29 juillet :
Alan :
Je cours. Comme je n'ai encore jamais couru. Je serai même capable de battre Usain Bolt si je le voulais. Mais c'est rien comparé à Benjamin... Je ne l'avais encore jamais vu aller aussi vite. En général, il s'écroule au bout de dix mètres avec des quintes de toux à lui arracher les poumons avec deux points de côtés. Là, rien ne semble pouvoir l'arrêter. Et, je sais très bien pourquoi on est capable de tenir aussi longtemps tous les deux.
On a peur. Moi pour lui. Et lui à cause de ce qu'il est devenu. Mon meilleur ami est devenu un vénérien. Autrement dit, sa vie ne sera plus jamais la même. Tout comme pour toutes les personnes qui le connaissent. Dans peu de temps, il va y avoir beaucoup de chambardements. On devra tous faire un choix vis à vis de lui. L'abandonner. Ou le soutenir. Moi, je sais déjà où me situer. Et c'est pour ça que je cours comme un débile derrière lui. Même s'il semble pas s'en rendre compte...
J'essaierai bien de crier pour qu'il s'arrête de courir, mais j'ai déjà un mal de chien à respirer. Penser à arrêter la cigarette... Au lieu de ça, je le suis. Du mieux que je peux. Je suis même pas certain qu'on suive un chemin logique. Ni même s'il sait seulement où il va. J'arrive seulement à reconnaître certaines rues. Et surtout, je me rends compte que j'ai de plus en plus de mal à le suivre. Les rues qu'il emprunte sont en train de monter. Pourtant, ça n'a pas l'air de le déranger. Pas du tout même.
Sa vitesse n'a pas diminué. Et sa peur non plus visiblement. Je suis même certain qu'il serait capable d'aller jusqu'à Aix-en-Provence comme ça... Je ne sais pas depuis combien de temps on coure tous les deux, mais je commence à fatiguer. Et, alors qu'il s'engage dans une montée le menant à la montagne de Lure, je m'arrête subitement. Je dois reprendre mon souffle. Si je le fais pas, je m'écroule. Du regard, j'arrive à le suivre alors que j'essaye tant bien que mal de respirer.
Il fait une chaleur à crever. Et il coure toujours. À toutes jambes. Rien ne semble pouvoir l'arrêter. Quand il disparaît de ma vue, je me remets en route. Avec un peu de chance, il s'arrêtera lui aussi. Et je serai capable de le rattraper. J'espère en tout cas... C'est quand je regarde autour de moi que je me rends enfin compte où je suis. Nous sommes en train de grimper la montagne de Lure. Ce qui ne veut dire qu'une chose... Il se rend au seul endroit où il se sentira en toute sécurité. Son sanctuaire comme il l'appelle. L'endroit le plus tranquille qu'il connaisse. Et que, par chance, j'ai déjà vu.
L'ennui, c'est que c'est loin. Très. Trop. Et que la chaleur ne va pas m'aider à arriver jusque là. Tout en haut de cette montagne de merde que je vais avoir un mal de chien à grimper du haut de mes petits mollets...
— Putain ?! Pourquoi y'a fallu que tu montes jusque là haut ?
Louane :
Je pensais avoir tout vu dans ma vie. Mais là, on a vraiment touché le pompon... Un vénérien. Dans notre village paumé. Si on m'avait dit ça un jour, j'aurai éclaté de rire. Y se passe jamais rien dans ce bled. Là, la nouvelle va faire l'effet d'une bombe pour tout le village. Le sujet de toutes les conversations.
Ce qui me fait peur, c'est que je vais y être mêlée. Comme Mathys. On s'est approché très près de ce gus. Ma sœur beaucoup plus. Et, c'est ça qui m'inquiète le plus. Les ragots vont très vite dans ce village. Il va pas falloir beaucoup de temps avant que nos parents soient au courant qu'on était présentes sur les lieux du crime. On va avoir droit à tout un tas de questions. Sûrement toutes plus débiles les unes que les autres. Et, plus préoccupant encore, j'ai peur pour ma sœur. Parce-que je sais très qui ce mec regardait avant de devenir un vénérien. Il regardait Mathys. Et, j'ai peur qu'il soit devenu un vénérien pour elle...
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Le Syndrome de Vénus: Étoiles Naissantes
RomanceLe syndrome de Vénus désigne un sentiment intense d'affection et d'attachement envers un être vivant. Il se caractérise par un lien psychique entre ces deux êtres vivants (ou télépathie). Les principaux symptômes physiques sont la présence d'une bru...