A l'heure qu'il était Elsa était soit aux doléances soit à un conseil. En tous les cas, pas seule. Tant pis. Je parcourus le corridor oubliant l'angoisse d'être vue en fantôme. Le palais était désert.
Je jetai un premier coup d'œil à la grande salle du trône et fus surprise d'y trouver Kristoff en train de présider une audience. Il y avait quelques personnes qui attendaient leur tour. Le montagnard avait l'air de bien se débrouiller. Mes yeux se posèrent alors sur ses grandes mains jointes et je me revis immédiatement en train de me débattre de ce monstre de Karl. Plus aucun homme ne me toucherait désormais. Je sortis de la pièce et courus jusqu'à la porte du conseil. Mon cœur se remplit de soulagement. Elsa était bien là. Seule en plus. Elle écarquilla des yeux médusés lorsque je me dévoilai entièrement à elle.
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Retour vers le passé : Croqué par le crocus
FanfictionAnna la princesse d'Arendelle, fait un mystérieux rêve et se réveille juste avant que ses parents ne partent en mer. Là où ils doivent mourir normalement. Le destin lui laisserait-il une deuxième chance ?