Prologue

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LAURELINE

Cachez-vous, Vos Altesses, je vais essayer de le retenir !

— Merci, Melchior, nous ne savons pas ce que nous aurions fait sans vous !

— De rien Madame, j'accomplis mon travail, rien de plus... mais, s'il vous plait, allez vous cacher et emmenez la princesse avec vous !

Melchior, notre garde du corps, nous donne notre fille et, sans plus attendre, nous détalons en direction d'une petite chaumière située au cœur du village.

— Aeglon, comment allons-nous faire ? Et comment protéger Tahitianna ?

— Ne t'inquiète pas, mon amour, nous allons trouver une solution, tout se passera bien. Elena prendra soin d'elle, tu sais qu'elle la considère comme la sienne.

— Oui, je le sais, mais...

— Aie confiance en moi. Je vais lui jeter un petit sort qui devrait la protéger jusqu'à ce qu'elle devienne une femme à part entière et une mère. En plus, il stoppera l'apparition de ses pouvoirs. Argawaen ne la retrouvera jamais, je te le promets, mon amour.

Aeglon me prend dans ses bras, pose sa main sur le ventre de notre bébé, murmure une incantation, et, après voir prononcé les derniers mots, m'embrasse avec ardeur, comme s'il avait compris que cette étreinte serait la dernière.

Mais, notre bébé se met à pleurer. Alors, nous reculons et repartons en courant à vive allure pour arriver chez Elena, la nounou de notre fille. Elena est une elfe que nous avons recueillie, il y a quelques années maintenant (après qu'elle a été abusée et torturée par des renégats elfes). Depuis lors, elle vit ici, à Elfyria, où elle a épousé un loup qui lui a donné deux garçons âgés respectivement de quatre et deux ans, Mickaël et Christopher (mi-loups, mi-elfes). Comme, me le rappelle Aeglon, elle considère Tahi' comme sa propre fille et je sais qu'elle fera absolument tout pour elle. Après cinq minutes de course, Aeglon me regarde et me dit :

— Nous arrivons, Laure !

— ELENA ! crions-nous en chœur.

La porte s'ouvre sur une jeune femme âgée de 25 ans ; derrière elle, se tiennent son mari et ses deux garçons, Mickaël et Christopher. Elle tend les bras vers nous et nous annonce :

— Venez, Vos Altesses, j'ai préparé la stèle.

Aeglon, le souffle coupé et les larmes aux yeux, lui répond :

—Merci, Elena, pour ce que tu vas faire. Tahitianna doit être protégée, et c'est pour cette raison que nous te la confions. Tu devras l'aimer, la chérir et la défendre au péril de ta vie.

Je regarde Elena dans les yeux, tout en caressant le visage de mon bébé, et je ne peux retenir mes larmes qui inondent mon visage. Alors, je serre encore plus fort ma fille dans mes bras, je l'embrasse puis la remets à Elena à contrecœur en lui disant :

— Je sais que nous te demandons beaucoup, mais il en va de l'avenir d'Elfyria. Prends bien soin de notre enfant !

Elle ouvre grand ses bras pour y accueillir mon bébé tout en la câlinant, et me rassure :

— Ne vous inquiétez pas, Votre Seigneurie. Je l'aimerai et la protègerai comme si elle était la chair de ma chair. J'en fais le serment.

Aeglon lui répond, avec sérieux :

— Nous vous faisons confiance à tous les deux.

Il me regarde, me tend sa main que je saisis et me dit :

— Allez, Laureline, il faut faire vite ! Regrou-pons-nous autour d'Elena, de sa famille et de Tahi', prends ma main et récite après moi : « Aiouké matahé quétouri » !

— « Aiouké matahé quétouri », répété-je consciencieusement.

Une lumière intense entoure alors Elena, les siens, ainsi que notre bébé... qui peu à peu disparaissent. Quand tout à coup, brutalement, la porte de la chaumière explose, et notre fils, Argawaen, entre avec fureur. Il tient son sceptre maléfique dans la main et nous regarde intensément, en nous lançant :

— Vous espériez m'empêcher de concrétiser ma destinée, mon cher père ?

Aeglon me place derrière lui par précaution et demande à son propre fils :

— Argawaen, pourquoi fais-tu ça ?

— Pourquoi ? Laissez-moi réfléchir. Hum... parce que je peux le faire, bien sûr ! C'est MON DESTIN que de régner sur Elfyria et vous m'avez évincé au profit de cette petite peste ! Tout ça parce que, soi-disant, je n'ai aucun pouvoir et que je suis... comment avez-vous dit déjà ? ... Ah oui, « déficient » ! Voilà ce que vous avez dit de moi, Papa ! Vous m'avez placé dans ce camp militaire pour faire de moi un homme. Eh bien, voilà, mon cher père, maintenant j'en suis un, donc ; JE VEUX REPRENDRE MA PLACE ! Et pour cela, je dois éliminer ce petit parasite !

— Tu ne l'auras jamais, nous mourrons pour la protéger !

— Soit. De toute façon, je ne le voyais pas autrement !

Alors, Argawaen tend son bâton vers nous puis marmonne une sorte de formule. À cet instant précis, un éclair nous traverse et nous nous retrouvons... comme... pulvérisés. Mais avant cela, nous avions réussi à envoyer notre petite princesse à travers le voile sur Terre. Argawaen lève les bras et hurle :

— NON ! TU SERAS MIENNE, TAHITIANNA, JE TE RETROUVERAI OÙ QUE TU SOIS !


Tahitianna, reine d'ElfyriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant