Kagehina - Le temps d'un battement

Douzième Chapitre

Dans le bus qui les conduisait jusqu'au lieu de compétition, les membres de l'équipes restèrent silencieux. Les uns se taisaient à cause du stress, d'autres dormaient, d'autres encore écoutaient de la musique, comme Tsukki.

Assis du côté de la fenêtre, à côté de Tobio, Shôyô se tortillait, sujet au stress, tentant de gérer sa nausée. Ses mouvements réveillèrent le brun. Celui-ci mit quelques instants à émerger de sa torpeur, les membres engourdis et les yeux encore endormis. Lorsqu'il fut complètement éveillé, il tourna la tête vers son partenaire et lui lança un regard d'abord intrigué puis réprobateur.

"Oi, boke. Arrête de flipper. Je te préviens que si tu vomis sur moi, petit-ami ou pas, ce sera la dernière chose que tu feras.

Hinata, affreusement pâle, fronça les sourcils de douleur et de contrariété.

- J'y peux rien, répondit-il en chuchotant. Ça me fait ça tout le temps...

- J'ai cru remarquer.

Kageyama poussa un soupir et attrapa la main du roux, qu'il logea dans la sienne, entremêlant leurs doigts d'un geste tendre et rassurant. Hinata rougit légèrement - ce qui était bon signe ; son visage pouvait encore se colorer.

- Ka- Kageyama, qu'est-ce que tu fais ? 

- J'essaie de te détendre, imbécile, répondit-il fermement en le fixant.

Shôyô esquissa ce qui ressemblait à un sourire, mais son expression malade rendait la lecture de son visage assez confuse.

- Oh, ok."

Le bus arriva à destination et chacun des joueurs descendit. Certains semblaient confiants : Suga, Nishinoya, Tanaka, ou encore Daichi. D'autres cependant avaient l'air beaucoup plus nerveux, comme Hinata, Asahi, ou Yamaguchi. Tous trois paraissaient à la limite de l'évanouissement, ou du vomissement, selon les interprétations.

Ils entrèrent dans le complexe sportif, jetèrent un œil aux équipes adversaires, puis se changèrent. A nouveau, Hinata frôlait la perte de connaissance. Kageyama considéra l'état critique dans lequel se trouvait son partenaire, après être allé déjà trois fois aux toilettes, sans grande amélioration. Il fronça les sourcils et plissa la bouche en une moue pensive, et attrapa Hinata par le bras.

"Viens avec moi, lui dit-il à voix basse, mais avec détermination.

Le roux se laissa entraîner, n'ayant de toute façon ni la motivation, ni la force, ni l'envie de retenir Tobio. 

Une fois assez éloignés du groupe, Kageyama se faufila dans un recoin à l'écart, Hinata toujours sous son joug. Il desserra alors ses doigts du bras du central, dévoilant quatre marques rose épousant la forme de ses doigts sur la peau pâle de Shôyô, tant sa main était crispée. Il caressa doucement les marques avec la pulpe de son pouce.

- Désolé. Je voulais pas te faire mal.

- Pas grave, répondit le roux, toujours nauséeux.

- Bon, reprit le passeur. Tu arrêtes ça tout de suite. Arrête de paniquer, ça m'énerve.

- Ouais, bah j'essaie ! Mais figure-toi que tout le monde n'est pas aussi parfait et ultra-confiant que toi !

- Tch.

Le plus grand fit claquer sa langue contre ses dents et entoura les poignets de Shôyô de ses doigts fins. Il déposa un baiser chaste et réconfortant sur ses lèvres. 

- Détends-toi, Shôyô, murmura-t-il en posant son front contre celui du roux. Détends-toi, tout ira bien. On va les battre. Tous. Et on ira aux nationales.