Amour Interdit

Commencement

Un bruit de talon résonnait le long du couloir.
Deux hommes tenaient grâce à une clé de bras, un jeune asiatique, agenouillé au sol, du sang coulant de sa tempe.

Ses assaillants, un blond au corps fin et au visage à moitié brûlé ainsi qu'un noiraud dont une mèche lactescente tombait délicatement sur ses yeux, ressérèrent leur prise en entendant leur chef arriver, sous les gémissements de leur captif.

Les bruits de pas se stoppèrent alors que la jeune femme s'accroupit devant son prisonnier, un sourire mauvais venant ternir les traits fins de visage.

C'était une femme d'une beauté que l'on croise rarement au cours de sa vie. Une longue chevelure blonde ondulée et ramassée en un chignon décoiffé dont quelques mèches retombaient gracieusement autour de l'ovale pâle qu'était son visage.
Ses yeux d'un bleu clair, presque livide scrutaient attentivement le minois de l'asiatique face à elle.

Elle redressa lentement une main pour venir caresser la joue du jeune homme avant d'enfin prendre la parole après de longues minutes de silence angoissant.

- Vous n'êtes vraiment que des idiots...

Sa douce voix était calme et posée en dépit des mots tranchants qu'elle glissait. Elle ne parlait pas dans sa langue d'origine, mais bien en japonais pour que l'étranger comprenne chacune de ses paroles

Elle marqua une nouvelle pause et laissa son doigt effleurer délicatement la tempe sanglante du blessé pour ensuite y admirer l'hémoglobine recueillie sur les extrémités de sa main, venant ensuite l'essuyer sur sa robe noire, moulante, avec une mine de dégoût.

- Il pensait donc que je ne remarquerai pas qu'un traître se trouvait dans mes rangs... Vous êtes si naïf... Je pense que vous n'avez pas conscience de la personne à qui vous vous en prenez.

Elle se redressa enfin, réajustant son vêtement et l'époussetant de saletés visibles seulement par elle.

Redressant une partie de sa robe au dessus de sa cuisse, elle en sortit un petit poignard ainsi qu'un papier.

D'un mouvement du menton, elle ordonna à ses collègues de relever l'intru et se rapprocha de lui, promenant la lame sur sa mâchoire alors qu'elle sentait le souffle paniqué du japonais s'écraser sur son visage si pur.

- Dit à ton patron d'arrêter ses conneries, sinon je me verrais contrainte d'aller lui régler son compte par moi même..

Chuchota-t-elle en glissant la lettre dans l'une des poches vides de l'ennemi.

Celui-ci n'en menait pas large et, malgré la haine l'animant, il devait faire profil bas afin de ne pas y laisser sa peau.
Il hocha la tête alors que la blonde, satisfaite, sourit et déposa un baiser sur sa joue.

- Parfait... Débarrassez vous de lui, je n'en ai plus besoin.

Les deux hommes tenant le prisonnier acquiescèrent en silence et se retournèrent pour emporter le japonais loin d'ici.

La jeune femme reprit le chemin qu'elle avait emprunté précédemment avec cet indécollable sourire satisfait.
Elle savait que ce garçon voulait l'étriper, mais cette position de supériorité la comblait au plus haut point.
Il allait bientôt recevoir un message rempli de délicats mots écrits par ses soins, le prévenant que s'il continuait de fouiller dans ses affaires, elle viendrait personnellement s'occuper de son cas.

Finnigan était satisfaite de cette journée pleine d'action et loin d'être ennuyante. Détachant enfin ses cheveux en secouant la tête, elle rejoignit le salon de la bâtisse, quittant les sous-sols où ses claquements de talon résonnaient encore.