Chapitre 1

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Il faisait froid sur la voie 9 ¾. Je marchais derrière Maman et Astoria, en essayant de ne pas faire attention aux bêtises dont elle était en train de lui farcir la tête. J'espérais que ma petite sœur ne l'écoutait pas. La dernière chose dont le monde des sorciers avait besoin était que les héritières Greengrass se comportent comme si les évènements de ces derniers mois ne les avaient pas affectées.

Ma mère continuait de parler haut et fort, en ponctuant son discours de grands gestes, indifférente aux regards qu'elle suscitait sur son chemin. J'avais honte de son comportement, mais je ne pouvais plus y faire grand-chose. J'avais passé l'été à me disputer avec elle, à essayer de lui faire comprendre que nous devrions faire profil bas, que nos actions étaient impardonnables, et qu'au lieu de faire jouer ses relations auprès du Ministère, Papa ferait mieux d'avouer ses crimes, maiselle ne m'avait pas écoutée.

Nous étions coupables. Aucun mensonge, aucune contre-vérité ne pourrait me faire croire le contraire. Nous avions caché et abrité des Mangemorts avant que le Seigneur... Vous-Savez-Qui ne retrouve toute sa puissance. Nous avions envoyé argent, potions et armes magiques quand il avait commencé à réunir ses troupes. Papa lui-même l'avait rencontré en personne plusieurs fois. Je suis certaine que s'il avait pu, il l'aurait hébergé dans notre propre maison. Rien de tout ça relevait du comportement d'un innocent.

Notre nom avait perdu sa splendeur, mais mes parents refusaient de l'entendre. Ni les morts, ni le sang, ni la peur n'avaient suffi à les convaincre. Loin de renier leurs convictions, ils avaient au contraire passé leur temps à les justifier. Pendant que Papa faisait le tour de ses relations, Astoria et moi avions passé l'été confinées avec notre mère, à nous boucher les oreilles à chaque fois que leurs argumentsabjects se faisaient entendre. Nous avions essayé de lutter, mais malheureusement pour nous, la magie de ma mère était plus puissante que la mienne.

Mais l'été se terminait, enfin. Après cent cinquante-trois jours de reproches, de discours moralisateurs et de crises de nerfs, j'allais retrouver un semblant de vie normale. Cette année étaitpour moi une véritable opportunité. A Poudlard, je pourrais peut-être enfin guérir.

Le vent de Londres m'ébouriffa les cheveux, me ramenant à la réalité. La voie 9 ¾ se remplissait progressivement, nous noyant dans la foule. J'en profitais pour ralentir le pas et essayer de mettre le plus de distance possible entre ma mère, ma sœur et moi.

Je gardais les yeux rivés sur mes pieds, en essayant d'ignorer les réactions que ma famille suscitait Jegardais les yeux rivés sur mes pieds, en essayant d'ignorer les réactions quema famille suscitait. A notre passage, les regards des autres parents se durcissaient. Leursvisages se fermaient et, dégoûtés, et certains reculaient même d'horreur. Lessorciers étaient en colère, et à raison. Aucun Greengrass n'avait payé pour sescrimes. Nous avions continué notre vie comme si de rien n'était, comme si larésurrection de Vous-Savez-Qui n'avait été qu'une anecdote passagère dans nosvies.

Alors je marchais lentement, en trainant ma valise derrière moi. Je ne voulais pas avoir à prendre de nouveau parti. Ma première expérience dans ce domaine m'avait suffi.

L'annonce de notre arrivée se propageait sur la voie comme une trainée de poudre. Au fur et à mesure de notre avancée, je voyais les parents des autres élèves nous dévisager avec colère. Certains se tiraient par le coude, tandis que d'autres serraient l'épaule de leurs enfants un peu plus fort.

Bien qu'elle joue les indifférentes, ma mère avait parfaitement senti l'hostilité des autres sorciers. En arrivant sur la voie, elle s'était mise à parler plus fort. Jamais elle ne se rabaisserait face à eux. Jamais elle ne leur montrerait sa honte d'avoir échoué, ni ne reconnaitrait ses torts. Elle était beaucoup trop fière pour cela.

Mon regard glissa jusqu'au Poudlard Express qui se profilait devant moi. Qu'est-ce que j'étais contente de le revoir.

A peine un an s'était écoulé depuis que je l'avais aperçu pour la dernière fois. J'entrais alors en septième année, et je nageais en pleins doutes, la peur vissée au ventre. Tous mes repères s'effondraient les uns après les autres. Dumbledore était mort. Mes parents invitaient de plus en plus de Mangemorts à dîner, en nous les présentant comme de vieux amis perdus de vue. Çà et là, j'entendais même que le célèbre Harry Potter avait disparu. L'avenir me semblait à la fois sombre et incertain, et personne autour de moi ne semblait capable de me rassurer.

Mais contrairement à ce que j'avais cru, cette septième année n'avait pas été ma dernière à Poudlard. Cet été, McGonagall, désormais directrice de l'école, nous avait écrit une longue lettre en nous proposant de redoubler. L'annéeque nous venions de passer avait été difficile pour tout le monde, avait-elleécrit, et ne nous avait pas permise d'étudier dans de bonnes conditions. Ellesouhaitait notre retour. Poudlard devait guérir.

J'avais bien évidemment accepté, malgré le souhait de mes parents de me punir le plus longtemps possible. Mais,cette fois-ci, ni leur haine ni leur déception ne pourraient me retenir une secondede plus à la maison.

[Fanfic HP] Celle qui ne voulait plus prononcer le nomWhere stories live. Discover now