Les Terres Reculées - I - Le monolithe noir [Terminé]

Chapitre 13 - 2

Klam était épuisé, voilà presque deux semaines qu'il était à la tête des opérations d'accueil des réfugiés. C'était compliqué, bien plus compliqué que prévu. La zone d'accueil avait été agrandie pour recevoir plus de mille cinq cent personnes. Des petits camps avaient fleuri de l'autre côté de la frontière. Les autorités locales avaient heureusement trouvé des gens compétents, du crieur public, au bâtisseur, au cuisinier pour préparer un repas quotidien. Des volontaires étaient venus de la région et même d'ailleurs pour prêter main forte. Des vivres, du bois et des renforts de troupes étaient acheminés depuis Kerdrik la capitale de l'enclave de Yourhia, mais aussi depuis l'An Der Merkt. Des religieux étaient même venus pour s'occuper des plus pauvres et des malades.

La chaîne d'accueil était dure à gérer. Klam n'avait pas une minute à lui. Oul patrouillait, traquait les voleurs et les bandits. Ces compétences martiales exceptionnelles pour un petit délinquant lambda, l'avait rendu presque aussi dissuasive que la garde. Si bien, qu'elle avait un statut particulier chez les réfugiers. Ca ne lui plaisait pas plus que ça, mais elle évitait le gros de la foule. Delili s'était portée volontaire pour servir ou porter des repas à l'extérieur avec des jeunes gens du village.

Bizarrement, c'était elle qui était la plus heureuse dans son rôle. Son débordement d'énergie et son caractère épineux s'étaient assagis au contact de toutes ces personnes. Elle apportait des repas chaud et recevait énormément de sourires et de remerciements, elle n'en n'avait pas l'habitude. On vantait ses qualités sans qu'elle ait à le demander. Elle s'était même fait quelques amis parmi des enfants et adolescents qui aidaient à la tâche. Ce qui la rendait très fière, c'est qu'elle n'était plus pour tout le monde la petite fille qui accompagne les deux spécialistes, mais bien l'une des trois spécialistes d'Arkovir.

Le soir, les trois spécialistes parcouraient le campement de fortune à la recherche de nouveaux éléments vis-à-vis de leur mission et de la découverte du mal qui agitait les contrées de l'empire.
Jusqu'à présent il y avait surtout des paysans de l'Ouest et du Nord de l'empire qui parlaient toujours de terres agricoles saccagées, d'animaux et d'êtres anormalement hostiles. Tout indiquait que la nature se retournait de façon invraisemblable contre la population. Mais depuis quelques jours des gens de l'Est du pays arrivaient. Ils donnaient un nouvel éclairage sur la situation, les elfes s'étaient levés contre l'empire. Et l'armée répondait par de violentes contre-offensives. Quand les spécialistes s'en retournèrent chez eux, ils en discutèrent sur le chemin.

- Oul, je te dis ce que j'ai entendu. Ce sont les elfes qui attaquent à coup de flèches et l'armée qui répond par la force, pas l'inverse.

- Guide, je te dis que c'est impossible, les elfes sont des créatures des bois inoffensives, à quelques très rares exceptions. Ils n'interviennent que rarement dans les affaires des autres êtres. Ils sont connus pour leur immobilisme. S'ils agissent en groupe de manière hostile c'est qu'il y a un vrai problème.

- Bin j'ai une femme qui m'a parlé d'arbres qui se réveillaient et marchaient sur les terres, qu'ils détruisaient les granges et les silos. Ajouta Delili.

Oul s'interrompit devant la gravité de la situation, tout cela l'interpelait. Quelque chose clochait, les réfugiés n'avaient pas l'air de mentir. Mais les actions d'autant de créatures souvent absentes des affaires du monde indiquaient un changement profond. Il lui manquait des éléments.

- Klam, je te le redis c'est impossible, c'est trop vaste pour être l'action de quelques elfes mécontents et de quelques êtres sylvains isolés. Cela à l'air coordonné et dirigé sur les habitants de l'empire. Et si les paysans ont l'air d'être attaqué chez eux, que peuvent-ils savoir des actions dans le reste du pays. Ils ne mentent pas en disant qu'ils sont attaqués dans leur village et que l'armée vient à leur secours. Mais ce qui est vrai à l'échelle d'un homme et d'un petit village, n'est pas la vérité du conflit.