Mon patron - Lainkacid [ARRETEE]

Chapitre 2 - L'interaction

Le ciel commençait à s'assombrir, et la belle lumière orangée du soleil traversait les nuages, dans d'agréables rayons de chaleur. Terracid aurait pu passer une superbe soirée, à la plage ! Mais, il était là, à nettoyer des bureaux, empruntant l'ascenseur toutes les 30 minutes. Il l'avait peut-être bien mérité cette punition, au final. Certes il était arrivé en retard, d'une heure et demi à vrai dire, mais, nettoyer presque 200 bureaux en l'espace d'une journée ; est-ce convenable comme leçon à retenir ?

Il se redressa en passant une dernière fois son torchon sur l'écran d'un quelconque ordinateur, en étant à son dernier bureau à nettoyer. Allez, j'y suis presque ! Il s'efforçait à continuer, mourant de chaud pendant que son patron le surveillait. Oui, il avait bien surveillé son employé pendant toute sa séance de nettoyage. Un vrai dingue, avait pensé Terracid. Il passa un dernier coup sur l'écran, et releva la tête vers son supérieur. Il était resté planté là, les bras croisés en portant à son employé le plus mauvais regard qu'il n'avait jamais vu. Pourquoi il m'en veut autant... ? se demanda t-il, allant ranger son matériel en passant sa main dans ses cheveux légèrement humides dû à son effort de la journée.
Après avoir rangé le matériel de nettoyage, il revint vers lui, soufflant un bon coup avant de s'arrêter devant lui.

«Ça vous va, boss ?» demanda Terracid, espérant qu'il n'avait rien à lui reprocher.

Ce dernier répondit par un simple hochement de tête, n'ayant rien à lui redire, alors que son regard disait bien le contraire de ce qu'il lui avait mimé... Terracid fixa le sol un moment avant de regarder les grandes vitres du bâtiment, admirant la vue que leur apportait la ville.

«Je... Je peux y aller, alors ?»

«Oui. Vas-y. Et demain, ne sois pas en retard.»

Avant qu'il ne puisse lui répondre, il entendit des bruits de pas s'éloigner, et quand il tourna la tête vers lui, il le vit partir vers l'ascenseur, y entrer, et regarder en direction des boutons. Sans perdre plus de temps à le regarder, Terracid s'approcha rapidement de l'ascenseur alors que les portes commençaient à se fermer.

«Attendez moi !-»

Et quand il crut que les portes s'étaient refermées, il soupira mais regarda en bas et vit que, son boss, avait bloqué les portes à l'aide de son pied. Il avait abîmée ses mocassins... Pour lui ? Incroyable. Il n'aurait jamais cru.

«Dépêches-toi, Laguionie.» exigea-t-il en étirant les portes de chaque côtés, laissant Terracid rentrer en vitesse. Ce dernier s'exécuta aussitôt, ne voulant pas attiser la colère de son patron encore plus.

« Merci, boss. »

Et il ne lui répondit rien. Terracid le fixa du coin des yeux. Ce type, c'était vraiment quelque chose. On dit tout le temps que « tout ce qui est petit est mignon. » Et bien, à croire qu'il y a des exceptions. Son patron n'avait rien de mignon. À part sa taille, peut-être. Son regard sombre, sa mâchoire carrée et son air sérieux. Réellement, on aurait dit un ancien militaire qui serait sorti d'une guerre sanguinolente et qui en aurait tiré des traumatismes. Après tout, quelle guerre n'est pas sanguinolente ?

L'ascenseur s'arrêta enfin et les portes s'ouvrirent. Terracid voulut sortir mais son boss passa en premier, le bousculant ainsi. Il n'en revenait pas, il était passé comme si son employé n'était fait que de poussières, voir qu'il était invisible. Terracid voulut s'excuser mais il se retint : son patron ne lui avait même pas adressé un regard et avait continué sa route. Il se racla la gorge et sortit de l'ascenseur. Il étira ensuite ses muscles engourdis et se gratta la barbe. Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant ? Rentrer chez lui, ça c'était sûr. Mais après ? Regarder une série ? Inviter un pote ? Il n'en avait aucune idée. Pour l'instant, tout ce qu'il voulait faire, c'était s'allonger et dormir. Il était si épuisé de cette journée à nettoyer un étage tout entier. Il aurait préféré rester au coin pendant 5min comme on faisait avec les enfants. À y repenser, Terracid se sentait un peu ridicule. Avoir servi d'esclave comme ça pendant une journée entière sous le regard de son patron, avait été... humiliant. Au moins il était persuadé de ne plus arriver en retard.

.

Arrivé chez lui, il rangea son vélo dans son garage et rentra dans sa maison. Il avait bien envie de passer la soirée avec quelqu'un. Peut-être avec Hugo, tiens. Il s'installa sur son canapé et défait son noeud de cravate. Il prit son téléphone et appela son vieil ami.

Bip... Bip... « Allô ? »

« - Salut Hugo comment ça va ? »
« - Ça va bien et toi ? Pourquoi tu m'appelles ? J'me faisais un sandwich là. »
« - Ahah, moi ça va. Ça te dit de venir chez moi ? Faut que je te raconte ma première journée de boulot. Un enfer. »
« - Oh c'est vrai que c'était ton premier jour ! Bon... J'mange mon sandwich et j'arrive. À plus. »
« - Ok ! »

Et Hugo raccrocha. Terracid n'avait plus qu'à l'attendre.