L'oiseau

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Ça fait maintenant presque un mois que les cours ont commencé. Drago ne me parle plus, comme si il m'avait rayé de sa mémoire. J'imagine que c'est mieux comme ça après tout, si il était prêt à m'abandonner aussi facilement, il n'était sûrement pas un bon ami. Avec Nina en revanche, tout va bien, on se parle régulièrement malgré que je sois à Gryffondor… D'ailleurs, j'ai encore du mal à me faire à l'idée que ma place n'est pas à Serpentard. Qu'est-ce que le Choixpeau a vu en moi ? Et ça lui a paru presque évident que je devais être à Gryffondor, pourquoi ?

Mais bon, j'ai d'autres problèmes plus urgent, comme mon club. J'ai trouvé quelques personnes voulant bien en faire partie, dont Nina bien sûr, mais il me reste deux autres problèmes: Le lieu et le nom.
Le nom ce n'est pas très grave, mais si je ne trouve pas d'endroit rapidement, le projet va vite tomber à l'eau. Ce serait bête d'échouer avant même d'avoir commencé. 

Il pleut des cordes aujourd'hui. Le ciel est totalement recouvert par les nuages. Dehors, une fine surface d'eau glisse le long de Poudlard… C'est vraiment déprimant comme ambiance. Dommage, j'aime bien aller dehors d'habitude, entre les cours, au lieu de rester dans les couloirs. Ça m'évite aussi d'aller dans la salle commune de Gryffondor, où je ne me sens vraiment pas à l'aise pour l'instant. Je sors donc dans la cour intérieure, profitant de la vue depuis la galerie. 

Bien qu'il pleuve à torrent, l'air est d'une chaleur étouffante. Je sens qu'un orage se prépare. Mais pas un seul éclair en vu pour l'instant. En observant attentivement le ciel gris, j'aperçois quelque chose à travers les nuages. Une ombre, mouvante, sillonnant dans le ciel. C'est un oiseau, mais j'en ai rarement vu d'aussi gros. Les battements de ses grandes ailes et plutôt lent, c'est sûrement un grand rapace… Mais lequel, je n'en ai aucune idée. J'aurais aimé le voir de plus près, mais il a manifestement disparu dans les nuages, qui par ailleurs laissent places à d'autres, beaucoup plus sombres. J'avais raison, c'est un bel orage qui va s'abattre sur Poudlard.

Alors que j'allais rentré à l'intérieur, je vis Nina accourir vers moi, totalement essoufflée:

"-Ah enfin ! Fiou… Je t'ai cherché partout Ouf…
-Oula ça a l'air important, qu'est ce que qui se passe ? Mais respire bien avant de parler, on dirait que tu as couru un marathon ! 
- OK ok, une seconde… ouf… souffla-t-elle, en prenant une grande inspiration.
Elle continua. 

-Ah désolé, il fait si chaud en plus, fiou… Bon bref, bonne nouvelle: J'ai trouvé une cachette pour les duels ! 
-C'est vrai ? Génial ! Mais dis pas "cachette", je ne vends pas de la drogue non plus… 
Elle sourit à ma plaisanterie, puis répliqua:

-N'importe quoi ! Mais je suppose que tu ne vas pas crier sur tous les toits que tu organises des duels clandestins… 
-Comment ça clandestins ? Et il faut bien que je le crie sur quelques toits si je veux recruter des membres… 

Elle a un peu raison. Quand j'ai demandé des conseils, tout le monde m'a dit qu'aucun professeurs, Dumbledore compris, n'accepteraient que des élèves fassent de la magie en dehors des cours, pour s'affronter et se mettre en danger. Mais je suis confiante sur le fait que personne ne va se blesser. Les sorts que nous apprenons en ce moment sont plutôt faibles. Et admettons qu'il y ait un incident, je pourrai sûrement faire une potion pour soigner une brûlure, une blessure, ou quoi que ce soit d'autres. Après, on peut argumenter que c'est imprudent car nous venons à peine d'arriver à Poudlard. Mais à mon avis, c'est justement le moment idéal, car notre magie n'est pas assez puissante pour qu'il y ait un grave accident. Et je compte bien sûr arbitrer les duels, cela va de soit.
Nina me sort de mes réflexions, une fois de plus:
-Bon appelle ça comme tu veux, tu veux que je te montre l'endroit après les cours ? 
-Bien sûr que oui, répondis-je, à tout à l'heure ! 

Soudain, alors que je venais de terminer ma phrase, un cris résonna, dans toute l'école. 
Cela sonnait comme un chant, aiguë et triste, à en briser le cœur. Cela ne venait certainement pas d'un être humain. Une telle tristesse entourait cette complainte, j'en ai eu des frissons de la tête aux pieds. 
Si il y avait des paroles dans cette terrible mélodie, elles decriraient sûrement un appel à l'aide, ou une longue lamentation, qui ferait pleurer même les plus téméraires. Le cris a pourtant duré à peine une quinzaine de secondes, résonnant dans mon esprit, puis disparu complètement. Sur le visage de Nina, qui est restée, surprise par cette interruption, je peux voir que ça l'a affecté autant que moi. Elle, qui est si souriante d'habitude, paraissait presque compatissante pour ce chanteur mélancolique. Alors que nous nous remettons de nos émotions, un tonnerre assourdissant éclate, suivis d'un éclair, illuminant la cour pendant une fraction de seconde. Heureusement, il ne s'est pas abbatu sur l'école, mais il était très proche si je me fis au son. Cet orage va malheureusement nous empêcher de sortir pour voir le terrain de Nina, j'espère que le temps va se calmer ce soir. 

Ce spectacle, bien que fâcheux, était très impressionnant. D'autres coup de tonnerres resonnèrent jusqu'ici, tandis que la pluie redoublait d'intensité. Nina, les yeux rivés vers le ciel oragé, s'écria tout d'un coup:
-Eh regarde Laya, il y a un oiseau là ! 

À travers la foudre et le déluge, l'ombre bestiale de tout à l'heure était bien de retour. Il est cette fois ci plus proche du sol, et non dans la couche de nuage. En le regardant, c'est effectivement un rapace, ces ailes ont une envergure à faire pâlir un condor. Mais je n'arrive toujours pas à voir la couleur de son plumage, caché par cette pluie diluvienne. Soudain, il se mit à descendre en formant des cercles, puis se posa gracieusement sur une des tours de Poudlard, dont le sommet est visible depuis la tour. Et il poussa son cris. Oui, le même, c'est lui le chanteur. Ce cris à la fois tragique et mélodieux retentit une fois de plus, plus fort que tout à l'heure. Au même moment, d'autres élèves sortirent pour voir son concert. Mme McGonagall était aussi avec eux. Tout le monde resta silencieux. Contrairement à la première fois, j'ai trouvé ce moment très agréable, même reposant. Une fois finis son chant, l'oiseau écarta les ailes, prêt à prendre son envol. Je pouvais affirmer maintenant que son plumage était vert foncé, et qu'il ressemblait à un vautour, en plus imposant. Il décolla vers les cieux, regagnant la tempête.

McGonagall nous fit ensuite rentrer, à cause bien sûr de l'orage. Je lui demanda alors:
-Madame, qu'elle était cet oiseau ? 
-C'est un Augurey, un oiseau dont le chant est justement annonciateur d'une tempête, comme celle-ci. Mais je dois avouer que je n'en ai jamais vu d'aussi énorme. 

Nous rentrons donc à l'intérieur, à l'abri de la pluie. Nina s'excusa de ne pas pouvoir me montrer le terrain ce soir, je lui répondit qu'elle n'aurait pas pu prévoir un tel cataclysme… Contrairement à l'Augurey

Laya RogueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant