Colère

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As-tu vu ton peuple, Dieu ?
Ce peuple aux actes odieux.
Ce peuple d'ingratitude,
D'hypocrisie, d'inquiétude.
As-tu vu ces hommes naïfs
Qui vivent au pays fictif ?
Innocents coupables
Aux larmes déplorables
Devant le regard des insouciants
Aux cœurs en or et en diamant.
La raison est devenue lasse,
Elle souffre, elle suffoque, hélas !
Que dire si ce n'est pitié
À ces hommes opprimés ?
Ô pays ! Ce pays à la paix mensongère
Comme des vivants au cimetière.
Le pouvoir vaut mieux que la dignité,
Le métal domine maintenant la pensée.
Ô ces hommes aux costumes noirs
Qui dupent par leurs poires !
Ils surpassent les pauvres dominés
Et les utilisent sans pitié.
Ils les trempent dans la mer salée
En leur disant qu'elle est sucrée.
Ils les font croire à la merveille
Qu'ils attendent jusqu'au sommeil.
Dans cette forêt, tout est de fer,
Tout est dur comme dans l'enfer.
Seuls les intérêts priment sur la vie
Des impuissants sans avis.
Dans chaque bus il faut un chauffeur
Mais chauffeur de cœur
Qui prend en compte les passagers
Et leurs envies et leurs paniers.
Certes, ce peuple est dirigé
Mais il n'est ni satisfait ni aimé.
Sa richesse fait sortir ses larmes
Et rend fragiles toutes ses armes.
Ô ces profiteurs rhétoriques !
N'ont-ils pas un pouvoir magique ?
Ou c'est le peuple qui est aveugle
Devant cette énorme meule ?
Ces vieillards vont bientôt mourir
Et ces jeunes sont sans avenir.
Pourquoi ils déambulent dans la rue
Portant le nom d'enfants de la rue ?
La rue enfante t-elle ?
Ô quelle manque de cervelle !
Ils s'abadent le matin dès l'aube,
Ils souffrent comme dans la jaube.
Leurs vêtements mis en lambeaux
Comme le cadavre dans son tombeau.
Innocents dans un bagne,
Il suent mais jamais ne gagnent.
Dieu, as-tu vu tes orphelins
Dans la gueule de ces requins ?
Ils marchent malgré la chaleur,
Ils apprennent tout par cœur,
Ils sont partout et nul part,
Ils courent comme des léopards
Pour se planter devant les portes
Et parfois la glace les emporte.
Ils pleurent et boivent leurs sueurs
Jamais ils ne savent ce qu'est le bonheur.
Ah ! Comme la vie est injuste !
Bien ou mal, tout est, pour eux, juste.
Mais il est temps de soulever cette voile
Pour que, enfin, tout se dévoile.
Il est temps de réveiller les vérités.
Il est grand temps de parler.
Parler pour les pauvres
Qui pleurent seuls dans l'ombre,
Parler pour les malades mentaux
Oubliés et rangés sous les carreaux.
Parler pour les sans voix
Qui vivent l'injustice sous les bois,
Parler pour le délinquant du quartier
Formé par l'État qui le laisse sans débouché,
Parler enfin pour la population
Blessée par la manipulation.
Oh ! Qui aurait pu croire
Que ce peuple de valeurs, de gloire,
Ce peuple au passé fascinant
Serait si déboussolé et si insouciant ?
La vérité vaut moins que le mensonge
Soutenu par les dieux des songes.
Quel prophète pour guider
Ces hommes misérablement aveuglés ?

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