Naissance 1/2

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Chapitre I : Naissance

Le soleil illuminait la pièce par les persiennes. Gontrin était assis là, sur le canapé. Enfin… assis était un euphémisme, il était plutôt avachi. Sur la table devant lui, étaient posés son pistolet et une bouteille de whisky passablement entamée. Notre homme venait de passer une nouvelle fin de semaine difficile.

C’était un beau lundi matin. Sept heures déjà… Gontrin était en retard pour donner son cours d’instruction aux jeunes gendarmes de Marseille. Il allait sans doute appeler pour l’annuler comme souvent ces derniers temps. Son état psychologique devenait inquiétant selon les dires du psychologue de la gendarmerie, qui l’avait eu en consultation d’office, il y a de ça quelques semaines.

Il venait d’être intégré au GIGN après cinq ans de bons et loyaux services au 2ème Régiment étranger de parachutistes de Calvi. Après la Légion étrangère et les missions en Afrique pour le compte de l’armée française, les images qui parcouraient sans cesse son esprit n’étaient certes pas des plus joyeuses. Ces nuits de beuveries était pour Gontrin comme un exutoire, un moyen pour lui de laisser son esprit s’évader quelques heures ou quelques jours, ça dépendait de l’humeur.

Il regardait son Smith & Wesson, un calibre 45ACP, avec insistance. Il repensait à l’un de ses amis, Jean-François Dello Rosso lui disant : « J'ai une fois eu une vraie opportunité d'en finir. Pendant mes classes. A l’époque, je déprimais pas mal pour diverses raisons dont je ne me souviens même plus.  J'étais chauffeur d'un sergent qui avait son pistolet automatique attaché à son ceinturon et un chargeur. Il est allé pisser pendant une manœuvre. Je suis donc resté deux minutes seul  avec le  avec le P.A. dans les mains. Le sergent m'avait dit : "Dello Rosso, je peux vous laisser le ceinturon, vous n’allez pas vous tirer une balle ?!" Bon, il l'avait dit en plaisantant mais j'ai pas pu m'empêcher d'y penser. Et ces deux minutes m’ont paru sacrément longues… »

Cette fois pas de ceinturon mais seulement l’arme, il n’avait plus qu’à appuyer sur la détente. Un geste rapide…

Il plaça l’arme sur sa tempe une fois puis une autre fois et la reposa dans la paume de sa main. Il la regardait fixement. Il avait le doigt sur la détente. C’était pour lui devenu monnaie courante d’avoir des idées suicidaires. Alors que son esprit s’évadait une nouvelle fois vers d’autres pensées, le téléphone sonna, le ramenant brusquement à la réalité.  Il tourna la tête vers l’appareil et mit quelques secondes avant de tendre le bras et de le saisir.

Brigade d'Enquêtes CorsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant