Antoine ne sait pas écrire proprement. Il essaie pourtant. Il tire la langue, fronce les sourcils, mais rien n'y fait. Les taches d'encre et les ratures s'accumulent, les mots ne veulent pas rester sur les lignes. C'est important tout de même de pouvoir être relu. Cette phrase il l'entend à longueur de journées. Mais ce qu'il veut, lui, surtout c'est pouvoir écrire de belles lettres à Chloé. Elle sent la vanille, et met de drôles de barrettes dans ses cheveux.
Bien conscient de la difficulté qui se dresse devant lui, Antoine, désarmé, s'imagine alors en dompteur de petites bêtes, dressées à remplir des pages d'écriture à sa place.
Mais quelles petites bêtes choisir ?
Des mouches ?
Mais oui, bien sûr ! Les mouches, on en trouve partout, elles le suivraient en volant autour de lui, mais par contre, leurs petites pattes formeraient des lettres illisibles et minuscules remplissant ses cahiers de véritables « pattes de mouches » ...
Des fourmis ?
Quelle bonne idée !!! Une colonie de ces petits insectes pourrait noircir ses cahiers en dix minutes !!! Cependant, elles sont tellement actives et nombreuses que tous les murs de la classe seraient remplis d'écriture ...
Des araignées ?
Hmmmm, pourquoi pas ? L'araignée aux grandes pattes agiles a beaucoup d'atouts, mais hélas, le cartable d'Antoine serait rapidement recouvert de toiles collantes et repoussantes ...
Des escargots ?
Excellente proposition !!! L'escargot tellement lent s'attrape facilement, il pourrait en attraper une cinquantaine par jour de pluie, mais l'encre de son stylo ne tiendrait pas sur ses cahiers dégoulinants de bave ...
Des papillons ?
Oui, ce serait génial !!! Les papillons sont si légers qu'ils n'alourdiraient pas son cartable, néanmoins ces petits insectes au vol libre et imprévisible écriraient au gré de leur fantaisie des lettres imaginaires et farfelues impossibles à déchiffrer ...
Tout à ses pensées, Antoine attrape un feutre et laisse sa main vagabonder sur une feuille blanche. Elle se met à dessiner de magnifiques volutes, des ronds, des traits dans tous les sens. Quel bonheur de voir sa main s'amuser ainsi.
Malgré tout, par moments sa main se cabre, se crispe et se bloque. Il marque alors un temps d'arrêt, respire calmement, fait quelques mouvements d'assouplissement et avec douceur il parvient à la remettre en marche pour terminer son dessin.
Il se dit alors : « mais finalement, c'est ma main que je suis en train d'apprivoiser ! ça va prendre encore un peu de temps, j'ai l'impression, mais ce n'est pas grave ... Je ferai patienter Chloé avec de jolis dessins !!! »
Isabelle Bernard (texte et illustrations; A retrouver également sur le site millecoulire.fr; page Facebook : Isabelle BRD)
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Antoine n'arrive pas à écrire proprement
Historia CortaUne petite histoire à destination des plus jeunes pour encourager les enfants qui rencontrent des difficultés pour écrire. Antoine imagine des subterfuges pour parvenir à écrire de belles lettres à son amoureuse.