chapitre 1: incompréhension

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Quand le monde perd la raison il n'y a plus lieu de chercher à le raisonner.

Ce matin 31 août 2020 je suis sortie de la cité universitaire pour aller en cours, vu que je suis la seule à faire médecine dans notre chambre à Bastos nos emplois du temps sont totalement différents, elles ont de la chance de pouvoir faire la grasse matinée, une ennuyeuse journée de cours va commencer j'espère que je pourrais voir mes amis du club ce soir.
J'enchaîne les cour l'un après l'autre, mine de rien c'est difficile de rester concentrée avec toute ces personnes entrain de tousser dans leurs bavettes,
A midi, une fois mes longs et laborieux cours de la matinée finis je sort voir Samo devant l'entrée de biomed, elle est assise sur un banc avec une autre fille, c'est bizarre elle a l'air plus âgée que nous mais elle est ravissante :
-salut Sam t'as fini ton cours à l'avance apparemment.
-non je l'ai tout bonnement zappé hihi, tiens je te présente Amira!
-enchantée amira moi c'est Dyhia, t'es étudiante en quelle année?
-je suis résidente en fait, repondit calmement Amira, je suis en neurologie, je vais juste reprendre après que j'ai bloqué l'année ya 2 ans.
-intéressant tout ça.
C'en est suivi une longue discussion où l'on a beaucoup échangé de tout et n'importe quoi, tout de même cette Amira m'a semblé très évasive et mystérieuse, dans le doute je vais faire attention à ne pas trop m'étaler avec elle.
En fin de soirée en plein cours de microbiologie un premier téléphone sonne..
Puis un deuxième ...et un troisième l'amphithéâtre a commencé à se vider et les personnes ont commencé a sortir d'un coup alors que le prof lui était entrain de crier au non respect de sa personne!
C'était avant que son propre vieux téléphone téléphone des années 2010 ne commence a sonner aussi.

Depuis plusieurs jours de la rentrée le nombre de cas avait explosé dans la wilaya.
Les chiffres étaient en une semaine devenus ahurissants, mais les étudiants étant jeune étaient très peu malades vu leur jeune âge moyen, seuls quelques très rares cas ont atteint un niveau grave chez les étudiants ; l'université toute entière était devenue un énorme cluster de porteurs sains c'était surtout la situation de tout le reste de la population qui était très alarmente, dès que tout ces étudiants qui étaient restée à la fac allaient rentrer chez eux, le virus allait se propager partout et d'un coup un seul, le problème étant que les chiffres officiels étaient délibérément sous estimés, personne ne connaissais la réele ampleur du désastre, la situation allait d'un coup prendre une tournure cauchemardesque.

J'ai moi aussi sorti mon smartphone et j'ai ouvert Facebook, les bulles de messages ont d'un coup bloqué mon téléphone j'ai dû attendre quelque minutes, je commence a lire les nouvelles :
Pour cause de la soudaine augmentation des cas le gouvernement a décidé que tous les étudiants de toutes les universités du pays allaient être confinés dans les cités résidentielles à partir de minuit de la même date.
Tout étudiant qui se retrouvera en dehors de ses territoires y sera mené de force !
Toute tentative de fuite sera considérée comme une tentative de propagation volontaire de la maladie...

Je ne savait plus quoi penser, la décision du gouvernement avait l'air idiote et complètement débile comme à l'habitude, il était clair que je devais au plus vite rentrer à la cité et que je devais acheter des affaires pour tenir au moin 15 jours, naïvement je n'ai pris que le matériel à utilisation et aucun produit alimentaire,
Je m'étais bêtement dite que si l'on nous met en quarantaine isolé et interdite de sorties ils allaient au moin nous fournir de la nourriture...

A la fin de mes course en hâte et après un combat acharné dans les boutiques avec d'autres étudiants pour de simples achats,

Certains d'entre eux se battaient pour le dernier paquet de cigarettes... avec le temps je me dis qu'ils avaient sûrement du comprendre la situation et les enjeux plus vite que moi.

J'ai couru vers ma chambre, à ma plus grande surprise une de mes amies dormait encore et elle était toujours dans son pyjama à fleur habituel, Manel était étudiante en biologie et c'était une fille très perspicace et plus maligne que moi quand il s'agissait d'anticiper les choses, elle était aussi membre du comité de son département.

Je l'ai réveillé en hâte, pleine de bave elle n'a d'abord rien compris a mon charabia, le stress me rendait incapable de parler normalement, une fois bien réveillée et un minimum de calme revenu je lui explique ce que j'ai lu et lui dit le gros de la situation,
Moi même j'était mal informée et je n'étais pas vraiment au courant de ce qui se passait réellement étant éloignée de cette sphère médiatique et politique au profi de mes études, Manel était choquée et complètement désemparée, d'un coup ces informations ont eu l'effet d'un billard dans sa tête.
Elle s'est mise à m'expliquer les implications de la situation que nous étions en train de vivre d'une voix apeurée et je n'ai rien fait de plus qu'ouvrir la bouche et et m'exclamer :
-Bordel j'avais pas pensé à ça en faisant mes courses moi !
-t'as pris quoi avec toi ? De la nourriture au moins?
-non juste des produits hygiéniques et des médicaments car manger à la cité pourrait nous rendre malades...
-tu comprends rien à rien toi ! La cité ne pourra jamais nourire l'intégralité des étudiantes de bastos tous les jour de manière décente, et encore moins si tout ça dure plusieurs semaines ou plusieurs mois ! Rajoute à ça les étudiantes non résidantes qui vont très probablement être redistribuées sur les chambres déjà remplies !
-j'ai encore assez d'argent pour acheter des conserves et des gâteaux, on a le temps avant minuit on peux encore sortir pour faire des provisions.
-t'as raison mais dehors ça doit être la huée je doute que l'on puisse avoir quoi que ce soit.
Encore moins si ça doit nous tenir plus d'un mois, je crois que j'ai une idée mais l'on doit faire vite ! Tu sais où sont les autres?
- normalement Samia n'est pas encore rentrée je l'ai vu ce matin, quant à Nourhan et Lamia elles sont toujours à tamda normalement elle avait examens ce matin ! C'est bizarre elle aurait du être rentrée.
- on verra pour elles plus tard, elles doivent sûrement aller bien mais ça va être difficile pour elles de revenir, pour le moment aide moi à barricader la porte il faut qu'on sorte et vu la situation on sera contentes de ne pas se faire voler ce qu'on a déjà dans la chambre et j'espère que Sam aura plus de jugeote que toi et surtout plus de chance !
- d'accord.

Nous avions peur mais nous ne nous doution pas de la scènene digne de films qui s'est offerte à nous, des hélicoptères qui approchaient de loin, des blindés militaires à perte de vue, des hommes en train d'encercler la cité, le portail s'était transformé en véritable porte de prison et elle allait se refermer à minuit...
-suis moi on doit très vite y aller je t'explique en route!
Dit Manel avec un accent purement kabyle, la peur lui a fait perdre son accent français si parfait de d'habitude.
-d'accord je te suis.

Et là a réellement commencé le premier jour de nos 3 mois de détention en quarantaine.

ReconfinementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant