C'était une nuit de pleine lune. L'astre géant luisait doucement sur la peau de Marnie.
De part la vision qu'elle avait du ciel aux milles étoiles, la petite fille conclut qu'elle était allongée sur le dos.
Une brise glacée la fit frissonner. Ses pieds nus la brûlaient. Le hululement d'une chouette et les croassements en chœur de quelques grenouilles brisaient le silence nocturne.
Marnie essaya de se redresser mais en fut incapable, comme si elle avait fusionné avec le sol engloutissant ses pensées tel une mâchoire diabolique.
La panique commençait à monter, l'œil céleste qui la fixait de son blanc disparate semblait désormais compresser son petit corps lui brisant le souffle déjà fébrile. Sa vue se brouilla.
Marnie avait peur. Ce n'était pas une peur gentille comme quand Maman la gronde après une bêtise ou quand Filou, le gros matou du voisin, lui griffe la main après des caresses trop insistantes. Marnie avait peur. Mais c'était une peur méchante, comme quand elle fait un mauvais rêve qui la terrifie toute la journée suivante. Cette peur qu'elle ressentait était alors semblable à une centaine de cauchemars réunis en une seule et même nuit de pleine lune.Des doigts plus froids que la mort se posèrent soudainement sur ses tempes tambourinantes et Marnie aperçut une silhouette féminine, floue, et translucide se dresser au dessus d'elle. L'angoisse, la panique, la douleur et la peur obstruèrent ses pensées. Elle se surprit alors à admirer ce spectre d'un blanc immaculé, ses yeux emplis de larmes fixant les lèvres douces et angéliques de cette femme mystérieuse.
Étrangement, Marnie commençait à s'apaiser. Sa respiration diminua son tempo et ses membres cessèrent de trembler.
Dans le calme de la nuit, une étrange mélodie parvint à ses oreilles. Ce n'était pas une mélodie joyeuse ou triste, c'était plutôt... nostalgique. Marnie ne savait pas trop ce que ce cela signifiait mais elle avait déjà entendu Maman l'utiliser quand elle parlait de son prince charmant, plus beau qu'un dieu, venu d'une ville lointaine juste pour ses beaux yeux. Elle parlait aussi d'amour dans ces moments là. Marnie ne savait pas non plus ce qu'était l'amour mais Maman semblait heureuse en employant cet étrange mot. Alors du haut de ses cinq ans, Marnie était heureuse aussi. "Il reviendra, j'en suis sûre'' disait-elle en regardant au loin, les yeux pleins de "nostalgie".La Dame blanche, toujours penchée au dessus de la petite fille, ses doigts gelés toujours cloués sur ses tempes, se mit à murmurer dans une langue inconnue, tantôt finement rocailleuse, tantôt agressivement légère. La voix au départ lente et fluette s'accélera, devenant grave et sourde comme un loup essayant d'apprivoiser la parole. Le voile de la sérénité qui recouvrait Marnie s'envola sous l'orage de ces vers lugubres, laissant à nouveau place à cette peur méchante semblable à milles cauchemars.
Les ongles de la femme se plantèrent soudainement dans la peu de l'enfant, lui serrant la tête si fort entre des traînées de sang que son visage devint pourpre. La petite fille voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle n'entendait que la lointaine mélodie et les murmures stridents. Son corps se mit à convusler, une immense douleur envahit ses membres comme si sa vie avait une conscience propre et essayait de s'enfuir à tout prix de sa prison charnelle. Finalement, ses yeux se révulsèrent et l'obscurité la submergea.
Marnie se redressa en hurlant. Cette fois, sa voix s'expulsa de ses poumons aussi fort qu'elle le put. Son corps suait comme si elle venait de courir dans tout le village sans s'arrêter. Elle ouvrit les yeux et tut son cri. L'enfant reconnut sa chambre, calme et chaleureuse. Après quelques secondes, elle ne put se retenir plus longtemps et fondit en larmes.
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