Deux ans.
Pour certaines personnes, deux années peuvent paraître longues, alors que pour d'autres, ce n'est qu'un instant.
Pour ma part, j'ai l'impression que c'est hier que j'ai quitté le camping de l'Eau Vive et pourtant, c'est il y a deux ans. Rien a changé.
Les mobils home, quoique un peu jaunis par le temps, ont toujours cette aura accueillante. Les allées de graviers n'ont pas changé d'un gravillon. Le petit parc, avec ses deux balançoires ainsi que ses deux toboggans, est, comme à son habitude, occupé par deux, trois enfants de différents âges. Les sanitaires sont encore le refuge de plusieurs pies et autres petits oiseaux.À l'entrée du camping, sur une piste consacrée à cette activité, quelques résidents jouent à la pétanque. Plus loin, sur la terrasse du bar, aussi l'accueil du camping, d'autres sont assis pour parler ou surveiller leurs enfants dans la piscine qui se situe juste à côté.
Il est actuellement 17h30, le trajet a été assez éprouvant et je suis contente de pouvoir enfin sortir de cette maudite voiture. Pendant que notre père conduit la voiture à notre mobil home, Roman, Lou et moi allons dire bonjour aux propriétaires. Nous marchons jusqu'à la terrasse puis entrons dans le bar.
- Bonjour, que puis-je pour vous ? nous demande la jeune fille de derrière le comptoir.
- Bonjour, vous travaillez ici ? je questionne, surprise.
- Oui, vous voulez quelque chose ?
- Je ne savais pas que Luc et Ronnie engageaient des personnes... je me fais la réflexion.
- Qu'avez-vous dit ?
- Rien, rien. Savez-vous où nous pouvons trouver les propriétaires ?
- Ils étaient sur la terrasse, il y a quelques minutes, j'imagine qu'ils n'ont pas bou-
Je n'entends pas la fin de la phrase de la fille, des rires nous interrompent. Au moment de me retourner, quelqu'un me bouscule et je manque de tomber sur Lou qui se trouve juste devant moi. Je me raccroche à une table et regarde derrière moi. Trois garçons s'éloignent toujours en rigolant, l'un d'eux s'exprime :
- T'aurais pu t'excuser, je veux bien que t'es grand, mais quand même... Cette fille n'était pas assez petite pour que tu ne la vois pas.
Le plus grand des trois passe sa main dans ses cheveux châtains et répond au blond qui vient de parler :
- Ho ça va, elle est pas morte.
Quand il dit cette phrase, il tourne sa tête vers moi et me regarde dans les yeux. Il esquisse un sourire et retourne à sa discussion. Je n'écoute pas la suite de leur conversation, mon attention se pose sur Lou qui me tire par la manche pour se diriger vers l'extérieur du bâtiment.
Alors que je suis sur le pas de la porte, un garçon, un peu plus jeune que Roman, déboule sur la terrasse et se jette dans les bras d'une femme. Je reconnais le garçon comme étant Matthew, petit-fils de Ronnie et Luc, j'en déduis donc que Laora est là aussi.
Laora est la première amie que j'ai eue ici. Nous nous connaissons depuis plus de dix ans et nous sommes inséparables depuis toutes petites. Ensemble, nous faisions toutes les bêtises possibles rien que pour embêter les résidents du camping. Évidemment, on nous a surprises à plusieurs reprises, mais ça en valait la peine.
La femme à qui Matthew fait un câlin n'est autre que Ronnie, je m'avance vers elle et arrive à sa hauteur au moment où Laora fait son entrée sur la terrasse. Lorsqu'elle me voit, elle pile, puis se précipite vers moi et m'enlace aussi fort qu'elle le peut. J'abandonne l'idée de dire bonjour aux grands-parents de mon amie et lui rends son câlin.
- Tu m'as manquée Angéliqua ! Je croyais qu'on ne se reverrait pas...
- Toi aussi, tu m'as manquée Laora. Je m'écarte d'elle, mais garde mes mains sur ses épaules pour ne pas trop m'éloigner. Pour tout te dire, je ne pensais pas revenir ici un jour, mais mon père en a décidé autrement.
- Je suis contente que tu sois venue. Je vais pouvoir te présenter à de nouveaux venus, qui sont d'ailleurs devenus des habitués vu qu'il y en a qui viennent depuis deux ans déjà.
- Oui, c'est vrai que le temps ne s'est pas arrêté, il doit y avoir plein de personnes que je ne connais pas. On pourra faire ça tantôt, je vais d'abord dire bonjour à tes grands-parents, ensuite on doit décharger l'auto.
- Pas de problèmes, tu sais où est mon mobil home de toute façon, sauf si tu es devenue trop vieille et que tu as perdu la mémoire en deux ans, elle me dit cette phrase en me tirant la langue et je ris avant de lui répondre :
- Non, ça va, je n'ai pas encore oublié ça.
Un rire nous coupe dans notre conversation, nous dirigeons toutes deux notre regard vers la provenance de ce son et découvrons que c'est Luc qui se marre en nous regardant.
- Vous me ferez toujours rire mes petites puces, toujours à vous taquiner vous ou les autres. Tu as bien grandi Angéliqua.
- Bonjour à toi aussi Luc, je réplique en souriant avant d'aller lui faire la bise.
- Je ne savais pas que vous veniez avec Fabrice cette année...
- Cette année ? je répète sans comprendre.
- Oui, il est venu avec Fanny et ses enfants, l'année passée.
- Angéliqua ! Ma grande ! Tu es devenue encore plus belle qu'il y a deux ans ! Ronnie ne me laisse pas le temps de répondre et me prends dans ses bras. J'en oublie presque la dernière phrase qu'a prononcée son mari. Il y aura enfin quelqu'un de compétent aux soirées karaoké, elle me chuchote à l'oreille, pendant notre accolade.
- Merci, je ris en m'extirpant des bras de la dame. Je me retourne pour chercher mon frère et ma sœur du regard, mais Ronnie intervient :
- Si tu cherches Roman et Lou, ils sont déjà retournés à votre mobil home. Ils nous ont dit bonjour pendant que tu parlais avec Laora.
- Ils n'ont pas été impolis en ne vous disant pas bonjour, au moins. Je vais les rejoindre alors, pour aider à ranger nos bagages.
- À plus tard, ce soir c'est le verre de l'amitié, on est samedi, tu n'as pas oublié...
- Je m'en souviens, oui, à ce soir !
Je quitte le bar et pars en direction de notre habitation en passant à côté de la piscine, puis du parc.
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Je t'aime...passionnément, pas du tout
RomanceÀ la suite du mariage de son père, Angéliqua n'a plus eu de ses nouvelles. Ayant une relation extrêmement tendue avec lui, ça ne l'avait pas dérangée le moins du monde. Elle pensait ne plus jamais le revoir et elle en était contente, mais ça, c'étai...