Partie 4

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            C'était venu petit à petit. Au début les renvois et les semblants de passes de la sirène étaient pour ainsi dire pitoyables. La balla finissait souvent dans l'eau ou dans les bosquets qui se trouvaient à proximité et Akaashi se décourageait plutôt rapidement au grand étonnement de Bokuto. Ce dernier avait découvert que derrière cette facette sûre d'elle, la sirène était quelqu'un qui doutait régulièrement. Plus précisément, il ne doutait pas des capacités qu'il se connaissait et qu'il connaissait comme les doigts de sa main. Il se savait rapide à la nage, étant le plus rapide de son coin de vie. Il savait aussi qu'il était doté d'une certaine intelligence. Il réfléchissait avec calme et connaissait beaucoup de choses sur l'histoire de son peuple et sur l'océan en général. Il aimait se plonger dans la lecture de livres sur des sujets divers et variés. Il s'installait confortablement dans le merveilleux fauteuil d'algues que lui avait acheté son père pour son anniversaire.

            Mais il ne s'était trouvé aucun talent particulier pour ce sport de ballon, et ce malgré les encouragements répétitifs de l'homme à l'allure de chouette. Cela venait avec le temps n'arrêtait-il pas de dire. Alors peut-être qu'il arrivait à renvoyer des balles assez rapidement et avec une certaine précision, mais il ne voyait toujours pas en quoi cela pouvait être extraordinaire.

            Pendant cette agréable séance de sport, il avait cependant découvert à quel point Bokuto était un existé de la vie. A chaque balle smachée réussie ou même une simple balle renvoyée correctement, il lançait un « Hey, hey, hey ! » en levant ses bras en l'air comme s'il venait e remporter un match. Tout simplement enfantin dans sa manière d'être. Enfin enfantin dans tout.

            A présent, ils étaient tous les deux allongés, Bokuto ayant toujours les jambes dans le vide, ses pieds effleurant la surface du lac et Akaashi étant en étoile de mer, le visage dirigé vers le ciel où le soleil commençait lentement à décliner. Celui qui semblait le plus grand des deux si on omettait une certaine queue de poisson, poussa un bâillement à s'en décrocher la mâchoire. Il se frotta vigoureusement les yeux, chassant l'envie de sommeil naissante bien qu'il n'aurait pas été contre une petite sieste bienfaitrice et revigorante. Sa journée l'avait épuisé. Déjà il avait marché une bonne partie du temps avant de se retrouver face à la sirène qu'il considérait déjà comme faisant partie de ses amis.

            Il avait d'ailleurs beaucoup apprécié sa séance de volley avec Akaashi. Certes jouer à deux n'était un moyen pour jouer des plus palpitants et épanouissants, mais il ne pouvait nier qu'il s'était beaucoup amusé. Bien que les grimaces que tirait l'homme poisson quand il ratait une balle y étaient pour beaucoup. Il avait bien vu que le noiraud ne semblait pas trouver ses passes impressionnantes ou ayant une quelconque utilité, autre que de renvoyer le ballon de la meilleure façon possible. Pourtant il y avait perçu un certain talent qu'il aurait bien aimé développer et utiliser pendant ses matchs. Bien qu'il sache que c'était impossible, et ce pour plusieurs raison plus qu'évidentes, il ne pouvait s'empêcher d'y penser. Il lui semblait qu'Akaashi rassemblait toutes les qualités qui pour lui étaient primordiales pour être son passeur.

            Il soupira se redressant pour observer la sirène, elle-même plongée dans ses pensées. Il détailla son visage pourvu de traits fins , ses cheveux noir de jais qui flottaient tels une auréola autour de sa tête. Son torse musclé par sa nage ininterrompue se soulevait au rythme régulier de sa respiration. Sa queue de poisson bleu foncé, de la même couleur que ses yeux, bougeait par instant pour se stabiliser et qu'il puisse rester dans cette position qui lui était agréable. Ses écailles brillaient comme de petites lucioles avec les rayons du soleil couchant.

            La nuit tombait, pourtant il n'avait pas envie de retourner entre les murs du chalet dans lequel il s'était réveillé le matin même. Il n'avait pas plus envie de retrouver le lit douillet où il avait indubitablement passé la nuit. Ou encore le bon plat qu'il risquait d'y trouver. Non, il avait la désagréable impression qu'un vide allait se créer en lui quant il partirait. Akaashi. Bien sûr, il savait qu'il ne pourrait toujours rester avec la sirène, d'autant plu qu'il devait accessoirement retrouver sa famille. Il s'étonnait lui-même de s'être attaché aussi rapidement à sa personne.

Impression de déjà-vu [BOKUAKA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant