shadow like me +sope

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖘𝖊𝖕𝖙

Cela fait quatre mois que Yoongi e stdans le coma. Les chances qu'il se réveille diminuent de jour en jour, mais Hoseok ne perd pas espoir. Il vient, tous les jours, après son service, et reste quelques heures à veiller sur le vert.

D'ailleurs, ses cheveux régulièrement coupés sont plus noirs que verts. Il reste un peu de couleur au niveau des pointes.

Au début, une infirmière passait régulièrement, quand il était en visite, mais a rapidement arrêté en voyant que le policier avait envie d'être seul. Parfois, Namjoon l'accompagne. Jamais il n'aurait pensé qu'un jour Yoongi se retrouverait dans cet état. Il n'est pas un saint, bien au contraire, mais il ne mérite pas ça. Les deux flics ont fouillé dans son passé. Ils n'en sont pas fiers, mais ils avaient besoin de comprendre comment le jeune homme avait pu vriller à ce point.

Yoongi a grandi dans un quartier malfamé. Sa mère est une prostituée, son père un alcoolique violent. De toute évidence, il n'était pas un enfant désiré. Dans le dossier, il y avait plusieurs témoignages de voisins qui disaient l'avoir souvent vu avec des hématomes. Ça ne s'est pas arrêté là, pour leur plus grand malheur. Ils ont appris que Yoongi avait été harcelé et que cela lui avait laissé des traumatismes indélébiles.

Son existence n'a été que souffrance depuis le début. Hoseok comprend désormais son comportement, ses regards si profonds... il s'en veut terriblement. Il n'a pas réussi à le protéger. Contrairement à ce que le jeune homme avait pensé, l'histoire qu'il a plusieurs fois voulu lui raconter n'était pas qu'une histoire bateau.

Il a effectivement connu un jeune homme comme lui. Plongé dans l'illégalité jusqu'au cou, au passé douloureux et compliqué. Il n'a pas réussi à sortir de la tête de l'eau, et s'est suicidé.

Et maintenant, Yoongi risque de ne jamais se réveiller.

— Monsieur Jung ?

Le noiraud avait reçu un appel tôt ce matin, et s'était jeté sur son téléphone alors qu'il était dans sa douche. C'est donc pour cette raison qu'il se retrouve dans son salon, nu, et une flaque d'eau à ses pieds. Ses cheveux retombent sur son front et commencent à boucler.

— Vous m'aviez dit de vous appeler si la situation changeait, dit la médecin à l'autre bout de l'appareil.

— Est-ce qu'il est...  commence Hoseok, la voix brisée.

Ses yeux se remplissent de larmes et son cœur arrête de battre.

— Non ! Au contraire, il s'est réveillé, l'interrompt la femme sur un ton doux. Par contre, il faut que vous sachiez que monsieur Min est devenu amnésique, comme nous en avions douté. Nous ne sommes pas sûrs qu'il retrouvera un jour la mémoire.

— Merci de m'avoir prévenu. Je suis là dans vingt minutes.

Sans un autre mot, le policier raccroche. Ses mains tremblent, il n'arrive pas à y croire. Si bien qu'il reste un moment figé dans le salon, à regarder le vide d'un air absent. Il se reprend bien vite, et sa poitrine explose. Yoongi est vivant. Et il est réveillé. Putain de bordel de merde.

Rapidement, le brun se sèche et s'habille avec les premiers vêtements qui tombent sous sa main. Il attrape ses clefs et son téléphone, avant de quitter sa maison. Le trajet vers l'hôpital se fait dans le flou le plus total, et il ne retrouve l'esprit que lorsqu'il se trouve devant la chambre du vert. La main tendue vers la poignée, il hésite à entrer.

Finalement, il abaisse la poignée et entre dans la pièce. Yoongi est assis sur son lit, et fixe la fenêtre. En entendant quelqu'un rentrer, il tourne la tête vers la porte. Sa peau est encore plus blanche que la normale, et son visage semble tiré par la fatigue. Ses mèches de devant ont été ramenées en arrière dans un petit chignon.

— Qui êtes-vous ? demande-t-il en penchant la tête sur le côté.

— Hoseok, répond l'officier. Je suis un de tes amis.

— Enchanté alors, glousse le blessé. Assis-toi, je t'en prie.

C'est étrange de le voir agir comme ça. D'ordinaire, le jeune homme a toujours un visage froid et sans sentiments. Là, il semble détendu. Mieux encore, il sourit ! Hoseok ne l'a jamais vu sourire. Rire, un jour, mais jamais sourire. Jamais avec cette sincérité, avec cette étincelle dans les yeux.

— Comment tu te sens ? demande Hoseok, inquiet.

— Comme si on m'avait roulé dessus, plaisante le plus jeune. Vraiment, je vais bien. On m'a donné de la morphine.

Le silence s'installe dans la pièce. Yoongi est un peu gêné de se retrouver avec un inconnu dans sa chambre, même si cet inconnu n'en n'est pas vraiment un. Plus tôt, le médecin lui a dit que les chances qu'il recouvre la mémoire étaient si faibles qu'il ne fallait pas espérer. Quand on l'a porté dans la salle de bain pour qu'il puisse se laver et vider sa vessie, il s'est un moment contemplé dans le miroir. Il s'est même trouvé beau gosse.

Bon, il fallait refaire la couleur mais sinon, c'était clean. Comme s'il n'avait pas passé un mois dans le coma. Ce qui est vraiment très peu compte tenu des maigres espoirs des médecins. C'est un miracle, d'après eux.

— Désolé de ne pas me souvenir de toi, reprend Yoongi.

— Ce n'est pas de ta faute, le réconforte le policier. Quand est-ce que tu pourras sortir ?

— Si tout se passe bien, dans deux semaines, répond l'autre. Par contre, on m'a interdit de rester seul.

— Tu viendras chez moi, l'interrompt Hoseok. Ce n'est pas un problème.

Ils se sourient mutuellement, et le cœur du brun se réchauffe. Ses pommettes prennent une teinte rose, et il détourne les yeux. Bon sang, il est vraiment piqué.

— Est-ce que tu pourrais m'en dire plus sur moi ? C'est assez bizarre comme question, réfléchit Yoongi en pouffant.

— Tu veux la réponse officielle ou une histoire toute belle ? demande le policier.

— Officielle, même si... même si c'est pas joli à entendre.

— Tu as fait de nombreuses descentes dans mon commissariat, avoue le plus vieux. Tu voles, fais des courses illégales... enfin, voilà.

— Wow. Je suis un bad boy.

Contre toute attente, la victime éclate de rire, rejetant sa tête en arrière dans un réflexe. Une larme roule sur sa joie, et il l'essuie avec la manche de son haut. Toujours pris de pouffements, il secoue la tête, comme s'il n'arrivait pas à y croire.

— Oh putain, souffle-t-il en essuyant ses yeux. Exactement comme dans les films. C'est génial.

Le flic lâche un rire et passa une main dans ses cheveux. Il ne s'attendait pas à ce que Yoongi le prenne comme de cette manière.

— Tu as voulu m'aider, pas vrai ? fait le jeune homme. Le flic qui veut sauver le voleur. Une sorte de conte de fée des temps modernes.

— Je n'ai pas réussi à te protéger, murmure Hoseok en baissant la tête.

— Quand une personne ne veut pas être sauvée, on ne peut rien faire pour elle, dit l'autre d'une voix douce. Tu n'as pas à t'en vouloir.

— Je ne veux pas que tu retournes à ta vie pathétique. Je veux que tu sois heureux.

Yoongi s'approche de Hoseok et passe une main sur sa joue avec toute la douceur dont il est capable, les yeux tendres.

— Alors rends-moi heureux.