Shlack, un son résonne, Shlack, ce bruit me sort de mon sommeil. Je me suis encore endormi en plein travail. Pourtant, le vacarme ambiant devrait me tenir éveillé sans problème. Mais celui-ci me semble nouveau, ce claquement est inconnu à mon oreille. Je jette un œil à la pile de dossiers à côté du trône, l'un d'entre eux est toujours noir, couleur définissant un traitement irrégulier du dossier, voire une fraude. Je survole les pages du dossier, identifiant la personne envoyée ici et surtout quelles sont les raisons de sa présence.
Je me lève de mon siège pour chercher l'origine du bruit, je me déplace à l'oreille et traverse les différents champs. Ma balade se termine dans le champ des indécis, aucun doute le bruit provient bien d'ici. Mais que ferait un fouet ici ?
Je ne peux retenir un soupir de lassitude, il s'agit encore de quelqu'un qui se blâme lui-même sûrement, la culpabilité de certaines personnes enlève tout plaisir à les torturer. Je m'apprête à avancer et traverser le portail du champ mais mon frère, Taranis, en bloque l'entrée. Il est, de quelques années, mon cadet.
- Alors Al, tu t'amuses ? Demande-t-il, son petit sourire cynique habituel au coin de la bouche.
- J'ai des affaires à régler Tara... J'appuie volontairement où ça fait mal, c'est-à-dire son diminutif « Tara », qui était à l'origine son prénom puisqu'il devait être ma sœur. Et il le prend très mal.
Il me tend un verre, je hausse un sourcil en signe d'interrogation et m'en saisi. Je porte le récipient à mon nez, whisky.
- Un petit remontant. Me dit-il en regardant l'entrée du champ des indécis.
Je porte le verre à mes lèvres pour en goûter le contenu. Alors que le liquide brun allait frôler ma langue, j'aperçois au loin ce pour quoi je suis venu jusqu'ici. Je rends le verre à Taranis et l'entends marmonner avant de me précipiter dans le champ.
Mon entrée, subite, provoque un silence absolu et pesant, même le fouet s'arrête subitement de claquer. Dieu que je hais mon travail, quelle ironie d'ailleurs. J'avance pas à pas, au milieu de toutes ces âmes qui s'agenouillent à mon passage. Je fusille le gardien du regard, ce dernier se fige sur place et se replie peu à peu sur lui-même. Dans un coin de mon esprit, je prends note de penser à virer ce gars ou bien pire, de lui assigner un poste ennuyeux à en mourir. Littéralement.
Je confisque le fouet et je fais ramper l'âme perdue et le gardien jusqu'à la salle du trône en passant par les chemins avec les cailloux les plus affûtés de cet endroit. Les plus longs et les plus tortueux chemins, cela va sans dire.
Il y a, à peu près, trois kilomètres qui séparent les deux lieux aujourd'hui. La salle du trône a la fâcheuse habitude de se déplacer au gré de ses humeurs et de ses envies, et ce, tous les jours voire plusieurs fois par jour. Plus c'est long, plus c'est bon et cela s'applique surtout aux différentes formes de punitions et tortures en application ici-bas.
Taranis rôde toujours au niveau du portail, bon sang qu'il m'insupporte avec toutes ses idées farfelues. Il nous suit jusqu'à la salle du trône dans un silence qui ne lui ressemble pas. Une fois sur place, il m'invite à m'asseoir sur mon propre trône mais au vu de l'éclat dans ses yeux, je ne le fais pas. Pour vérifier si ma théorie n'est pas erronée, j'ordonne au gardien d'y prendre place. Surprise générale, notez l'ironie, le visage de mon petit frère se décompose en moins de deux et le gardien me regarde comme si je lui jouais un mauvais tour ou une stupide blague.
- Dois-je t'y installer de force ? Je lui demande non sans perdre patience. Il avance alors, tout tremblotant, me regardant les yeux larmoyants, tel un petit chiot, afin que je change d'avis.
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Diaboliquement In Love - Publié
RomanceGérer l'enfer ? Très peu pour Alastor, le fils de Lucifer. Pour échapper à cette tâche, deux options s'imposent : Compter sur son frère ou prendre les choses en main. Durant son périple, deux jeunes femmes vont croiser sa route : Ariane, férue de mo...